House of Cards – saison 4

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Avant de me lancer dans cette nouvelle cuvée année 2016 de House of Cards, c’est l’inquiétude qui me rongeait : des rumeurs laissaient dire que la série s’essoufflait, que la « magie House of Cards » n’était plus là… je n’aurais pu me tromper plus… Plus d’un mois après sa réapparition, retour sur une série toujours où sommet.

Frank Underwood prépare sa réélection à la Présidence alors qu’en coulisses, une guerre froide s’installe entre lui et sa femme Claire, qui se relance dans une carrière politique de son côté.

house of cards saison 4 kevin spacey robin wright 01

La force de House of Cards a toujours reposé sur ses personnages, chacun apportant sa complexité et son histoire, et cette saison ne déroge pas à la règle. Kevin Spacey campe Frank Underwood pour la quatrième année de suite et est toujours aussi magistral. Face à lui, Robin Wright est glaçante, effrayante. Comme l’indique le synopsis de la saison, c’est un duel qui semble se préparer entre eux, et dans l’ombre, les autres personnages se disputent la moindre parcelle de pouvoir. Il y a les petits nouveaux : on appréciera de trouver Neve Campbell, éternelle Sidney Prescott de la saga Scream, qui cependant hérite d’un personnage moins intéressant que les autres. On espère la voir mieux développée dans la future saison. Un autre personnage apparaît, celui de Joel Kinnaman. Acteur en plein essor, jouant un rival politique à Underwood, il tire son épingle du jeu. Au fil des épisodes, ce rival, nommé Will Conway, se dévoile comme un personnage riche, intéressant. Les scènes entre Spacey et Kinnaman sont ainsi excellentes à regarder, leurs deux personnages créant des étincelles à l’écran.

Du côté des retours, on ne peut qu’adorer la relation toujours plus électrique entre Doug, bras droit fidèle à Frank avec un Michael Kelly toujours aussi épatant, et Seth, son rival de toujours, qui prend de l’importance et se joint à la grande bataille sur l’échiquier du pouvoir. On regrettera que certains acteurs, par nécessité scénaristique, tel Reg E. Cathey, jouant Freddy, notre cuistot préféré, ou encore Kim Dickens, excellente dans Gone Girl, ne fassent que de petites apparitions. Quel plaisir, cependant, de voir Sebastian Arcelus reprendre son rôle de Lucas Goodwin : il hérite ici de sa propre storyline, passionnante à regarder. Lars Mikkelsen, en président russe, montre encore une fois tout le talent de sa fratrie, en reprenant son rôle glacial qui atteint son apogée dans une scène de face à face avec Robin Wright. Car c’est bien l’un des aspects les plus passionnants de cette série : les dialogues sont toujours aussi captivants et les relations entre les personnages crédibles. Il en est de même pour les apartés d’Underwood, la marque de fabrique de House of Cards. Si l’on peut regretter de ne pas hériter, cette année, d’un aparté tel que le « Welcome back! », moment culte de la saison 2, impossible de ne pas apprécier ces moments où Underwood nous fait partager ses plus intimes secrets.

house of cards saison 4 kevin spacey

A l’heure où les séries se multiplient et où la qualité de celles-ci peut s’essouffler (Game of Thrones), voire disparaître (The Walking Dead), House of Cards, elle, reste au sommet. Cela passe notamment par la réalisation, toujours aussi élégante. Si la série est chapeautée par Beau Willimon, qui nous aura montré avec elle tout ses talents de showrunner, elle hérite sa réalisation atypique de son producteur et réalisateur de la saison 1, David Fincher. On trouve dans House of Cards tout ce qui fait le talent et la réalisation fincherienne. On retrouve avec plaisir cette caméra mouvante et sinueuse (première apparition de Sebastian Arcelus – grandiose – et cette caméra descendante) et ses gros plans ajustés au millimètre près. Toutefois, la série prend, avec la saison 4, de nouvelles directions, avec par exemple le moment hallucinant – que je ne dévoilerais pas ici ! – auquel se prête l’acteur Damian Young, nouveau venu dans la série, rompant avec l’atmosphère habituelle mais apportant un petit plus indéniable. La nouvelle saison se laisse également aller aux moments oniriques, avec des passages lents à l’ambiance irréelle, et aux désirs intimes des personnages, survenant de manière presque subliminale, rapide, dans le cours de l’épisode en question. Ces passages se comptent sur les doigts d’une main mais apporte à la série, non seulement un côté très rafraîchissant en lorgnant vers une réalisation nouvelle, mais également en livrant ses personnages à une folie et à une violence qui semblent les contaminer de plus en plus.

house of cards saison 4

Et qu’en est-il de l’histoire ? Celle-ci se révèle toujours aussi passionnante, riche en rebondissements. La saison pourrait être grossièrement coupée en deux, avec deux arcs narratifs distincts, chacun présentant une évolution entre les personnages et des personnages. Aussi, House of Cards, encore une fois, et comme le fait également la série Homeland, bien qu’avec beaucoup moins de subtilité, joue avec l’actualité et les événements mondiaux actuels. La série voit ses épisodes flirter du côté du terrorisme et de la Syrie, du radicalisme et de la peur qui peut être créée. Tout cela, elle le fait habilement. Elle n’hésite pas à questionner ce que tout cela implique, mettant notamment le personnage de Joel Kinnaman en lumière, ancien militaire et cautionnant l’interventionnisme américain face aux menaces. La série s’intéresse aussi à l’utilisation des réseaux sociaux et d’Internet et de son utilisation politique. Autant de thèmes intéressants qui servent la série, ses rebondissements et ses protagonistes, leurs manigances et leurs intrigues.

House of Cards continue sur sa lancée et s’affirme comme un des séries majeures de la décennie, avec une saison 4 magistrale et probablement la meilleure fin de saison de toute la série qui promet une saison 5 unique.

Underwood est toujours au sommet, donc, mais pour combien de temps ? Une saison 5 a été annoncée mais sans Beau Willimon à sa tête. Croisons les doigts ou plutôt, frappons du poing, en deux coups rapides, la table la plus proche. C’est, après tout, comme ça que notre homme politique préféré choisit de se porter chance. Gageons que cela nous portera chance aussi et fera de son retour en 2017, un retour gagnant.

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