Test DVD : Maman a tort

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Maman a tort

 
France, Belgique : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Marc Fitoussi
Scénario : Marc Fitoussi
Acteurs : Jeanne Jestin, Émilie Dequenne, Nelly Antignac
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h48
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 9 novembre 2016
Date de sortie DVD : 5 avril 2017

 

 

Connaît-on vraiment ses parents ? Anouk, 14 ans, découvre brutalement un autre visage de sa mère, à la faveur de l’incontournable stage d’observation de troisième qu’elle effectue dans la compagnie d’assurances où celle-ci travaille. Une semaine d’immersion dans le monde adulte de l’entreprise, avec ses petits arrangements et ses grandes lâchetés, qui bientôt scelle son jeune destin. Entre parcours initiatique, fêlure et premières responsabilités assumées, une forme d’adieu à l’enfance…

 

 

Le film

[3,5/5]

Derrière une affiche et titre évoquant fortement une certaine tradition de la comédie familiale à la française, Maman a tort cache en réalité un film fort différent de ce à quoi le spectateur pouvait s’attendre. En effet, le film de Marc Fitoussi se révèle en fait un film de « coming of age » d’un genre assez nouveau : l’évolution vers l’autonomie et la maturité de l’héroïne du film, Anouk, va passer non pas par la découverte de l’amour et de la sexualité mais par l’amère prise de conscience des affres du monde capitaliste, qui se fera par le biais d’une impitoyable plongée dans les basses manœuvres d’une société d’assurance véreuse à l’occasion d’un stage d’observation dans l’entreprise de sa mère.

Proposant un regard aussi affuté que cynique sur le monde du travail (« c’est pire que le collège » dira, écœuré, un des adolescents devant le spectacle de l’aliénation des adultes), Maman a tort ose [ATTENTION SPOILERS] contourner le happy-end de rigueur et impose un climat désabusé, bien éloigné du « feel good movie » auquel on pouvait s’attendre. Le constat d’Anouk est sans concession : le monde des adultes est pourri, mais cette dernière, défaitiste, finira par se faire une raison. Ainsi, le film s’ouvre et se ferme sur une fête organisée entre ados, montrant bien qu’avant et après cette prise de conscience de la triste réalité (les sociétés d’assurance qui magouillent pour ne pas payer d’indemnités, quitte à laisser des familles entières à la rue), la vie continue, quasi-inchangée : la rébellion vis-à-vis du système est exclue, puisque cette dernière aurait pour conséquence d’envoyer sa mère derrière les barreaux. [FIN DES SPOILERS]

Finalement bien plus dur, profond et cynique qu’il n’en a l’air, le film de Marc Fitoussi propose le triste constat d’une société viciée dont le fonctionnement inhumain fait plier les volontés dès le plus jeune âge, faisant entrer de force les ados dans le moule de l’adulte conscient des failles et de la cruauté infinie du système capitaliste, mais préférant courber l’échine et détourner le regard plutôt que d’affronter, tel un Don Quichotte du vingt-et-unième siècle, les « puissants » sans visages qui dominent les vies des travailleurs du monde entier.

 

 

Le DVD

[4,5/5]

Après une petite carrière dans les salles françaises n’ayant malheureusement attiré que 66.000 curieux, Maman a tort débarque finalement en DVD sous les couleurs de M6 Vidéo, et la galette proposée par l’éditeur français rend justice aux qualités formelles du film de Marc Fitoussi. L’encodage est très soigné, sans le moindre souci de compression, les couleurs sont belles et l’image rend justice à la photo du film signée Laurent Brunet, sans trop souffrir des limites d’un encodage en définition standard : c’est remarquable. Côté son, la version française est proposée dans un mixage Dolby Digital 5.1 bien spatialisé et tout à fait satisfaisant.

Du côté des suppléments, outre les bandes-annonces de deux comédies à venir (Mes trésors et A bras ouverts), M6 Vidéo nous propose tout d’abord une série de 15 minutes environ de scènes coupées, pour la plupart écartées de la fin du film. On ne pourra que saluer le courage de Marc Fitoussi à ce sujet : l’ensemble des scènes initialement prévues en fin de métrage adoucissaient largement le ton et l’impact de la fin du film, cherchant en quelque sorte à « justifier l’injustifiable » en montrant par exemple, la mère d’Anouk (Emilie Dequenne) envisager une nouvelle vie en changeant de job. L’éditeur nous propose aussi de découvrir un documentaire de 52 minutes réalisé par Marc Fitoussi en 2006 : L’éducation anglaise suit donc les destins croisés d’un groupe de jeunes suivant un programme d’échange avec le Royaume-Uni. Naturaliste et attachant, le film se pose en observateur, à la façon des documentaires de la cultissime série Strip-tease sur France 3 ; les jeunes gens semblent agir de façon assez naturelle, et l’ensemble se laisse suivre avec un grand plaisir.

 

 

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