Critique : Borgo

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Borgo

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Stéphane Demoustier
Scénario : Stéphane Demoustier, Pascal-Pierre Garbarini
Interprètes : Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi, Michel Fau
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h48
Genre : Drame, Policier
Date de sortie : 17 avril 2024

4.5/5

Synopsis : Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d’un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.

Stéphane Demoustier confirme qu’il est un grand réalisateur

Quand un réalisateur nous a offert un film tout proche de la perfection, on est toujours inquiet : le suivant sera-t-il aussi bon ? On est d’accord, cette inquiétude est assez stupide : si le film « n’est que » très bon au lieu d’être excellent, y a-t-il vraiment motif à récriminer ? Toujours est-il que, 4 ans après l’excellent La fille au bracelet, on se demandait où allait nous conduire Stéphane Demoustier qui, depuis, n’avait travaillé que pour la télévision. Eh bien, c’est en Corse que se déroule Borgo, le nouveau film du réalisateur lillois. Borgo, une prison corse dont on a tous entendu parler. Borgo, un film qui, nous dit-on dès le début du film, est inspiré par des faits réels sans pour autant être la retranscription fidèle d’une histoire réelle. Borgo, un film dont Stéphane Demoustier a écrit le scénario en collaboration avec Pascal-Pierre Garbarini, qui fut pendant longtemps l’avocat des nationalistes corses et que Stéphane Demoustier avait choisi pour interpréter le rôle du Président du Tribunal dans La fille au bracelet. Borgo est-il excellent, ou « seulement » très bon, voire moins bien que très bon ? Figurez vous que, même si on est allé 3 fois en Corse, on ne peut pas prétendre être un spécialiste de l’île de beauté, d’où l’impossibilité de juger si la peinture qui en est faite dans Borgo correspond à la réalité. Par ailleurs, quand on n’a jamais eu l’occasion de faire un séjour en prison, il est également impossible de juger si la peinture de la prison correspond à une réalité. Dans ces conditions, tout ce qu’on peut faire, c’est donner son sentiment de spectateur face à un film, son ressenti concernant l’histoire, la façon cinématographique de la raconter et l’interprétation.

L’histoire, c’est donc celle de Mélissa, une surveillante de prison qui, alors qu’elle travaillait à Fleury-Mérogis, a demandé sa mutation pour la prison de Borgo, afin de commencer une nouvelle vie avec Djibril, son mari, et ses 2 enfants. Dans son nouveau lieu de travail, règne un cloisonnement très strict : les corses sont réunis dans une unité, les arabes dans une autre, les femmes dans une 3ème. C’est dans l’unité 2, celle des corses, que Mélissa est affectée. Surnommée Ibiza à cause de la chanson de Julien Clerc, très investie dans son travail, elle cherche à être « sévère mais juste », c’est-à-dire faire en sorte que le règlement soit respecté tout en s’autorisant des petits gestes de sympathie envers des prisonniers lorsque c’est possible : apporter un ventilateur à un prisonnier asthmatique qui souffre énormément de la chaleur, alimenter les prisonniers en cigarettes lorsque les parloirs sont supprimés, etc. Rien de bien méchant, juste ce qu’il faut pour faire en sorte que l’ambiance ne dégénère pas. Sauf que, face à ces petits gestes de sympathie, les prisonniers ne se montrent pas ingrats, « récompensant » Mélissa et son mari de « petits » cadeaux tels que l’intimidation de leur voisin de palier qui se montrait trop belliqueux ou un coup de pouce pour permettre à Djibril d’avoir une place dans la formation d’ébéniste qu’il recherchait. Ce que nous montre le film, c’est qu’une telle situation de « je te donne, tu me donnes » crée un engrenage qui peut arriver à monter très haut.

Comme pour La fille au bracelet, la réalisation est superbe avec un montage particulièrement intelligent et une tension palpable du début jusqu’à la fin. On regrettera juste un certain abus de musique pas vraiment indispensable et la présence, une fois de plus, de la fameuse scène de « trémoussage » qui pollue tant de films de nos jours. Quant à l’interprétation, elle est magistrale de la part de Hafsia Herzi, Mélissa/Ibiza dans le fillm, et de très bon niveau pour les autres, la plupart n’étant pas des comédiens professionnels. En résumé, Borgo est tout aussi excellent que La fille au bracelet !!

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