Test DVD : Hors d’atteinte

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Hors d’atteinte

Etats-Unis : 1998
Titre original : Out of sight
Réalisation : Steven Soderbergh
Scénario : Scott Frank d’après le roman de Elmore Leonard
Interprètes : George Clooney, Jennifer Lopez, Ving Rhames
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h58
Genre : Policier, comédie, romance
Date de sortie cinéma : 2 décembre 1998
Date de sortie en combo DVD/BR : 12 mai 2021

 

Gentleman cambrioleur, Jack Foley moisit derrière les barreaux du pénitencier d’Etat de Glades en Louisiane. Cet homme qui a plus de cent casses sans armes à son actif ne rêve que de liberté et réussit à se faire la belle. Son copain Buddy Bragg l’attend de l’autre côté. Mais il y a également une visiteuse inattendue, le marshal Karen Sisco, une fort jolie femme venue délivrer une assignation. Elle tente de s’interposer et se retrouve prise en otage, enfermée dans un coffre de voiture en compagnie de Jack. Serré contre elle, Jack rêve d’une autre rencontre.

Le film

[3,5/5]

1998 : depuis sa Palme d’Or cannoise obtenue en 1989 avec Sexe, mensonge et vidéo, son premier long métrage, alors qu’il n’était âgé que de 26 ans, Steven Soderbergh a beaucoup de mal à supporter le poids de cette extraordinaire consécration et il se cherche. Certes, il a réalisé 5 longs métrages durant ces 9 années, des films qui abordaient des genres différents, thriller, policier, expérimentation, mais qui n’ont rencontré ni le succès critique ni le succès public. 1998 : depuis quelques années, le cinéma américain s’est mis à courtiser l’écrivain Elmore Leonard, Barry Sonnenfeld réalisant l’adaptation de Get shorty en 1995 et Quentin Tarantino celle de Jackie Brown en 1997. 1998 : la rencontre entre l’écrivain et le réalisateur se fait lorsque le scénario de Out of sight, un roman de Elmore Leonard paru 2 ans auparavant, est proposé à Steven Soderbergh. Ce dernier hésite car il a un autre film en tête, mais le patron d’Universal lui fait comprendre que c’est le genre d’occasion qu’il faut absolument saisir. Bonne pioche : le scénario, écrit, comme celui de Get Shorty, par Scott Frank, le futur créateur de la fameuse série Le jeu de la dame, va permettre à Soderbergh d’apporter sa touche personnelle, mélange de cinéma d’auteur et de cinéma commercial, lui donnant ainsi l’occasion de relancer sa carrière.

Hors d’atteinte est l’exemple type du film qu’il est impossible de faire rentrer dans un genre particulier. C’est à la fois un film de braquage et une comédie romantique, un film dans lequel le premier degré voisine avec le second degré, un film qui prend son temps pour avancer mais dans lequel le rythme est important. Film de braquage : Jack Foley, le personnage interprété par George Clooney, est un gentleman-braqueur qui n’a jamais eu de sang sur les mains, la première scène du film donnant un exemple savoureux de sa manière d’opérer, à base de rouerie et d’embobinage caractérisé. Ce qui ne l’empêche pas, parfois, de se retrouver derrière les verrous, lorsque, par exemple, sa voiture a bêtement refusé de démarrer à un moment crucial. Un homme d’affaires véreux, compagnon de prison, s’étant vanté de posséder chez lui des diamants bruts, lui et d’autres détenus du pénitentier de Glades envisagent de procéder à un casse dans sa luxueuse propriété dès leur sortie de prison. Comédie romantique : à la suite de son évasion du pénitencier, Jack Foley et la policière Karen Sisco, enlevée par Jack et Buddy Bragg, son meilleur ami, vont faire connaissance dans un coffre de voiture, cachette idéale pour s’évader et lieu parfaitement adéquat pour permettre le rapprochement d’un homme et d’une femme. Ils n’ont rien en commun, ils sont même aux antipodes l’un de l’autre, mais, dans une comédie romantique, cela n’a jamais empêché les sentiments de naître, bien au contraire ! Le premier degré ? C’est chez Karen qu’on le trouve, alors que le personnage de Jack, lui, avec ses facéties et ses œillades de play-boy cabotin, fait dans le second degré.

Même avec sa double casquette de film de braquage et de comédie romantique, même avec les prestations très réussis de ses comédiens et comédiennes, Hors d’atteinte resterait un film mineur s’il n’y avait pas la patte du grand réalisateur que sait être Steven Soderbergh et qui se remarque surtout dans la mise en scène et dans le montage. En effet, voici un film qui réussit à être constamment très rythmé tout en musardant du début jusqu’à la fin. C’est la construction même du film qui lui permet de prendre son temps, avec de fréquents flashbacks qui reculent l’échéance mais qui nous permettent, petit à petit, de connaître le passé de Jack Foley, de savoir comment il est arrivé au moment présent. Prendre son temps, oui, mais en gardant tout du long un grand sens du rythme avec des plans assez courts et des sautes de montage aussi bien que des arrêts sur image, lesquels installent la situation de façon précise et interrogent le spectateur sur la suite à lui donner. Il ne faut surtout pas oublier que Steven Soderbergh a une formation de monteur et qu’il a réalisé lui-même le montage d’un certain nombre des ses films, parfois sous son propre nom, le plus souvent en utilisant le pseudo Mary Ann Bernard, le nom de jeune fille de sa mère. Pour Hors d’atteinte, c’est Anne V. Coates qui est créditée pour le montage, mais il est infiniment probable que Soderbergh n’était jamais très loin lors de son travail. Par ailleurs, un certain nombre de scènes interpellent le spectateur qui se demande s’il s’agit de scènes oniriques ou de scènes réalistes, l’art de Soderbergh étant de semer la confusion en filmant ces scènes de façon réaliste alors que de nombreuses scènes dont on peut être certain qu’elles sont du domaine du réel sont filmées comme s’il s’agissait de purs fantasmes.

Lorsqu’ils tournent Hors d’atteinte, Jennifer Lopez, l’interprète de Karen Sisco, et George Clooney, sans être des débutants devant la caméra, ne font pas encore partie des grands noms du cinéma américain. Leur prestation dans le film de Soderbergh leur a ouvert une porte qu’ils ont su maintenir ouverte par la suite. George Clooney est d’ailleurs un des 3 comédiens que Soderbergh a le plus utilisé jusqu’à aujourd’hui. A leurs côtés, on note les prestations très réussies de Ving Rhames, de Luis Guzmán, de Dennis Farina et de Don Cheadle. Par contre, celle de Steve Zahn est moins convaincante car trop forcée. A sa décharge toutefois, c’est sans doute ce qu’on lui avait demandé ! On terminera par  l’évocation du travail de Elliot Davis, le Directeur de la photographie et celle de la partition musicale d’accompagnement : les éclairages et la photographie sont superbes et la musique, bien souvent, évoque irrésistiblement celle qui sera composée beaucoup plus tard pour la publicité de Nespresso. Coïncidence ?

Le DVD

[4/5]

C’est sous la forme d’un combo DVD/BR que Rimini Editions sort Hors d’atteinte : l’image du DVD est d’une qualité telle qu’il ne peut pas y avoir de doute quant à celle, HD, du Blu-ray, certainement splendide. Tant pour le DVD que le Blu-ray, on peut choisir VF ou VO, 5.1 ou 2.0, avec ou sans sous-titrage. Une différence toutefois : sur le DVD, on est dans le Dolby (aucun souci, le son est excellent) alors que, sur le Blu-ray, le son est en DTS-HD.

Le DVD ne présente qu’un seul supplément, également présent, bien sûr, sur le Blu-ray. Il s’agit d’une conversation de 32 minutes entre deux critiques de cinéma, Mathieu Macheret, du Monde, et Frédéric Mercier, de Transfuge. L’occasion de passer un bon moment à apprendre la genèse du film et à apprécier l’analyse très fine qui en est faite. Trois autres suppléments ne sont présents que sur le Blu-ray : Un commentaire audio du réalisateur, un making of de 24 minutes et 21 minutes de scènes coupées. Pour prendre connaissance des détails concernant ces suppléments, pour consulter l’avis de Mickaël Lanoye sur les qualités techniques du Blu-ray, et, enfin, pour avoir son avis éclairé sur le film c’est ici!

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