Test Blu-ray : Us

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Us

 
États-Unis, Japon : 2019
Titre original : –
Réalisation : Jordan Peele
Scénario : Jordan Peele
Acteurs : Lupita Nyong’o, Winston Duke, Elisabeth Moss
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h56
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 20 mars 2019
Date de sortie DVD/BR : 24 juillet 2019

 

De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime… Les Wilson vont devoir affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles…

 


 

Le film

[4,5/5]

Avec 265 millions de dollars de recettes et une pelletée de récompenses (dont l’Oscar du meilleur scénario), Get out a véritablement créé la surprise en 2017, avec son curieux récit fantastique teinté d’un féroce discours social sur les États-Unis et la place qu’ils réservent aux noirs. Succès populaire, reconnaissance critique, nominations aux plus prestigieuses cérémonies (Oscars, Golden Globes, Bafta…) : il n’en fallait pas moins pour que Jordan Peele et Jason Blum se sentent pousser des ailes. Ainsi, pour son deuxième film d’horreur au sujet toujours aussi fortement teinté de politique, Jordan Peele s’est vu allouer les moyens de ses ambitions par ses producteurs – le budget annoncé de Us est de 24,6 millions de dollars, alors que Get out n’avait quant à lui bénéficié que de 4,5 millions.

La différence de budget entre les deux projets se ressent d’ailleurs très clairement à l’image, Us affichant des cadres superbes et une photo tout aussi extraordinaire signée Mike Gioulakis (John dies at the end, It follows, Split, Glass…). Un soin tout particulier a également été porté aux décors, ce qui fait au final du film de Jordan Peele un spectacle formellement somptueux, très supérieur à Get out sur ce point. Du point de vue du récit (rassurez-vous, on va s’efforcer de ne pas trop SPOILER le contenu de l’intrigue), Jordan Peele a cette fois fait le choix d’opter pour un « home invasion » virant rapidement à la science-fiction tendance Body snatchers et au fantastique, évoquant par certains aspects l’univers de Stephen King – difficile en effet de ne pas penser aux revenants de Cellulaire à la découverte des « reliés », ceux « d’en bas », qui semblent bien déterminés à envahir la surface. A la différence près bien sûr que Jordan Peele ne se sépare pas de la féroce conscience sociale qui faisait tout le sel de son premier film, soulignant ici la violence contenue d’un pays proche de l’implosion, et où les différences de classe et de race se font toujours âprement sentir. Car bien sûr, comme l’indique le double-sens de son titre – Us pour « nous » mais également pour « United States » – ce nouveau film fantastique est aussi un film sur les États-Unis d’aujourd’hui, ce qui est clairement établi par le personnage de « Red » : alors qu’on lui demande qui ils sont, elle répond tout simplement « Nous sommes des… américains ».

Au centre du récit, mais également fréquemment rappelée à l’image par le biais de symboles ou de détails visuels (le frisbee, l’araignée…), la thématique du double s’impose comme un élément vraiment incontournable de Us. Gourmand, le scénariste / réalisateur se fait vraiment plaisir du point de vue des sens cachés et des niveaux de lecture, au point peut-être même de donner l’impression de vouloir un peu trop en dire, de proposer une œuvre trop riche, trop foisonnante d’idées : de fait, Us est une espèce de film-puzzle pouvant tout à fait être vu comme un efficace film fantastique, mais aussi comme un pamphlet évoquant autant la condition des laissés pour compte du système capitaliste (gilets jaunes en France, tuniques rouges pour Peele) que l’hypocrisie de certains afro-américains se sentant obligés de se créer un « masque » de WASP – on le voit tout particulièrement avec le père de famille incarné par Winston Duke, tiraillé entre les classiques de la culture rap (Luniz et le fameux « I got five on it ») et son consumérisme forcené, né de son désir de rentrer dans le moule de la classe dominante (la plage, le bateau, la villa en bord de mer). Les belles idées du programme « Hands across America » en prendront aussi pour leur grade, mais on vous laisse découvrir comment l’amertume de Jordan Peele s’exprimera à l’écran. D’autres références parsèment également le film, liées par exemple au motif du miroir : on pense bien sûr aux Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, d’autant que le « lapin blanc » tient une place toute particulière dans le métrage…

Du côté des acteurs, on saluera principalement la performance de Lupita Nyong’o, qui éclipse à elle seule presque toutes les autres. Littéralement tétanisante, elle porte sur ses épaules une partie de la réussite d’un film décidément complexe et passionnant, dont vous ne pourrez pas faire le tour en un seul visionnage. Du lourd !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est Universal Pictures qui nous propose aujourd’hui de découvrir Us au format Blu-ray, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat ici est absolument superbe : définition au taquet, piqué d’une précision redoutable, couleurs éclatantes de naturel… En trois mots, un excellent boulot. Le master est littéralement sublime avec un piqué d’une précision absolue ; les contrastes sont très affirmés, les noirs d’une profondeur abyssale, c’est du très beau travail. Côté son, seule la VO est proposée en Dolby Atmos (bon confort d’écoute, bon dynamisme, immersion absolue, surtout lors des passages de « flippe » et ceux dans le monde « d’en bas » qui en envoient littéralement plein les canaux et plein les oreilles), mais la VF n’est pas en reste puisqu’elle est mixée en Dolby Digital + et propose de nombreux et excellents effets multicanaux et un rendu acoustique absolument bluffant.

Rayon suppléments, on aura droit aux habituelles featurettes chères à l’éditeur, qui malgré leur côté un peu « promo » quadrillent tout de même bien le boulot effectué par l’équipe du film. Le tout est très souvent assez passionnant, et bien sûr proposé en Haute-Définition et VOST : que demande le peuple ? La première featurette, intitulée « Les monstres ancrés en nous » (5 minutes) portera un regard plus attentif sur les quatre personnages principaux et les questions liées à leur représentation au cœur une intrigue très liée à la notion de double. La deuxième, « Reliés ensemble : le double nous » (8 minutes), explore les défis auxquels les acteurs et le cinéaste ont été confrontés lors du tournage de chaque scène en deux fois, une pour chaque personnage. La featurette suivante, intitulée « La redéfinition d’un genre : l’horreur selon Jordan Peele » (6 minutes), parlent de la passion du cinéaste pour l’horreur, de ses films préférés dans le genre horreur / fantastique, de ses influences et inspirations, de sa façon d’aborder la mise en scène et la direction d’acteurs. « La dualité du nous » (10 minutes) permettra à Jordan Peele de revenir sur le thème, récurrent au cinéma, du doppelgänger, de sa mythologie propre et des différents thèmes politiques et sociaux abordés par le film. « Devenir red » (4 minutes) sera comme son titre l’indique d’avantage tourné vers la prestation phénoménale de Lupita Nyong’o, et sur la façon peu commune de rentrer dans la peau de son personnage.

On reviendra ensuite dans la section « Scènes décortiquées » sur trois scènes clés du film, commentées par les acteurs et le cinéaste, avec notamment quelques comparaisons avec le story-board : on reviendra sur « Le massacre de sept secondes » (3 minutes), « C’est un piège » (2 minutes) et « Je veux retrouver ma petite fille » (3 minutes). On continuera avec un peu moins de sept minutes de scènes coupées, parfois très intéressantes, puis avec une série de prises alternatives de la scène de la plage (« Nous allons tous mourir », 7 minutes) et de la scène de « danse » entre Zora et Umbrae (« En haut comme en bas : Grand pas de deux », 5 minutes). Un tour du propriétaire complet et passionnant !

 

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