La Cinémathèque Française au printemps 2016

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La Cinémathèque Française a désormais un nouveau directeur général : Frédéric Bonnaud, qui succède à Serge Toubiana. La transition s’est faite sous le signe de la continuité, même si le nouveau maître des lieux n’a pas vraiment convaincu jusqu’à présent dans sa gestion d’une crise sociale autour du statut et des conditions de travail du personnel d’accueil, héritée de son prédécesseur. Côté films, le programme du premier trimestre 2016, de mars à mai, promet cependant une fois de plus une sélection riche et éclectique, marquée par l’exposition autour de Gus Van Sant et sept autres cycles en guise d’hommage aux monstres sacrés de la planète cinéma.

GusVanSant

La pièce de résistance de ce début d’année est bien sûr l’exposition consacrée à Gus Van Sant (*1952), qui ouvrira ses portes rue de Bercy le 13 avril et y sera visible jusqu’à l’été, le 31 juillet pour être précis. Conçue par le commissaire de l’exposition Matthieu Orléan sous le titre « Gus Van Sant / Icônes », elle invite à une déambulation autour de ses œuvres filmiques et plastiques, ainsi qu’à une mise en perspective par le biais de ses collaborations avec des artistes aussi divers que l’écrivain William S. Borroughs, les photographes William Eggleston et Bruce Weber et le chanteur David Bowie. Les quinze longs-métrages du réalisateur seront montrés au cours d’une rétrospective du 13 avril au 25 mai, parmi lesquels on vous conseille par exemple Mala noche, My own private Idaho et Elephant (Palme d’or à Cannes en 2003). Une carte blanche permettra de voir dix films qui ont inspiré son œuvre, comme Les Anges déchus de Wong Kar-Wai, Des gens comme les autres de Robert Redford et The Tree of life de Terrence Malick. Le dernier film en date de Gus Van Sant, La Forêt des songes, très fraîchement accueilli au dernier festival de Cannes et jusqu’à présent inédit en France, ne fera par contre pas partie de la programmation. Le réalisateur sera présent le jeudi 14 avril pour une master class et signera ensuite le catalogue de l’exposition. Enfin, il s’agit déjà de la deuxième rétrospective à la Cinémathèque Française consacrée au cinéaste de Portland, après celle qui y a eu lieu à l’automne 2007.

HouHsiaoHsien

Six semaines avant ce cycle sous le signe du cinéma indépendant américain, c’est un réalisateur au style encore plus épuré et inspiré d’une culture très différente qui élira domicile à la Cinémathèque Française. Acclamé au dernier festival de Cannes, où il a reçu le prix de la mise en scène pour The Assassin – sortie française le 9 mars – , le Taïwanais Hou Hsiao-hsien (*1947) sera mis à l’honneur à travers une rétrospective de ses près de vingt films. Une figure importante de la Nouvelle Vague de son pays depuis les années 1980, le réalisateur s’était imposé sur la scène internationale grâce à La Cité des douleurs (Lion d’or à Venise en 1989), Goodbye South Goodbye, Les Fleurs de Shanghai et Millennium Mambo. Cinq des films issus des débuts de sa carrière ressortiront en salles cet été, avant une sortie en vidéo à la fin de l’année. Le réalisateur français Olivier Assayas viendra lui rendre hommage lors de la projection de son documentaire HHH Un portrait de Hou Hsiao-hsien le samedi 12 mars. Enfin, Hou Hsiao-hsien lui-même était de passage à la Cinémathèque Française mercredi dernier, pour y présenter The Assassin et participer à un dialogue avec le directeur de la programmation Jean-François Rauger.

JeanGabin

Les films de deux acteurs français de légende rythmeront les mois d’avril et de mai, à commencer par ceux de Jean Gabin (1904-1976). Comme ce fut le cas pour Gérard Depardieu, dont le cycle s’achève ces jours-ci, la carrière du monstre sacré du cinéma français des années 1930 jusqu’aux années ’70 sera déclinée à travers cinquante films, dont certains vont être projetés en version restaurée. Du 16 mars jusqu’au 30 mai, les spectateurs de la Cinémathèque Française pourront donc revoir Jean Gabin dans ses collaborations mythiques avec Jacques Becker (Touchez pas au grisbi), Marcel Carné (Le Quai des brumes et Le Jour se lève), Henri Decoin (La Vérité sur bébé Donge et Razzia sur la chnouf), Julien Duvivier (La Bandera, Pépé le Moko et Voici le temps des assassins), Jean Grémillon (Gueule d’amour et Remorques), Jean Renoir (Les Bas fonds, La Grande illusion, La Bête humaine et French Cancan) et Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol et Le Clan des Siciliens). Trois conférences par la critique Murielle Joudet, en partenariat avec l’Université permanente de la Ville de Paris, analyseront le parcours de Gabin, à travers ses collaborations avec Grémillon et Renoir, ainsi qu’au moment de l’évolution majeure de son personnage dans Touchez pas au grisbi.

PierreRichard

Pierre Richard (*1934) était le roi de la comédie burlesque dans le cinéma français des années ’70 et ’80. Son personnage maladroit et gaffeur lui aura collé à la peau dans des classiques populaires comme Le Grand blond avec une chaussure noire et Le Retour du grand blond de Yves Robert, Le Coup du parapluie de Gérard Oury, ainsi que La Chèvre, Les Compères et Les Fugitifs de Francis Veber. Il a également réalisé plusieurs films, tels Le Distrait et Je suis timide mais je me soigne. Une carte blanche en cinq films permettra de mieux connaître les références de Pierre Richard que sont Jacques Tati (Mon oncle), Danny Kaye (Up in arms), Mel Brooks (La Dernière folie de Mel Brooks) et plus récemment Bruno Podalydès (Comme un avion). L’acteur viendra à la rencontre du public le samedi 9 avril lors d’un dialogue avec le responsable de la programmation Bernard Payen et signera ensuite à la librairie de la Cinémathèque Française son livre « Je sais rien, mais je dirai tout » paru en mai 2015.

RaoulRuiz

Il faudra deux mois, du 30 mars au 30 mai, pour venir à bout de la filmographie foisonnante du réalisateur chilien Raoul Ruiz (1941-2011). Connu en France surtout à partir du milieu des années 1990, grâce à des films comme Trois vies et une seule mort avec Marcello Mastroianni, Généalogies d’un crime avec Catherine Deneuve et l’adaptation de Marcel Proust Le Temps retrouvé avec Emmanuelle Béart et Pascal Greggory, Raoul Ruiz avait déjà créé de nombreux films au ton surréaliste auparavant, comme Les Trois couronnes du matelot en 1982. Deux ans plus tôt, il avait gagné le César du Meilleur Court-métrage de fiction pour Colloque de chiens, qui fera partie d’un des neuf programmes du cycle consacrés au format court. Lors d’une table ronde animée par Frédéric Bonnaud le samedi 2 avril, quelques anciens collaborateurs du réalisateur interviendront, comme l’acteur Melvil Poupaud, le scénariste Pascal Bonitzer, la monteuse Valeria Sarmiento, le compositeur Jorge Arriagada et le biographe Benoît Peeters. Son producteur Paulo Branco participera à un dialogue avec Gabriela Trujillo à l’issue de la projection du film-fleuve Les Mystères de Lisbonne le dimanche 3 avril.

MicheleRosier

Enfin, parmi les éléments moins imposants de la programmation, signalons la deuxième et dernière partie de la rétrospective Luigi Zampa pendant la première quinzaine du mois de mars, une intégrale de la réalisatrice française Michèle Rosier (*1930) début mai, une carte blanche à l’artiste français Jean-Michel Alberola (*1953) à l’occasion de l’exposition qui lui est dédiée au Palais de Tokyo, ainsi que les rendez-vous réguliers du lundi pour rattraper quelques titres récents comme Caprice de Emmanuel Mouret, Pauline s’arrache de Emilie Brisavoine et La Sapienza de Eugène Green, et ceux d’un vendredi sur deux ou trois du Cinéma Bis, qui rend entre autres hommage à Lucio Fulci et Christopher Lee. Le programme de l’été prochain s’annonce d’ores et déjà alléchant, avec des cycles consacrés aux réalisateurs hollywoodiens John Huston et Wes Craven et aux mélodrames français.

JeanMichelAlberola

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