Critique : suntan

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Suntan

Grèce : 2016
Titre original : –
Réalisation : Argyris Papadimitropoulos
Scénario : Argyris Papadimitropoulos, Syllas Tzoumerkas
Acteurs : Makis Papadimitriou, Elli Tringou, Dimi Hart
Distribution : ASC Distribution
Durée : 1h44
Genre : Comédie, drame, romance
Date de sortie : 31 mai 2017

3.5/5

Pour son troisième long métrage, le quadragénaire grec Argyris Papadimitropoulos a choisi de réaliser un film sur la crise de la quarantaine, sur ce qui peut se passer lorsqu’un célibataire au physique plutôt ingrat s’entiche d’une jeune beauté qui a 20 ans de moins que lui. Cet admirateur de Michel Houellebecq et de Martin Scorcese a choisi la petite île d’Antiparos pour tourner Suntan (Bronzage, en français), un lieu qui peut faire penser au paradis mais qui peut aussi, parfois, se transformer en véritable enfer.

Synopsis : Kostis, la quarantaine, est engagé par la municipalité comme docteur sur l’île d’Antiparos en Grèce. Il passe un hiver solitaire et morne.  Mais quand l’été arrive, l’île se transforme en lieu de villégiature hédoniste avec ses plages naturistes et ses fêtes sans fin. Kostis rencontre la jolie et séduisante Anna dont il tombe amoureux et fait tout pour lui plaire. Très vite il passe son temps à faire la fête, boire et sortir avec Anna, au détriment de son travail.

Coup de foudre dans les Cyclades

Antiparos, une petite île des Cyclades, 800 habitants en hiver. C’est sur celle île que débarque Kostis, en plein moins de décembre, accueilli par le maire des lieux, Kostis ayant été engagé en tant que médecin par la municipalité. Le temps est maussade, la lumière est quasiment absente, Kostis ne respire pas la joie de vivre, ceux parmi les locaux qui, physiquement, ont de beaux restes font étalage de leurs talents de danseurs sur de la musique traditionnelle. Parmi ces locaux, Takis, un magnifique spécimen de beauf obsédé sexuel qui passe son temps à brancher Kostis sur toutes ces « chattes en chaleur » qui, lorsque l’été sera là, ne manqueront pas de tomber dans leurs bras.

Soudain, après une dizaine de minutes, le titre du film apparait en grand sur l’écran et voilà qu’on on se retrouve brutalement en plein été. La chaleur est là, la lumière est là, les touristes sont là, la langue anglaise est là, Anna est là. Anna, c’est une jeune grecque blonde de 21 ans, jolie comme un cœur et entourée d’une bande d’amis anglophones. Un accident de scooter sans gravité va l’amener dans le cabinet de Kostis à qui elle va décerner, sans penser à mal, le titre de meilleur médecin du monde : le meilleur moyen pour inciter Kostis le coincé, tombé raide amoureux d’Anna et croyant pouvoir la conquérir, à chercher à se mettre au diapason de cette jeunesse libérée et insouciante, à fréquenter leur plage où se croisent textiles et naturistes, à vouloir devenir adepte du crédo « Sea, Sex, Sun and Rock’N’Roll » et même à traiter avec désinvolture son métier de médecin.

 

Un charme certain

Suntan n’est pas le premier film se focalisant sur un homme d’une quarantaine d’années, pas très bien dans sa peau, au physique plutôt ingrat, un homme dont on se demande si, 20 ans auparavant, il a connu sa propre jeunesse et qui, parce que une jeune déesse lui a fait un compliment et l’a embrassé sur la joue, se fait un film, s’efforce de remonter le temps et s’acharne à rattraper tous les bonheurs qu’il n’a pas connus. Ce n’est pas le premier et ce n’est sûrement pas le dernier. Cela n’empêche pas Suntan de présenter un certain nombre d’atouts qui, en s’additionnant, donne un charme certain à ce qui aurait pu n’être qu’une de ces comédies passe-partout dans lesquelles, trop souvent, la pire misogynie voisine avec le grand n’importe quoi en matière de mise en scène.

Il y a d’abord cette volonté du réalisateur de concentrer son film sur la peinture d’un certain nombre de contrastes : la maturité face à la jeunesse, l’été face à l’hiver, la lumière face à l’obscurité. Il y a une recherche certaine dans la mise en scène et la présence de plans très recherchés et particulièrement réussis. Il y a le portrait subtil d’une jeune beauté de 20 ans qui, pleine d’une innocence sympathique mais dangereuse, ne se rend pas compte de l’effet qu’elle produit sur les hommes. Il y a, enfin, la touche pleine de compréhension et exempte d’ironie facile qu’apporte le réalisateur dans le portrait qu’il dresse d’un homme attachant par sa candeur et devenant, petit à petit, de plus en plus pathétique, à l’image d’un King Kong à qui une scène fait ostensiblement référence.


Deux interprètes très naturels

C’est très vite que Argyris Papadimitropoulos a porté son choix sur Makis Papadimitriou pour interpréter Kostis, un comédien grec qu’on avait pu voir l’an dernier, interprétant un petit rôle dans Voir du pays des sœurs Delphine et Muriel Coulin : une espèce de nounours faisant penser à François-Xavier Demaison, très naturel dans le  côté naïf exigé par le rôle.

Trouver l’interprète d’Anna s’est avéré plus difficile. Il faut dire que le « cahier des charges » était particulièrement exigeant : « une jeune femme n’ayant jamais joué dans un film auparavant, à l’aise avec la nudité et très talentueuse ». Après avoir vu le film, on peut penser qu’il était difficile, voire impossible, de faire un meilleur choix que celui de Elli Tringou.

 Quant à la belle photo du film, on la doit à Christos Karamanis, rencontré l’an dernier de l’autre côté de l’Atlantique, dans Soy Nero.

 

Conclusion

En mettant en scène cette histoire de passion dévorante allumée chez un quadragénaire pataud et naïf par une jeune beauté de 20 ans désirant passer ses vacances à faire la fête et à vivre nue sur la plage, Argyris Papadimitropoulos prenait le risque de réaliser au mieux un film romantique un peu piquant tout en étant finalement bien gentil, au pire un navet aux relents glauques et misogynes. Grâce à un scénario solide et intelligent, grâce à un bon travail de  mise en scène et de mise en image, grâce à un duo de comédiens dont le naturel permet de s’attacher à leurs personnages, le réalisateur évite les écueils et son film, sans bouleverser l’histoire du cinéma, arrive à dégager un charme auquel on se laisse facilement prendre.


2 Commentaires

  1. « un homme dont on se demande si, 20 ans auparavant, il a connu sa propre jeunesse et qui, parce que une jeune déesse lui a fait un compliment et l’a embrassé sur la joue, se fait un film, s’efforce de remonter le temps et s’acharne à rattraper tous les bonheurs qu’il n’a pas connus »… Je trouve cet article très méprisant vis à vis du héros principale… Certes son comportement est pathétique et l’issu on ne peut plus tragique… mais je ne vois rien de risible dans tout cela…Rien de risible dans le fait qu’un homme soit dépendant d’une passion…rien de risible à ce qu’il veuille toucher du doigt une esquisse de bonheur… Soit dit en passant,la « jeune déesse » fait plus que lui embrasser la joue,il a pas mal de raisons de « se faire un film » comme vous le dites… Puis d’où sortez vous qu’il n’a pas connu sa propre jeunesse?! Qu’est ce qui vous fait dire qu’il n’a pas déjà connu ces bonheurs autrefois?… Je veux bien que vous vous posiez la question mais je trouve que vos postulats de départ sont plus que méprisants… Un homme introverti et sensible n’aurait pas le droit d’avoir une histoire amoureuse avec une jeune femme?… Vous caricaturez les personnages,idéalisez l’une pour ridiculiser l’autre et catégorisez les rôles… Bref,je suis navré mais je me devais de vous l’écrire… Bien à vous

    • Personnellement, je trouve que les jeunes sont méprisables dans le film, sorte de personnages décadents à la Bosch du jardin des délices. Anna est une sorte de Lolita plus mûre ou de l’ange bleu de Sternberg. En fait qu’elle était son but avec le personnage principal ? pourquoi d’ailleurs des jeunes de 20 ans voudrait traîné avec un médecin 20 plus vieux qu’eux ? personnellement à vingt ans je n’ai jamais traîner ni baiser ni me drogue ou me soûler avec une femme pataude médecin de 40 ans juste dans le but de la niaiser ou pour l’humilier durant mes vacances d’été… C’est l’histoire d’un drame finalement. Ça ne pouvait que mal finir, mais il me semble que c’était aussi évident.

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