Test DVD : Pur-sang

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Pur-sang

 
États-Unis : 2017
Titre original : Thoroughbreds
Réalisation : Cory Finley
Scénario : Cory Finley
Acteurs : Olivia Cooke, Anya Taylor-Joy, Anton Yelchin
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h28
Genre : Thriller, Drame, Comédie
Date de sortie cinéma : 27 juin 2018
Date de sortie DVD : 7 novembre 2018

 

 

Sous prétexte de l’aider à réviser ses cours, Amanda se présente chez Lily, son ancienne camarade d’équitation. Diagnostiquée personnalité aux tendances schizoïdes, la cynique Amanda sait bien que sa mère a orchestré ces retrouvailles pour lui procurer un semblant de vie sociale. Réalisant rapidement que Lily déteste son beau-père, l’odieux et autoritaire Mark, Amanda suggère tout bonnement de le tuer. D’abord choquée par cette proposition, la riche adolescente l’apprivoise tranquillement. Elle croit du reste avoir trouvé l’individu idéal pour exécuter ce délicat contrat : Tim, un dealer tout récemment sorti de prison…

 

 

Le film

[4/5]

Film indépendant littéralement sorti de nulle-part, Pur-sang a pourtant, de façon très étonnante, été distribué en France par Universal courant juin. Sorti, oui, mais au cœur d’un circuit extrêmement réduit, puisque le film n’a été visible que dans UNE SEULE SALLE parisienne, réunissant la bagatelle de 302 spectateurs sur une semaine d’exploitation. Il faut donc croire que la présence d’une intrigue tournant autour des chevaux et la présence au générique du phénomène Anya Taylor-Joy, révélée par un certain nombre de films fantastiques ces dernières années, n’auront pas suffi à Universal pour trouver une façon de « vendre » ce film bizarre navigant entre les genres sans jamais réellement se fixer sur l’un d’entre eux.

S’il fallait vraiment placer Pur-sang dans une « case » ou dans un genre prédéfini, on opterait finalement peut-être pour le teen-movie à tendance « coming of age ». Mais même s’il évoque par bien des aspects (sa noirceur, sa cruauté, son absence de point de vue moral sur les agissements de ses héroïnes) un film tel que Fatal games (Heathers, Michael Lehmann, 1988), cette simple catégorisation serait sans doute un peu trop réductrice pour s’avérer véritablement convaincante. Ainsi, il est indéniable que Pur-sang marque la naissance d’un cinéaste à suivre en la personne de Cory Finley. Il est tout aussi indéniable cela dit que son film appartient à cette nouvelle race de films qui embarrassent fortement producteurs et distributeurs à travers le monde, parce que justement, ils n’entrent dans aucune « case » prédéterminée, de celles qui arrangeraient bien tout le monde afin de le vendre dans le monde entier.

Même s’il développe un certain humour noir et sec, Pur-sang n’est pas une comédie ; il ne s’agit pas non plus à proprement parler d’un thriller, ni d’un drame psychologique sur le passage à l’âge adulte. Le film de Cory Finley est tout cela en même temps : à mi-chemin entre l’horreur et la comédie, il s’impose comme étant finalement beaucoup plus angoissant que drôle. Mais pas que. Un film « transgenre » dont la destinée était fort logiquement de finir au placard, même s’il aurait clairement mérité mieux : comme une espèce de Créatures célestes n’ayant jamais réellement de recours à la poésie du film de Peter Jackson (tout est ici au contraire froid et clinique), Pur-sang suit la trajectoire de deux jeunes filles aux antipodes l’une de l’autre qui décident de tuer le beau-père prétentieux et riche de l’une d’entre elles. Intense, porté par l’interprétation sans faille d’Olivia Cooke et Anya Taylor-Joy, le film s’avère un petit prodige d’écriture décalée, à la fois drôle et flippant, portant par ailleurs un regard plutôt sombre sur la jeune génération, en perte de repères clairs, comme perdus dans un monde trop grand pour eux.

On notera également qu’il s’agit du dernier film tourné par Anton Yelchin, décédé en juin 2016, et qu’il s’agit de la première composition pour le cinéma du talentueux Erik Friedlander, violoncelliste phare de la scène rock des années 90, qui signe ici une bande-originale à l’image du film de Cory Finley : singulière, et d’une beauté bizarre et inhabituelle.

 

 

Le DVD

[4/5]

Côté DVD, la galette de Pur-sang éditée par Universal Pictures fait le boulot sans le moindre problème. L’image respecte pleinement la photographie froide et éthérée du film, signée par l’excellent Lyle Vincent (A girl walks home alone at night, The bad batch), et s’avère bien sûr proposée dans son format d’origine respecté. La définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre pétouille technique ; l’éditeur, rôdé au support DVD depuis de très nombreuses années, compose de manière très habile avec les qualités et les défauts d’un support en définition standard. Côté son, l’éditeur nous propose soit le film à la fois en VF ou en VO au choix en Dolby Digital 5.1 nous proposant un mixage bien enveloppant et relativement dynamique, très efficace durant les scènes les plus intenses, même si le film par lui-même n’appelle pas forcément à la démonstration technique.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord de découvrir deux courtes scènes coupées (pour une durée totale de deux minutes environ). Celles-ci s’accompagneront de deux featurettes, également très courtes. La première (« Le style de Pur-sang ») nous propose de jeter un rapide coup d’œil sur les origines de l’histoire, sur le manoir où l’action prend place, qui est décrit comme un personnage à part entière, et sur les inspirations conscientes du réalisateur, qui vont chercher du côté de David Lynch. La deuxième (« Les profils des personnages ») reviendra en quelques mots sur les quatre personnages principaux du film : Lily, Amanda, Tim et Mark.

 

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