Critique : Personal Shopper

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PERSONAL SHOPPER affichePersonal Shopper

France, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Olivier Assayas
Scénario : Olivier Assayas
Acteurs : Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 1h45
Genre : Drame, fantastique
Date de sortie : 14 décembre 2016

3,5/5

Après Sils Maria sélectionné à Cannes, récompensé du Prix Louis-Delluc puis nommé à six reprises aux Césars, Olivier Assayas revenait en mai dernier en compétition officielle au Festival de Cannes avec ce nouveau film Personal Shopper où il dirige à nouveau Kristen Stewart déjà au casting de ce précédent opus, qui lui a permis de remporter le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Le début d’une longue collaboration entre Olivier Assayas et Kristen Stewart ?

Synopsis : Maureen, une jeune américaine à Paris, s’occupe de la garde-robe d’une célébrité. C’est un travail qu’elle n’aime pas mais elle n’a pas trouvé mieux pour payer son séjour et attendre que se manifeste l’esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. Elle se met alors à recevoir sur son portable d’étranges messages anonymes…

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Les dérives du « vouloir croire » à tout prix et les problématiques de la technologie

Personal shopper se situe à mi chemin entre Ghost de Jerry Zucker et Valley of love de Guillaume Nicloux, présenté l’an dernier en compétition officielle. Nous suivons les espoirs et les déceptions de Maureen qui attend un signe de son frère jumeau depuis l’au delà. Cette quête, nous la vivons avec elle, et comme elle nous oublions tout ce qui lui est périphérique … Ce film est particulièrement flottant et ce, dans la même veine que Sils Maria. Et c’est là, tout le talent d’Assayas. Conserver une même atmosphère, tout en changeant complètement le scénario. Il questionne dans ce film les espoirs et les croyances d’un monde supérieur et aboutit à la conclusion selon laquelle Maureen fabrique peut-être elle-même ces signes supposés. Une question demeure : quelle est la part de réel ? Ces signes sont-ils le produit de nos désirs ?

Olivier Assayas pousse jusqu’à son paroxysme la problématique des signes et la volonté d’y croire, avec l’échange des sms. Maureen comme nous, croit et espère que les sms proviennent de son frère… Le réalisateur expose toute la dangerosité de ces espoirs et les dérives qui peuvent en découler. A travers les séquences des sms, Assayas questionne également le rapport à la technologie et le fait que nous ne savons pas toujours avec qui nous correspondons… Si ces séquences ont été fortement critiquées par leur simplicité, laissant le spectateur encore une fois face à un écran, Assayas réussi avec brio ce choix. Nous sommes en effet, comme Maureen suspendus à ce téléphone et à ces bribes de communications, sans que ce ne soit lourd. Assayas réussi à nous tenir en haleine presque uniquement par ce biais pendant un bon moment. Et fait de ces séquences une critique de la société tout autant qu’un outil narratif…

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Un surlignage qui affaiblit le film

Paradoxalement Assayas semble également appuyer la thèse de l’existence d’un au delà avec Victor Hugo et ses séances de spiritisme, ou exposant plus ou moins implicitement les différents artistes qui se sont prêtés à de telles expériences tels que Hilma Af Klint. Ce choix est quant à lui discutable : était ce indispensable ? Les séquences des séances de Victor Hugo apparaissent artificielles et viennent surlignés de façon presque caricaturale le thème du film, le faisant presque basculer dans le kitsch au même titre que les apparitions blafardes du début du film.

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Une large palette de thématiques traitées

Olivier Assayas traite de la question du deuil, géré différemment par Maureen et l’ex compagne de son frère, exposant par là différents possibles. En suivant Maureen, il fait le choix d’en explorer un en particulier, choix justifiable par la gémellité de ces personnages. Enfin de façon moins appuyée mais tout de même visible, Assayas dévoile les dessous de la société de consommation et ses dérives. C’est de là qu’Assayas tire le titre de son film Personnal shopper, titre mystérieux au vu du thème du film. Par ce biais le réalisateur nous fait explorer un monde surfais, aux exigences démesurées. Les robes et bijoux de grandes marques s’enchaînent, les vêtements plus fous les uns que les autres… Maureen qui méprisait initialement ce métier et ces exigences s’y perd quelque peu… Ces séquences révèlent alors un autre aspect de la société, toute l’ambiguïté qui peut exister quant à ce monde de paillette : attraction- répulsion- critique morale. Les quelques plans du film où Maureen cède à la tentation de l’essayage corrélés à l’excitation de l’interdit et à sa conversation avec un inconnu, aboutissent à une séquence de masturbation qui nous met profondément mal à l’aise du fait de son contexte et nous conforte dans l’idée que Maureen est perdu dans sa vie. On note également ses allers et retours incessants qui traduisent avec force la perte de repères qu’a subi Maureen et son incapacité à être apaisée après cette mort. Peu à peu la quête qu’elle poursuit se transforme en quête identitaire, ce qui explique son incapacité encore majeure à se fixer.

Personal Shopper Kristen Stewart 02

Conclusion

En résumé, Personal shopper est un beau film, intéressant, qui pose des questions universelles et nous interroge, par différents biais, sur la réalité malgré quelques choix narratifs discutables. Après avoir joué dans Cafe society présenté en ouverture au festival, Kristen Stewart confirme à nouveau, si besoin était, s’être défait du rôle de Bella en attendant de la retrouver comme réalisatrice pour son premier film.

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