Tobias Dunschen

La première semaine du mois de septembre 2018 ne rime guère avec un choix alléchant de nouvelles sorties. Les distributeurs des films grand public semblent en effet marquer une pause ce mercredi, avant d'attaquer en force la rentrée cinématographique dans les semaines à venir. Seuls trois films de fiction valent ainsi le détour, dont en premier lieu le drame social marocain Sofia de Meryem Benm'Barek, présenté dans la section Un certain regard au dernier Festival de Cannes, qui traite de la condition des femmes dans les pays maghrébins avec la même candeur que le tunisien La Belle et la meute de Kaouther Ben Hania, passé également par la case cannoise un an plus tôt.

Si l'on ne se fiait qu'aux nouvelles alarmantes que les médias diffusent périodiquement sur l'état du système de santé en France, avec son personnel aussi surmené que mal payé et les finances de la Sécurité sociale dans le rouge année après année, on pourrait croire que cet acquis social à la valeur inestimable coure à sa perte.

A la rentrée, le rythme des sorties des films en reprise a tendance à se tasser. Le mois de septembre 2018 ne fait guère exception à la règle, puisque son programme de ressorties se résume essentiellement en une petite dizaine de films et deux rétrospectives d'envergure. Si vous résidez près d'une salle de répertoire à la programmation exigeante, vous aurez donc amplement le temps de (re)voir certains chefs-d'œuvre du cinéma français signés Bresson, Resnais et Rivette ou bien de vous plonger dans les filmographies fort dissemblables de Nicolas Philibert et de Ingmar Bergman.

Le box-office français est en hausse cette semaine. Qu'est-ce qu'on aimerait écrire plus souvent cette phrase en apparence si banale, qui s'applique pourtant pour la première fois en plus d'un mois en cette semaine 34, allant du 22 au 28 août ! Ce regain d'activité est d'autant plus étonnant qu'il survient à quelques jours de la rentrée, c'est-à-dire à une période où la fréquentation des salles obscures entame traditionnellement un mouvement de baisse constant.

Les productions françaises et américaines ne font jeu égal que sur le papier cette semaine, puisque respectivement cinq films de ces grandes nations de cinéma rivalisent pour les faveurs du public revenu des vacances. Pour commencer, le film le plus passionnant de ce mercredi n'est ni français, ni américain, puisqu'il s'agit du vainqueur officieux du dernier Festival de Cannes, le coréen Burning de Lee Chang-dong, acclamé par la critique, mais ignoré par le jury de Cate Blanchett.

Dans le cinéma américain récent, Spike Lee est probablement l'un des réalisateurs à la filmographie la plus politisée. En tout cas dans le cadre méticuleusement délimité de la production afro-américaine, il compte parmi les rares cinéastes à faire entendre leur voix non pas pour divertir simplement les masses avec un enchaînement guère éclairé de stéréotypes, comme le fait avec une dextérité commerciale remarquable Tyler Perry, mais afin d'alerter sans relâche sur la nature profondément raciste de la société américaine de hier et d'aujourd'hui.

Le scénariste américain Neil Simon est décédé hier à New York d'une pneumonie. Il était âgé de 91 ans. L'un des plus populaires auteurs de Broadway dans les années 1960 et '70, Simon a vu bon nombre de ses pièces adaptées au cinéma, le plus souvent par ses propres soins.

Toute bonne chose a une fin. Celle de la stabilité rassurante du box-office français au cours du mois passé est donc arrivée en cette semaine 33, allant du 15 au 21 août. La fréquentation globale des salles de cinéma baisse de près de 800 000 entrées pour se situer désormais bien en dessous de la barre des trois millions de tickets vendus.

Dans l'Histoire du cinéma plus ou moins récente, y a-t-il eu un moment où les films sur les dangers remontés des profondeurs des océans n'étaient pas perçus comme de l'évasion pure, fabriqués pour susciter à la fois des frissons et un recul ironique face à tant d'exagération marine ? Sans remonter trop dans le passé, Les Dents de la mer de Steven Spielberg – en quelque sorte l'œuvre à l'origine de cette phobie disproportionnée des requins – s'était encore efforcé à encadrer les nouvelles prouesses techniques de la bête en caoutchouc d'un récit humain plutôt réfléchi, perfectionnant alors une forme d'équilibre dans l'efficacité et la crédibilité que tous ses successeurs se sont employés à démonter.

L'actrice américaine Barbara Harris est décédée hier matin à Scottsdale dans l'Arizona d'un cancer des poumons. Elle était âgée de 83 ans. Une actrice chevronnée de la scène, Harris n'avait participé qu'à une petite vingtaine de films, principalement dans les années 1970. Elle avait pourtant collaboré avec certains réalisateurs célèbres, tels que Robert Altman, Alfred Hitchcock et Francis Ford Coppola.

Grâce à Blackkklansman, la carrière de Spike Lee vit une renaissance assez incroyable. Récompensé du Grand prix au dernier Festival de Cannes et encensé par la critique américaine, le 23ème long-métrage de fiction du réalisateur arrive sur les écrans français avec un capital de sympathie et d'anticipation considérable, qui en fait clairement notre film de la semaine.

L'Académie du cinéma européen vient d'annoncer la liste des 49 films éligibles pour être nommés aux 31èmes European Film Awards. Ils sont issus de 35 pays européens, une légère hausse par rapport à la présélection de l'année dernière, tandis que le nombre de films pressentis est un tout petit peu en baisse.