Damages, saison 5, épisode 10

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Contre toute attente, le dernier épisode de Damages n’aura pas moins surpris par ses twists que par son manque de grandeur. Son plus grand défaut : ne pas être à la hauteur de la série puissante et cohérente qu’il clôt maladroitement.

Surprise ! Mauvais surprise. Si Damages avait habitué ses amateurs à faire de ses « Season Finale » des points culminants de la série (souvent enrobés de scènes poignantes, brillantes au point d’être devenues cultes) ; son « Series Finale » ne respectera pas la tradition.

Un échec difficile à excuser quand on sait ce dont les scénaristes sont capables. Et c’est peut-être bien là le problème.

La lourde pression de se surpasser sur les épaules, il y a fort à parier que les frères Kessler auront péché par excès, à vouloir trop en faire. A vouloir rendre le dernier épisode de leur série plus inoubliable et surprenant que jamais ; quitte à expérimenter, et se rater.

Sur la forme, déjà. S’il a été louable pour les auteurs de vouloir sortir de leur zone de confort, on ne peut pas s’empêcher de regretter le manque de simplicité du montage. Maladroit, il découpe l’épisode au rythme de la révélation du flashforward, sciant le final à la hache, sans valeur-ajoutée. Plaçant le téléspectateur dans une position rassurante, déjà capable de deviner quand la réponse lui sera donnée. Et la révélation finit par arriver, avec la dernière partie, sans surprise.

Un « Series Finale » qui n’est pas non plus exempt de défauts visuels. Sans s’attarder sur l’apparente superficialité de la Patty de l’épilogue, maquillée comme un camion volé ; il est inadmissible, pour la dernière scène de ponton (sûrement plus attendue qu’aucune autre), d’avoir été si mal réalisée. Une incrustation baveuse qui casse l’immersion. Les ficelles apparaissent à l’écran et on ne peut pas s’empêcher de penser que les actrices ont été posées là, sans soin, pour satisfaire le fan qui n’aurait pas supporté de ne pas revoir la maison de la plage. Du « fan service » mal délivré. Au goût d’autant plus amer que le discours, lui non plus, n’est pas des plus adroits.

Sur le fond, les scénaristes virent de cap un peu trop vite. Ellen – qui incarnait jusque là l’opposé d’une Patty prête à tout pour la victoire, cherchant simplement à mettre la grande avocate hors d’état de nuire – plonge du côté obscure de la force (dénonce l’ami de Chris et laisse Rutger se faire assassiner) : non plus pour contrer Patty Hewes (ce qui aurait été un dernier mal pour un bien) mais soit-disant pour le frisson de la victoire (qui plait tant à Patty et qu’Ellen n’a jamais cessé de regarder de haut). Un revirement qui se joue sur quelques lignes de dialogues seulement, à quelques minutes de la fin ; mais ternit grandement la morale de l’histoire, jusqu’à lui en souffler toute sa puissance, tout son sens.

Ellen ne sera pas restée cette avocate intègre jusqu’au bout, grande dans l’âme, qui aurait pu prouver à Patty – dans une plaidoirie enflammée – que les sacrifices n’en valent pas la chandelle et qu’il est possible de concilier vie de famille avec succès professionnel, tout en gardant la conscience tranquille. Comme le dernier tome d’Harry Potter a appris à des millions de lecteur qu’on peut préférer le bien à la facilité (pour le bonheur de tous).

Mais, non, l’affrontement n’a pas lieu. Dans cette histoire, Voldemort reste en vie ; et survit, avec lui, tout ce qu’il représente, comme s’il s’agissait d’une voie valide.

La jeune débutante, soudainement devenue cette gourmande qu’on n’arrête plus, suivra le chemin de son antagoniste pour réaliser, à son tour, qu’elle doit choisir entre le foyer et le tribunal. Patty gagne par défaut. Elle avait raison. Et, pour l’anecdote, Ellen finit par choisir la famille ; et alors ?

Une absence de morale que seul l’épilogue réussit à contre-balancer. Un regard, face caméra. Et si Patty Hewes regrettait son choix ? Une touche de subtilité un peu trop légère après des années à l’avoir vu jouir de sa puissance malgré la solitude.

Du côté des quelques bonnes idées : la résolution du flashforward séduit par toute la symbolique qui l’entoure (Ellen finit par vivre le souvenir qui a toujours hanté Patty) ; on n’enlèvera pas à la scène de Patty face à son père toute la force que Madame Glenn Close aura su insuffler à ce personnage (torturé, se délectant de la mort de son bourreau) ; et on appréciera l’ironie du sort qui fait que Patty – très indirectement – finit par tuer son deuxième enfant (des mains du tueur qu’elle avait engagé, poussé à se protéger du crime qu’elle lui avait demandé de commettre).

Puis on déplorera les absents. Quid des parents d’Ellen et de l’ascension de Patty à la Cour Suprême ? La série se termine sans fermer toutes les pistes ouvertes cette saison. Et préfère revenir, bien trop longtemps, sur les affres de Channing et ses sbires. Dommage.

Vraiment dommage.

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