Globale : [rating:4][five-star-rating]
Quand deux cinéastes et scénaristes s’associent, le résultat peut être brillant. Yellowbrickroad est dans ce cas de figure : un film d’horreur réussi et déstabilisant à souhait. Si ce long-métrage fait penser immanquablement au Projet Blair Witch, il s’en écarte vite pour offrir un très bon frisson dans le cadre de prédilection du genre : la forêt
Synopsis : En 1940 tous les habitants d’un village de Nouvelle-Angleterre disparaissent. Les autorités retrouveront 300 corps et afin d’éviter la panique étouffera l’affaire. Du moins jusqu’au jour où Teddy et son équipe décident d’y mener une enquête sur les lieux : le chemin forestier baptisé Yellowbrickroad …
Le chemin meurtrier de la démence
Ce film est une spirale infernale descendante vers l’antre de la folie. L’axe de Yellowbrickroad a le mérite d’être clair : montrer comment les protagonistes sombrent progressivement aux confins de la déstructuration psychologique et aux impulsions meurtrières. L’équipe de six personnes pourtant aguerrie dans leur domaine et dotée d’outils de mesures pointus (cartographies ; appareils de relevés de données…) assistent à des dérèglements qui défient toute logique. Le chemin dit de Yellowbrickraod qu’ils sillonnent au fur et à mesure à l’identique dans la forêt, leur paraît de plus en plus douteux voire irréel. Un chapeau des années 40 est retrouvé. Puis, des voix, des sons et une musique d’époque se font entendre. Les hypothèses rationnelles se brisent. Un psychologue vérifie l’équilibre mental par des tests, à mesure de la progression de chacun et chacune. Malgré tout, des hallucinations visuelles et auditives envahissent l’équilibre et la cohésion du groupe. L’expédition dévie de son objectif initial dans un vertige d’incohérences torpillant les pensées. A cet épuisement physique et psychologique, les repères dans l’espace se délitent et deviennent obsolètes. Plus rien ne tient. Les propos mutent en des monologues: « Notre seul travail est de marcher comme ont fait les gens ». A cette errance émergent les pulsions de meurtres incontrôlables car dorénavant c’est « Le chemin qui comprend ».
Une réalisation superbe
Cette descente collective progressive, perturbante et brutale, bénéfice d’une bonne interprétation. Mais ce qui frappe surtout tient à la qualité de la réalisation. Yellowbrickroad multiplie les variations de plans et acquière ainsi une signature photographique remarquable. Le climat atteint ainsi un niveau très maîtrisé. Le vent effleure les visages et les feuillages dans un bruissement d’étrangeté continu. L’environnement naturel est très bien exploité dans une succession de cadrages minutieux. Le travail consacré au son est exemplaire. Il intervient dans la plus grande justesse: on passe d’un fond sonore et musical continu qui étripe les protagonistes, au bombardement de bruits stridents et imprévisibles qui signent l’avènement d’un passage à l’acte de violence imminent. Les images de la caméra numérique, les photos de l’équipe s’insèrent dans des prises de vues audacieuses. Un meurtre est ainsi montré de loin via des jumelles, et ce focus se confond ave un plan large. La caméra lorgne longuement à ras du sol avant de pointer le ciel en tournoyant et capte la déperdition dans l’espace. Le tout donne un rythme lent particulièrement étudié et inventif. Ainsi Yellowbrickroad ne tombe pas dans une déambulation générale mais emprunte aussi un caractère proche du cinéma fantastique.
Résumé
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=oeGMxE2vYlg[/youtube]
