Critique : Mario

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Mario

Suisse : 2018
Titre original : –
Réalisation : Marcel Gisler
Scénario : Marcel Gisler, Thomas Hess, Frédéric Moriette
Interprètes : Max Hubacher, Aaron Altaras, Jessy Moravec
Distribution : Epicentre Films
Durée : 1h59
Genre : drame, romance
Date de sortie : 1er août 2018

4/5

Lorsqu’on a présenté le scénario de Mario à Marcel Gisler, ce dernier s’est d’abord montré dubitatif, persuadé qu’un film traitant le sujet de l’homosexualité dans le milieu du football professionnel existait déjà. Lorsqu’il a découvert que ce n’était pas le cas, et, qu’en plus, ce sujet était l’objet d’un véritable tabou, lui qui n’est pas vraiment un fan de foot a compris qu’il y avait là matière à la réalisation d’un film, un film racontant l’histoire d’un amour difficile à vivre dans un milieu très particulier.

Synopsis : Pour la première fois de sa vie Mario, un jeune footballeur, tombe amoureux de Léon, nouvel attaquant venu d’Allemagne. Mais dans l’équipe, des rumeurs commencent à circuler sur leur relation et Mario voit sa carrière compromise pour intégrer un club de première division.

Une attirance sentimentale difficile à afficher

Dans les grands clubs européens de football, il y a une équipe fanion, l’équipe dont on entend parler dans les médias, celle qui participe au championnat de son pays et, éventuellement, à une des coupes d’Europe, et, à côté, il y a les équipes de jeunes, qui ont leurs propres championnats et qui abritent de jeunes joueurs qui caressent le rêve d’intégrer au plus vite l’équipe fanion. C’est ainsi que les Young Boys de Berne, l’un des trois plus grands clubs de Suisse, possède une équipe U21, c’est-à-dire une équipe de joueurs ayant moins de 21 ans. C’est dans cette équipe que joue Mario Lüthi, un attaquant qui semble bien avoir toutes les qualités pour être bientôt retenu dans l’équipe fanion. Sauf qu’arrive dans le club Leon Saldo, un attaquant allemand en provenance de Hanovre et, lui aussi, très talentueux. Sauf, que très vite, les deux hommes vont se trouver attirer l’un vers l’autre.

Si un certain nombre de footballeurs ont fait leur « coming-out », c’était toujours, ou presque, après avoir arrêté leur carrière professionnelle. En fait, à l’échelon du monde entier, on peut compter sur les doigts d’une seule main les footballeurs ayant fait part de leur homosexualité alors qu’ils étaient encore en pleine activité professionnelle. Cette réalité prouve bien que, pour Mario et Leon, la situation devient très difficile à vivre lorsqu’ils prennent conscience de leur attirance mutuelle : en ne cachant pas leur liaison, le risque est énorme de sacrifier une carrière qui s’annonçait prometteuse. En effet, quelle va être la réaction des dirigeants ? Celle des sponsors ? Celle des spectateurs, dont beaucoup se revendiquent homophobes ? Quant à cacher leur liaison, à faire taire d’éventuelles rumeurs, comment s’y prendre ? Peut-être en mettant en avant une liaison factice avec une jeune femme consentante ! Ou alors, dernière option, se doivent-ils de faire fi de leur sentiment pour privilégier leur carrière ?

Un film qui sonne juste

Une certitude : Marcel Gisler a été bien conseillé. Lui qui avoue ne pas être un grand amateur de football a réalisé un film qui sonne très juste sur le milieu du football professionnel. Il ne se prive pas, d’ailleurs, de remercier les clubs qui l’ont beaucoup aidé et lui ont permis de réaliser son film : le club suisse des Young Boys de Berne, qui n’a pas hésité à mettre à sa disposition son infrastructure, sa logistique, ses maillots et son nom. Ce club étant en plein championnat au moment du tournage, les joueurs qu’on voit évoluer à l’écran, ainsi que le coach conseillant Marcel Gisler lors du tournage, font pour la plupart partie d’un autre club de Berne, un club amateur, le FC Berne. Quant au club allemand dans lequel Mario va se trouver transféré, le FC St. Pauli de Hambourg, il a également soutenu la réalisation du film. Ce soutien à un film anti-homophobe n’est pas vraiment étonnant de la part d’un club qui spécifie dans ses statuts son caractère antifasciste et antiraciste !

Des comédiens crédibles, même balle au pied !

Dans ce film très crédible, les comédiens le sont tout autant, en particulier Max Hubacher et Aaron Altaras qui interprètent les rôles de Mario et de Leon. Non seulement le premier, 25 ans, est bien suisse, natif de Berne qui plus est, et le second, 22 ans, allemand, mais, bien plus important, ils s’avèrent très convaincants quand on les voit balle au pied sur un terrain. Quant à leurs qualités de comédiens en dehors du terrain, elles sont tout aussi évidentes, tout comme celles de Jessy Moravec, l’interprète de Jenny Odermatt, l’amie de Mario qui se prête au jeu de la vraie-fausse petite amie chargée de donner le change.

Conclusion

Film courageux sur un sujet sensible, Mario présente en plus l’intérêt de donner une peinture très réaliste du milieu du football professionnel. Rassurons celles et ceux qui, par manque d’appétence  pour ce sport, ont mal vécu le mois de Coupe du Monde de football : même s’il donne à voir quelques images de matchs et d’entrainements, ce film, beaucoup plus psychologique et « romantique » que sportif, ne leur posera pas de problème de digestion !

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