Test DVD : Invasion (Kiyoshi Kurosawa)

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Invasion

 
Japon : 2017
Titre original : Yocho – Sanpo suru shinryakusha
Réalisation : Kiyoshi Kurosawa
Scénario : Hiroshi Takahashi, Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Kaho, Shôta Sometani, Masahiro Higashide
Éditeur : Arte Éditions
Durée : 2h14
Genre : Science-fiction
Date de sortie cinéma : 5 septembre 2018
Date de sortie DVD : 30 janvier 2019

 

Pourquoi tout le monde change-t-il soudainement de comportement ? Etsuko est-elle la seule à se rendre compte que son amie, son patron, son mari ne sont plus tout à fait les mêmes ? Peu à peu, elle réalise que les humains sont en train de perdre leurs émotions…

 


 

Le film

[3/5]

« Comme c’est souvent le cas dans les films de Kiyoshi Kurosawa, l’introduction est la partie la plus fascinante d’une histoire qui finira par être inutilement tirée en longueur. L’ignorance y est une fois de plus un moteur d’investissement redoutable, aussi parce que la menace reste diffuse pendant une durée raisonnable. Ainsi, aucune soucoupe volante ne descendra avec fracas du ciel dans Invasion, pas plus qu’on verra une transformation spectaculaire d’extra-terrestres voulant retrouver leur aspect originel, après avoir pris l’apparence trompeuse d’un humain afin de passer inaperçus. Le spectre des interprétations possibles de l’intrigue va même jusqu’à une hypothétique guerre des sexes, les méfaits étant au début surtout l’œuvre d’hommes qui gardent une mainmise quelque peu archaïque sur leur pendant féminin, cantonné au rôle de victime. Hélas, ce n’est pas vraiment pour cette voie-là de l’engrenage que la mise en scène a opté. La portée morale de l’intrigue reste de même plutôt à l’état embryonnaire : le raisonnement des personnages se résume rapidement à un antagonisme sommaire – en dépit de sa forme triangulaire – entre Etsuko, le seul espoir de l’humanité alors que l’on ne sait jamais très bien d’où lui viennent sa clairvoyance et sa force, et le docteur Makabé, auquel Masahiro Higashide confère certes les traits séduisants d’un géant juvénile, sans pour autant accentuer outre mesure son côté cruel et calculateur. Le pauvre Tatsuo devra se contenter, quant à lui, de l’emploi nullement enviable d’intermédiaire entre ces deux pôles d’influence, qui vont bientôt montrer leurs faiblesses.

En effet, après l’exposition pas sans intérêt et de premières rencontres du troisième type elles aussi exprimées de façon concluante, l’intrigue prend subitement congé de tout développement logique et organique pour mieux tourner en rond dans la boucle des préparatifs stériles d’un envahissement de la Terre. Les scrupules de Tatsuo, un guide-espion de moins en moins volontaire, n’y servent alors plus que de prétexte aux douleurs fantômes dans sa main droite, pendant que sa femme affolée cherche à comprendre les implications d’un danger vital, contre lequel elle est d’ores et déjà et comme par miracle immunisée. Cet immobilisme narratif n’est guère aidé par l’apparition assez anecdotique d’un deuxième récolteur de concepts et encore moins par le glissement vers cette quête d’un amour impossible – et au demeurant évoqué en des termes cinématographiques peu engageants –, une fois que des sentiments moins mielleux, comme l’orgueil ou la peur de mourir, ont été rajoutés sans conséquence notable au savoir des futurs occupants. C’est là un regrettable gâchis d’options futuristes passionnantes, à mettre au moins autant sur le compte de la pièce de théâtre de laquelle Invasion est l’adaptation cinématographique – elle-même la version courte d’une série que Kiyoshi Kurosawa a réalisée pour la télévision japonaise l’année dernière, un peu à la manière de Shokuzai qui était sorti en deux parties au cinéma en France au printemps 2013 – que sur celui de cette fâcheuse propension du réalisateur à insister lourdement sur les divers ressorts d’une fin, qui ne justifie que rarement les moyens et le temps investis pour parvenir jusqu’à elle.

Avec Invasion, on n’est certes pas parti aussi loin dans le délire grandiloquent de la suprématie de l’amour, sur fond d’effets spéciaux improbables, que dans Real du même réalisateur. Néanmoins, il ne reste pas moins frustrant que cette histoire au potentiel certain ne fait pas preuve de davantage de discernement pour éviter les mauvais choix scénaristiques et formels. Ces derniers sont portés au paroxysme, lors d’une conclusion qui anéantit les rares subtilités et nuances développées précédemment et quoiqu’il en soit en perte de vitesse, depuis que l’envahisseur a décidé avec une insouciance préjudiciable de jouer cartes sur table avec ses proies. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Tobias Dunschen. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

 

 

Le DVD

[4/5]

Côté DVD, la galette d’Invasion éditée par ARTE Éditions fait le boulot sans le moindre problème. L’image respecte pleinement la photographie du film, qui est bien sûr proposé dans son format d’origine respecté, et la définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre souci technique. L’éditeur, rôdé au support DVD depuis de nombreuses années maintenant, compose de manière très habile avec les qualités et les défauts d’un support en définition standard. Côté son, l’éditeur nous propose de découvrir le film en version originale et en Dolby Digital 5.1 le tout étant emballé dans un mixage bien enveloppant et relativement dynamique – mettons-nous bien d’accord, nous ne sommes pas chez Michael Bay, il s’agit principalement d’ambiances et d’effets d’échos ou de placements finement restitués…

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose les traditionnelles bandes-annonces du film et de quelques autres films de Kurosawa, mais également un livret de 12 pages dans le boîtier, contenant notamment un très intéressant entretien avec Kiyoshi Kurosawa.

 

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