Test Blu-ray : Golem – Le tueur de Londres

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Golem – Le tueur de Londres

 
Royaume-Uni : 2017
Titre original : The Limehouse golem
Réalisation : Juan Carlos Medina
Scénario : Jane Goldman
Acteurs : Bill Nighy, Olivia Cooke, Sam Reid
Éditeur : Condor Entertainment
Durée : 1h49
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 23 janvier 2018

 

 

Londres, 1880. Une série de meurtres secouent le quartier malfamé de Limehouse. Selon la rumeur, ces crimes ne peuvent avoir été perpétrés que par le Golem, une créature des légendes hébraïques d’Europe centrale. Scotland Yard envoie Kildare, l’un de ses meilleurs détectives, pour tenter de résoudre l’affaire…

 

 

Le film

[3,5/5]

Depuis des années, depuis la sortie d’Insensibles en 2012 pour être un peu plus précis, on guettait avec intérêt chaque nouveau projet de Juan Carlos Medina, mais Anne ma sœur Anne ne voyait rien venir. On commençait donc tout doucement à se faire à l’idée, à penser qu’Insensibles resterait le « projet de sa vie » et Medina l’homme d’un seul film, mais le PIFFF ou Paris International Fantastic Film Festival a pris tout le monde à revers lors de son édition 2017 en programmant dans sa sélection officielle Golem, le tueur de Londres, le tout nouveau film du cinéaste.

Adapté d’un roman de Peter Ackroyd, le film imagine et met en scène un mystérieux tueur semant la mort dans le quartier pauvre de Limehouse à Londres – l’intrigue prenant place en 1880, la référence à la figure de Jack l’éventreur (1888) est évidente, et l’esthétique choisie par Juan Carlos Medina et son directeur photo Simon Dennis (Peaky Blinders) joue énormément sur les réminiscences cinématographiques et picturales pouvant exister dans l’esprit du spectateur à l’évocation de Jack l’éventreur et du quartier de White Chapel. Visuellement, Golem, le tueur de Londres s’avère donc d’une classe absolue. Le trio d’acteurs principaux, composé de Bill Nighy, Olivia Cooke (Ouija) et Douglas Booth (Jupiter : Le destin de l’univers) est également assez excellent.

Si le film commence, avec la découverte des premiers corps, comme un Seven se déroulant à la fin du dix-neuvième siècle, le film bifurque ensuite rapidement vers une intrigue plus classique de « whodunit » à l’ancienne. On remontera donc la piste de différents indices en suivant plusieurs hypothèses, de façon très carrée et précise, grâce au scénario de Jane Goldman, qui ne laisse pas la place au hasard et propose un ancrage très réaliste aux événements se déroulant durant le film. Et c’est paradoxalement dans cette maniaquerie du détail que Golem, le tueur de Londres atteint ses limites. En effet, dans la tête du spectateur, les différents faisceaux d’indices, alliés aux différentes suppositions qu’il pourra se faire, en mettant notamment dans la balance la structure narrative habituelle du cinéma horrifique contemporain (et son inévitable twist final), dirigeront immanquablement les soupçons vers un seul personnage pouvant se cacher derrière l’identité du fameux Golem. Au bout de 15 à 20 minutes maximum, l’affaire est pliée – vous vous douterez de l’identité du tueur, et toute l’intrigue se déroulant au fil du métrage ne fera que confirmer que vous aviez raison. Si le film de Juan Carlos Medina reste pour autant toujours tout à fait agréable à suivre, on ne peut s’empêcher de se dire qu’avec un peu moins d’éléments « factuels » et d’avantage de licence artistique (quitte à plonger carrément dans le fantastique), le spectateur aurait d’avantage pu se perdre dans les ruelles de Limehouse, et se laisser surprendre par l’identité du tueur. Bien sûr, la caution « réaliste » du métrage aurait pu en prendre un coup, et certaines incohérences seraient peut-être apparues, surtout lors d’un deuxième visionnage, mais après tout, certains « grands » films à twist (on pense par exemple à Sixième sens de M. Night Shyamalan) présentent également des problèmes de crédibilité ou de continuité une fois leur twist révélé, mais n’en sont pas pour autant tombés dans l’oubli.

Golem, le tueur de Londres s’avère donc une réussite en demi-teinte, qui viendra néanmoins régulièrement titiller notre mémoire dans les jours suivant le visionnage, notamment pour les questions soulevées par un élément narratif précis prenant place en toute fin de métrage, et qui fera peut-être s’interroger le spectateur sur un point du récit. [Alors ATTENTION SPOILERS car on va aborder ici une réflexion révélant des éléments-clés de l’intrigue – NE LISEZ LA SUITE QUE SI VOUS AVEZ VU LE FILM !] La toute dernière séquence du film nous propose de découvrir la pièce montée par Dan Leno (Douglas Booth) et sa troupe, dont le rôle principal est tenu par Aveline (María Valverde), la « rivale » de Lizzy (Olivia Cooke). Le spectateur a eu la confirmation lors de la séquence précédente que Lizzy était bien le Golem, et pourtant, une nouvelle mort survient, sur scène. L’accident parait peu probable, d’autant qu’on a déjà rencontré le faux échafaud ayant provoqué la mort d’Aveline un peu plus tôt dans le film ; on soupçonne donc que l’accessoire truqué a volontairement été saboté par un membre de l’équipe. Alors qu’il remonte sur scène dans le costume de Lizzy, le plan final voit Dan saluer la foule, bras ouverts, puis, après un fondu enchainé, on passe sur Lizzy dans cette même position, rendant un dernier hommage au public. Dès lors, on se met à supputer un « double twist », ou un « twist sur le twist ». En effet, ce nouveau meurtre et le fait de coller visuellement Dan en « doublure » de Lizzy est-il un indice pour signifier au spectateur que Lizzy n’a pas agi seule, mais commis les meurtres avec l’aide de son mentor ? On peut le penser… Mais on n’en est pas sûr, pour une raison purement formelle. En effet, dix minutes plus tôt, lors de la « révélation » de la vraie nature de Lizzy, la mise en scène s’était faite extrêmement démonstrative et didactique : tous les moments-clés étaient passés en revue afin de ne pas laisser le moindre doute dans l’esprit du spectateur. Pourquoi ne pas aller dans ce cas clairement aller au bout de son idée avec ce double twist qui apporterait, pour le coup, une coloration trouble et inattendue à l’ensemble du film ? Dans le doute, on pourra arguer qu’en toute fin de métrage, Medina a su renouer avec la subtilité qu’il avait mise de côté durant le reste du film… En attendant d’entendre, peut-être un jour, une réponse de la bouche du cinéaste, on irait bien jusqu’à considérer que ces trois dernières minutes donnent une grande partie de sa valeur à Golem, le tueur de Londres.

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Petit événement dans la sphère des fantasticophiles français impatients de se plonger dans un nouveau film de Juan Carlos Medina, Golem, le tueur de Londres débarque donc en DVD et Blu-ray sous les couleurs de Condor Entertainment. Comme d’habitude avec cet éditeur, le Blu-ray du film se révèlera absolument parfait d’un point de vue technique, si l’on excepte bien entendu le recours systématique de Condor à un encodage en 1080i – on peut d’ailleurs affirmer sans trop de peur de se tromper que l’éditeur français est un des derniers à s’obstiner à ne jamais sortir ses films sur format Blu-ray en respectant le cadencement d’une diffusion cinéma en 24 images par seconde : le film passe donc par conséquent de 1h49 à 1h45. Mis à part ce détail qui ne chagrinera probablement que les plus maniaques d’entre nous, Golem, le tueur de Londres s’offre un Blu-ray assez superbe : le format cinéma est respecté, le piqué précis, la définition pointue et les couleurs affichent une belle pêche. Bref, s’il n’y avait ce problème d’encodage récurrent, la galette livrée par l’éditeur à l’oiseau majestueux aurait de quoi nous enthousiasmer à 100%… Côté son, les deux mixages audio sont encodés en DTS-HD Master Audio 5.1 et proposent une spatialisation fine et puissante, proposant une immersion absolue au cœur des quartiers les plus défavorisés de Londres.  On notera néanmoins que la VF s’avère nettement moins dynamique que la VO en termes de spatialisation.

Du côté des suppléments, on trouvera une poignée de bandes-annonces en avant-programme, qui s’accompagneront de trois entretiens avec l’équipe du film : Bill Nighy, qui fait preuve d’un certain humour à froid, Juan Carlos Medina, toujours aussi passionné par son métier et son projet d’adaptation du roman de Peter Ackroyd, et enfin Olivia Cooke, qui débite ses propos très orientés promo sans réellement nous convaincre. On notera que les deux premiers entretiens ont été réalisés en France et resteront logiquement inédits à la galette Blu-ray française.

 

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