Critique : Hostiles

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Hostiles

Etats-Unis : 2017
Titre original : –
Réalisateur : Scott Cooper
Scénario : Scott Cooper
Interprètes : Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 2h13
Genre : Western, Drame
Date de sortie : 14 mars 2018


Note : 4.5/5

En 2009, à 39 ans, Scott Cooper a arrêté sa carrière d’acteur pour se consacrer à la réalisation. Son premier film : Crazy Heart, un véritable chef d’œuvre sur le monde de la musique Country. 9 ans plus tard, Hostiles, son 4ème film en tant que réalisateur, est sans doute le plus beau western de ce début de siècle. Western, mais pas que !

Synopsis : En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple.
Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le périlleux chemin qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus comanches qu’ils rencontrent.


Un ordre qui passe mal

Le Nouveau Mexique en 1892 : les guerres indiennes sont pratiquement terminées. Elles ont fait de nombreux  morts et laissé beaucoup de haine dans les esprits. Lorsqu’il est ordonné au Capitaine Joseph Blocker de commander un petit groupe de soldats pour escorter le chef Cheyenne Yellow Hawk et sa famille depuis Fort Berringer où ils sont retenus prisonniers jusqu’aux terres de sa tribu dans le  Montana, sa première réaction est de refuser d’obéir, fut-ce à un ordre venant du Président des Etats-Unis en personne : il a passé sa vie à combattre les Cheyennes, Il les hait, il a perdu de nombreux amis durant les guerres indiennes et le fait que Yellow Hawk soit en phase terminale d’un cancer et qu’on souhaite lui permettre de mourir sur ses terres n’est absolument pas susceptible de l’amener à obéir. Seul, le fait de risquer la Cour martiale s’il n’obéit pas et, surtout, la crainte de perdre ses droits à une pension une fois revenu à la vie civile arrivent à le contraindre à l’obéissance. Une certitude : le trajet traverse des territoires Comanches et il ne sera pas de tout repos.

Un grand western

On croyait qu’on ne verrait plus jamais de bons et grands westerns, que le moule était définitivement cassé. Eh bien non, Scott Cooper a dû en trouver un sur « Le bon coin » et il nous a mitonné un film dans lequel on retrouve tous les ingrédients qui font les bons et grands westerns. Pourtant, les toutes premières minutes ne manquent pas d’inquiéter : des indiens (des comanches) qui se comportent comme de véritables sauvages en massacrant une famille de colons blancs, ne laissant en vie, sans le vouloir, que la femme et mère de famille Rosalie Quaid, serions nous revenus au temps des westerns au racisme totalement assumé envers les indiens ? Sauf que, dans la scène suivante, ce sont des soldats de l’armée américaine qui se conduisent comme des sauvages avec des indiens : un but partout, la balle au centre. En fait, en montrant des antagonismes « musclés » entre indiens et colons, entre indiens, entre blancs, Hostiles montre que c’est l’ADN de la violence qui, d’une certaine façon, a construit les Etats-Unis. Mais il montre aussi, de façon très fine, que l’évolution de la mentalité des individus et qu’une ouverture vers l’ « autre » sont toujours possibles, même chez des gens totalement obtus au départ, même chez des gens qui, comme Rosalie Quaid ou Yellow Hawk, ont souffert, dans leur chair ou dans leur âme, du comportement des « autres ». Certain.e.s trouveront que c’est faire preuve d’angélisme de croire que de telles métamorphoses sont possibles, mais il n’est pas interdit de rêver !

 

Un casting XXL

Pour réaliser Hostiles, Scott Cooper a travaillé de façon très sérieuse : il a adapté à sa façon la version préliminaire d’un manuscrit écrit par le scénariste Donald E. Stewart, en cherchant à lui donner un caractère universel ; il s’est entouré de spécialistes reconnus des amérindiens de façon à ce que soient fidèlement respecté.e.s le langage, les rituels et la gestuelle des indiens ; il a tenu à ce qu’une partie des dialogues se fasse dans la langue des Cheyennes et que les costumes soient le plus proche possible de ceux de l’époque. Pour trouver les grandioses grands espaces que le film traverse, il a suffi au réalisateur et au Directeur de la photographie de balader leur caméra dans le Nouveau-Mexique, l’Arizona et le Colorado, il y en a des « comme ça » à tous les coins de rue ! Concernant l’interprétation, il a repris Christian Bale qu’il avait déjà dirigé dans Les brasiers de la colère : il est grandiose ; il a fait le cadeau d’un rôle à « Oscar » à la comédienne britannique Rosamund Pike (En fait, elle n’a rien eu du tout et le film n’a même pas été sélectionné aux Oscars. Pourtant, si on le compare à 3 Billboards, les panneaux de la vengeance, on a le droit de largement préférer Hostiles !). On retrouve aussi Wes Studi (Geronimo dans … Geronimo), Ben Foster, Timothée Chalamet dans le petit rôle du « frenchy », et même, dans un petit rôle, l’écossais Peter Mullan. Un casting XXL ! Et pour mettre tout cela en image, Scott Cooper a de nouveau fait appel à Masanobu Takayanagi. On ajoutera un petit mot sur la musique de Max Richter : elle est de très bonne qualité, elle est le plus souvent discrète et elle n’intervient qu’à bon escient.

Hostiles est un western du 21ème siècle, autant dire que la violence n’est en rien édulcorée : le capitaine Joseph Blocker, le personnage principal du film, a tendance à se vanter du nombre d’indiens qu’il a eu l’occasion de tuer, quand bien même le déroulement du voyage va l’amener à se rapprocher de ses anciens ennemis, fusils et revolvers sont assez souvent à l’œuvre, et le « travail » peut se terminer au poignard. MAIS, contrairement à ce qui se passe chez d’autres réalisateurs, cette violence n’est jamais « gratuite » et elle n’est jamais exagérée. Quand un personnage est touché par une balle, il n’est pas projeté à 5 mètres par l’impact, le sang ne gicle pas par litres depuis la plaie. L’ouest des Etats-Unis était un monde de violence, le film se contente de le montrer, sans aucune ostentation. Tout cela donne un grand film humaniste et universel, qui dégage énormément d’émotion et Scott Cooper apparait de plus en plus comme le fils spirituel de Clint Eastwood dans ce qu’il a de meilleur (Crazy Heart comparable à Honkytonk Man, Hostiles au niveau de Impitoyable).


Conclusion

Enfin ! les amateurs de véritables westerns ne pourront qu’être aux anges de se retrouver face à un film débarrassé de toutes les scories que le western italien avait fini par imposer dans ce genre si important du cinéma. Comme tous les grands westerns, Hostiles est beaucoup plus qu’un simple film avec des indiens et des beaux paysages, les sujets qu’il aborde étant totalement universels.

1 COMMENTAIRE

  1. Je n’aime pas les western en général mais ce film n’en est pas un ,c’est une peinture de l’être humain, de toute l’horreur dont il est capable mais sans ostentation et surtout ce film montre qu’on peut aussi espérer ,que l’humain en l’homme ne demande qu’à se réveiller .ça change des woody allen et autres qui tuent tout optimisme .

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