Test DVD : Carré 35

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Carré 35

 
France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Éric Caravaca
Scénario : Éric Caravaca, Arnaud Cathrine
Éditeur : Pyramide Vidéo
Durée : 1h04
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : 1 novembre 2017
Date de sortie DVD : 7 novembre 2018

 

 

« Carré 35 est un lieu qui n’a jamais été nommé dans ma famille ; c’est là qu’est enterrée ma sœur aînée, morte à l’âge de trois ans. Cette sœur dont on ne m’a rien dit ou presque, et dont mes parents n’avaient curieusement gardé aucune photographie. C’est pour combler cette absence d’image que j’ai entrepris ce film. Croyant simplement dérouler le fil d’une vie oubliée, j’ai ouvert une porte dérobée sur un vécu que j’ignorais, sur cette mémoire inconsciente qui est en chacun de nous et qui fait ce que nous sommes… »

 

 

Le film

[3,5/5]

« Chaque famille a son histoire. Ce roman d’une vie, démultiplié à travers le prisme des frères et sœurs, des parents et grands-parents, des oncles et tantes, ne concerne en général qu’un cercle restreint de personnes, conformément à la règle de pudeur largement répandue dans notre civilisation, qui veut que le linge sale se lave en interne, sans importuner les autres, ni s’exposer à leur jugement. D’un point de vue cinématographique, l’exploit consiste alors à sortir de ce cadre intime, afin de mieux en dégager les implications universelles, bref, de happer l’attention du spectateur anonyme tout en préservant l’essence personnelle du récit. Il n’est pas certain qu’Eric Caravaca, qui enfile ici pour la deuxième fois la casquette de réalisateur, onze ans après la sortie de la fiction Le Passager, ait d’emblée visé aussi haut, vu que le comédien donne plutôt l’impression d’être un homme introspectif et humble. Carré 35 est néanmoins un documentaire extrêmement beau, certes grave par son sujet et son propos, quoique empreint d’une forme de morbidité noble, qui cherche autant à dévoiler qu’à comprendre la vérité longtemps cachée de la famille Caravaca Oliva. La démarche de ce fils, meurtri par une absence inexplicable, a ainsi beau mettre sur la place publique des contradictions et des griefs anciens, qui ne laissent guère apparaître sa famille sous un jour favorable, il enquête en simultané sur les raisons plus abstraites du silence pesant autour de sa sœur aînée, décédée prématurément. (…)

Inutile de se voiler la face, chaque famille cache quelque part des cadavres plus ou moins macabres. Dans Carré 35, que nous avons pu rattraper grâce à l’engagement toujours aussi recommandable du Festival d’Albi en faveur du documentaire, Eric Caravaca partage les siens avec le public d’une manière particulièrement saisissante. Sur le banc des accusés ne s’y trouve pas tant la génération des pères, de toute façon sur le point de disparaître, que la culture néfaste du silence, pourtant si facile à rompre à condition d’avoir affaire au bon interlocuteur au bon moment. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Tobias Dunschen. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

 

 

Le DVD

[4,5/5]

Après une courte carrière en salles ayant attiré presque 100.000 spectateurs, le beau documentaire d’Eric Caravaca Carré 35 débarque en DVD sous les couleurs de Pyramide Vidéo, offrant la possibilité au public français de (re)découvrir ce petit trésor de pudeur et de sensibilité. L’éditeur nous propose d’ailleurs une galette numérique en tous points excellente : la définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression à l’horizon. La gestion des différents formats de prise de vue est parfaitement assurée par l’éditeur, rôdé au support DVD depuis de longues années, et Pyramide nous propose de fait un encodage maîtrisé. Côté son, la version française est proposée en Dolby Digital 5.1, dans un mixage aux effets discrets, privilégiant de façon très nette l’ambiance aux effets spectaculaires (qui seraient de toutes façons hors sujet étant donné l’esprit du film).

La section suppléments est tout particulièrement fournie, puisque Pyramide Vidéo nous propose de nous plonger dans environ une heure de sujets consacrés à la famille. On commencera avec Kabuki, atelier d’expression corporelle avec les enfants trisomiques de l’Institut IMP Binet Simon et le chorégraphe Thierry Thieû Niang. On continuera avec un entretien avec Serge Tisseron, psychanalyste, qui reviendra, entre autres, sur les répercutions psychologiques que peuvent avoir les « non-dits » avec les enfants, le sentiment de honte et de culpabilité que cela peut développer chez eux. Le sujet suivant, assez étrange, est consacré à des images issues du musée d’anatomie de Montpellier, et l’on reprendra ensuite la route du divan avec un entretien avec Claude Nachin, psychanalyste, qui reviendra sur la question du deuil, et notamment des deuils difficiles. Enfin, on terminera avec « La mémoire et la mort » et « Pascal, fils de Francisco », deux segments documentaires assez émouvants d’une durée totale d’un peu moins de dix minutes, qu’Eric Caravaca aurait pu intégrer à Carré 35 : une belle scène au cœur de laquelle le réalisateur, au cimetière, les photos de toutes ces inconnues qui pourraient être sa sœur, et la rencontre avec Pascal, cousin du cinéaste, qui évoque la perte d’un père qu’il n’a quasiment pas connu. La traditionnelle galerie de photos prises par le réalisateur ferme le bal.

 

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