Test Blu-ray : Le justicier de minuit

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Le justicier de minuit

États-Unis : 1983
Titre original : 10 to midnight
Réalisation : Jack Lee Thompson
Scénario : William Roberts, Jack Lee Thompson
Acteurs : Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h41
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 13 juillet 1983
Date de sortie DVD/BR : 20 mai 2021

Leo Kessler est l’un des flics les plus expérimentés de Los Angeles. Avec son partenaire Paul McAnn, il se lance à la poursuite de Warren Stacey, un détraqué sexuel qui éventre ses victimes selon un rituel bien précis. Lorsqu’il parvient à l’arrêter, Kessler est effaré d’apprendre que la justice a remis le tueur en liberté, faute de preuves. Très vite, un autre meurtre est commis. Cette fois, Kessler est bien décidé à stopper l’assassin… mort ou vif !

Le film

[4/5]

Dans les années 80 aux États-Unis, après l’élection de Ronald Reagan, les républicains se sentent pousser des ailes : comme pour appuyer la politique ultra-sécuritaire prônée par le gouvernement, la mode est alors aux films mettant en scène des vigilantes moustachus parcourant le ghetto bazooka à la pogne afin de faire la chasse aux cocos, aux pédés, aux blackos, aux dealers, aux niakoués, aux violeurs… Les représentants les plus acharnés de ces moustachus revendicatifs étaient Chuck Norris et Charles Bronson, têtes d’affiche des productions Cannon de Menahem Golan et Yoram Globus.

Le justicier de minuit est le deuxième film tourné par Charles Bronson pour la Cannon, un an après Un justicier dans la ville 2. On évacuera cependant d’entrée de jeu la filiation entre ce nouveau film et la saga créée par Michael Winner en 1974. La référence au « Justicier » Paul Kersey présente dans le titre français du film n’est qu’un argument d’exploitation opportuniste et commercial, créé de toute pièce par le distributeur français de l’époque. Le justicier de minuit n’appartient pas à la franchise Death wish. Non non. N’empêche que bon.

On ne pourra nier non plus que le le Paul Kersey d’Un justicier dans la ville et le Leo Kessler du Justicier de minuit sont probablement cousins germains… Si le personnage principal change de patronyme, le film s’amusera également volontiers, comme ses grands frères, à nous balancer de bonnes grandes leçons de vie bien définitives, les débordements de violence habituels étant évidemment justifiés par le fait que la famille de notre vaillant héros soit attaquée de la façon la plus vile qui soit – le serial killer qui sévit dans le film aime en effet à se balader à oilpé pour commettre ses méfaits.

A la façon d’un film tel que Horreur dans la ville, sorti l’année précédente et mettant en scène Chuck Norris, Le justicier de minuit se concentrera énormément sur son « méchant », cet odieux mais fascinant serial killer incarné à l’écran par Gene Davis. Derrière la caméra, Jack Lee Thompson développera une certaine fascination pour le personnage, s’inscrivant en partie dans la tradition des grands « psycho-killers » du début des années 80 réalisés dans la foulée du Maniac de William Lustig : esthétique urbaine très sombre, plans serrés sur le visage du tueur, caméra fébrile… Voila un tueur qui suscite, dans un premier temps, un certain malaise chez le spectateur.

Dans un premier temps seulement, puisque le cinéaste choisira finalement par la suite de prendre ses distances avec le réalisme en utilisant, lors de ses scènes de meurtres, non plus les codes du psycho-killer en mode « sérieux », mais ceux du slasher, très en vogue à Hollywood en ce début des années 80. Filles dénudées dans tous les coins, courses-poursuites à travers les bois ou les dortoirs d’étudiantes… Le tout bien sûr mis en scène avec une certaine maestria et un Art du découpage assez habile, tout étant fait pour nous éviter la vision du zgeg du tueur ! Vous l’aurez compris, l’idée directrice du Justicier de minuit est à l’exagération – ce qui permettra d’ailleurs au personnage principal incarné par Charles Bronson de se laisser aller à tous les débordements.

Dans un premier temps, il fabriquera donc de toutes pièces de fausses preuves pour faire coffrer son suspect. Tout est permis, la maxime directrice du film nous étant livrée telle quelle par Charles Bronson juste avant le lancement du dernier acte du Justicier de minuit : « Oubliez ce qui est légal… Faites ce qui est juste ! » Il sera donc finalement assez logique que le générique de fin arrive juste après que la balle de la justice ait été se loger dans la tête du Naked Maniac après une ultime provocation de sa part – peu importe finalement si ledit tueur était désarmé et immobilisé. Du bon gros Badass. Hey, c’est du Bronson, vous vous attendiez à quoi ?

Il est inutile de chercher à sur-analyser Le justicier de minuit, tout autant que ses diverses implications sociales et politiques. Il s’avère tout aussi vain de débattre sur le côté ouvertement nauséabond véhiculé par le film : il s’agit en effet d’une production Cannon, pur produit de l’ère Reagan – entendez par là un gros divertissement bien bourrin et délicieusement beauf. Relaxez-vous donc, et concentrez-vous sur le savoureux fumet de kitscherie hilarante que dégage le film.

Le Blu-ray

[4/5]

Côté Blu-ray, la galette du Justicier de minuit éditée par Sidonis Calysta s’en sort haut la main : l’image propose un très net gain de définition tout en conservant de façon assez scrupuleuse le grain d’origine. Dans l’ensemble, et même s’il ne s’agit probablement pas d’une restauration récente, l’encodage parvient à s’imposer sans trop de peine, avec des couleurs vives et des contrastes solides, nous offrant au final des plans solides, avec un joli piqué. L’ensemble n’est pas forcément toujours du même tonneau, mais globalement, l’upgrade est bien réel, c’est du beau travail, satisfaisant. Niveau audio, les deux pistes sonores (VF / VO) sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, dans des mixages clairs et sans souffle. Le doublage français d’époque, assuré entre autres par Jean-Claude Michel, Céline Monsarrat, Georges Poujouly, Lambert Wilson ou encore Jacques Dynam, est vraiment tout particulièrement savoureux – on retient surtout le « allez vous faire enculer ailleurs » balancé par Bronson à la fin de la séquence de procès…

Côté suppléments, Sidonis Calysta nous propose tout d’abord une présentation du film par Gérard Delorme (12 minutes). Il y reviendra sur le contexte de production du film ainsi que sur les particularités du projet s’étant, pour certaines, complètement perdues en route. On terminera avec un documentaire sur Charles Bronson intitulé « Charles Bronson, un héros populaire » (40 minutes), qui reviendra (beaucoup) sur la vie privée de l’acteur ainsi que (un peu) sur sa carrière. Sobre et relativement complet, ce documentaire d’une quarantaine de minutes donne la parole à plusieurs amis de Bronson. Intéressant.

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