Test Blu-ray : The House (Skinamarink)

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The House

États-Unis : 2022
Titre original : Skinamarink
Réalisation : Kyle Edward Ball
Scénario : Kyle Edward Ball
Acteurs : Lucas Paul, Dali Rose Tetreault, Ross Paul
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h39
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 4 octobre 2023

Deux enfants se réveillent au milieu de la nuit pour découvrir que leur père a disparu et que toutes les fenêtres et les portes de leur maison ont disparu. Cette nuit-là, une étrange présence se fait ressentir…

Le film

Il est difficile d’aborder The House (Skinamarink) sans replacer un minimum le film dans son contexte de tournage, et au cœur de la carrière de Kyle Edward Ball. Si le nom de ce cinéaste ne dira absolument rien à la plupart des cinéphiles, les plus curieux connaissent peut-être sa chaîne YouTube, « Bitesized Nightmares », qui regorge littéralement de courts-métrages dont le but est de recréer à l’image les cauchemars des internautes.

Étrangement, les cauchemars des abonnés de la chaîne YouTube de Kyle Edward Ball comportent des éléments récurrents : on y retrouve souvent des enfants, seuls et paumés au cœur d’une maison à la fois familière et étrangère, avec des parents ayant disparu, et un monstre tapi dans l’ombre. C’est en s’inspirant de ces singuliers courts-métrages que le cinéaste a eu l’idée de transposer le concept au cœur d’un long-métrage, The House (Skinamarink) donc, qui s’impose de fait comme un film quasi-expérimental, une expérience unique, susceptible de provoquer chez le spectateur soit une étrange fascination, soit un rejet quasi-épidermique.

Tourné en sept jours avec une équipe de trois personnes et un budget de 15.000 dollars dans la maison d’enfance du réalisateur, The House (Skinamarink) proposera au spectateur d’adopter le point de vue de deux jeunes enfants, Kevin et Kaylee, 4 et 6 ans. La majeure partie du film est constituée de longs plans statiques, filmés « à hauteur d’enfant », c’est à dire du point de vue d’un gamin qui porte le regard en direction de murs, de lits, de portes entrouvertes, en tentant de percer l’obscurité impénétrable qui les entoure. La caméra s’attarde sur des murs vides, des planchers couverts de jouets, et la bande-son est constituée de faibles chuchotements, de grattements, de sons étouffés perçus à travers les murs et de bruits sourds sur les planchers et les plafonds. La principale source de lumière provient d’un dessin animé passant en boucle à la télévision, cette dernière semblant énorme et imposante du point de vue de la caméra au sol.

En d’autres termes, The House (Skinamarink) pousse le concept du « found footage » dans ses ultimes retranchements, et en demande assurément beaucoup au spectateur. On peut supposer que les spectateurs qui s’étaient chié dessus à la découverte de Blair Witch Project il y a vingt-cinq ans vivront une des expériences les plus effrayantes de leur existence. Pour les autres, The House (Skinamarink) représentera probablement 1h40 de souffrances ininterrompues, dans le sens où, on le répète, l’écrasante majorité du film de Kyle Edward Ball est composée de plans statiques et non narratifs nous donnant à voir des couloirs vides, des plinthes, des Legos et d’extraits de vieux dessins animés d’Ub Iwerks et de Dave Fleischer, le tout étant délibérément cadré de manière à ce que le spectateur ne comprenne pas forcément ce qui lui est montré. En d’autres termes, si vous pensiez que le found footage était le niveau zéro du cinéma d’horreur, il se pourrait bien que vous reconsidériez votre avis sur Blair Witch Project en vous disant que, bah, finalement, le film de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez n’était peut-être pas si mal.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le visionnage de The House (Skinamarink) constitue une expérience visuelle et sonore absolument unique. En termes d’évolution narrative, les plans « utiles » faisant avancer l’intrigue représentent au maximum quinze minutes de métrage – de courts passages qui s’avèrent occasionnellement bizarres et intrigants, et auraient probablement pu donner un court-métrage intéressant.

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est ESC Éditions qui nous propose aujourd’hui de découvrir The House (Skinamarink) sur support Blu-ray, et on ne peut que saluer la franche audace de l’éditeur d’oser proposer en Haute-Définition un film aussi original, qui sera amené à diviser les spectateurs en deux camps absolument irréconciliables, voire même à provoquer une franche hostilité du côté de ceux qui, à coup sûr, vont le détester et s’empresser de le faire savoir sur les réseaux. Du côté du master, la définition est d’une précision remarquable, malgré les bidouillages sur l’image afin de lui donner un côté « vintage ». Les noirs sont très stables, et c’était indispensable puisque quasiment tout le film se déroule dans une obscurité quasi-totale. Côté son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1, et tous deux font le taf sans aucun problème. Naturellement, on trouvera un peu plus de finesse et une spatialisation plus spectaculaire sur la version originale, mais la VF n’a globalement pas à rougir de sa prestation technique, dynamique et enveloppante en diable : du très beau travail.

La section suppléments du Blu-ray de The House (Skinamarink) est absolument remarquable, car mine de rien, elle permettra aux spectateurs ayant détesté le film de tenter de comprendre ce que les spectateurs ayant été séduits par l’expérience trouvent au film de Kyle Edward Ball, et pourront même lui donner quelques clés de compréhension qui pourraient, éventuellement, lui donner envie de le revoir dans un état d’esprit différent. On commencera donc par une présentation du film par Judith Beauvallet (15 minutes), au cœur de laquelle la critique / YouTubeuse remettra le film dans son contexte de création, afin d’orienter sa réflexion sur l’horreur à l’ère de la « culture Internet ». On continuera ensuite avec une autre figure de la rédaction d’Ecranlarge, à travers une passionnante présentation du film par Simon Riaux (20 minutes), qui reviendra avec le talent qu’on lui connaît sur les singularités du film et les raisons pour lesquelles il s’est laissé transporter par The House (Skinamarink). Enfin, les plus curieux pourront se plonger dans un commentaire audio de Kyle Edward Ball, accompagné du directeur de la photographie Jamie McRae, qui reviendront sur la création et la production du film (VOST).

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