Test Blu-ray : Selle d’argent

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Selle d’argent

 
Italie : 1978
Titre original : Sella d’argento
Réalisation : Lucio Fulci
Scénario : Adriano Bolzoni
Acteurs : Giuliano Gemma, Sven Valsecchi, Geoff Lewis
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h34
Genre : Western
Date de sortie DVD/BR : 2 octobre 2018

 

 

Voulant contester la vente d’un terrain auprès du propriétaire Richard Barrett, un fermier et son fils vont trouver son homme de main. Pour toute réponse, ce dernier tue le père. Le garçon ramasse l’arme et abat froidement le meurtrier, puis emporte avec lui sa belle selle d’argent. Quelques années plus tard, sous le nom de Roy Blood, l’enfant est devenu un chasseur de primes redouté. Un jour, on lui propose de régler une affaire mettant en cause le frère de Barrett…

 

 

Le film

[3,5/5]

Surtout connu auprès des amateurs de westerns spaghetti comme le dernier représentant du genre avec le très intéressant Adios California (Michele Lupo, 1977), Selle d’argent a une importance historique certaine, dans le sens où il marque véritablement la « fin d’une époque ». La fin d’une époque pour le western transalpin bien sûr, après une dizaine d’années de bons et loyaux services rendus au cinéma populaire italien ; mais ce western marque également un tournant dans la carrière de cinéaste de Lucio Fulci. En effet, Selle d’argent marque en quelque sorte la fin des « vaches maigres » pour le cinéaste : c’est à la suite de l’échec commercial de ce film qu’il se lancera à corps perdu dans le cinéma d’horreur « gore » avec L’enfer des zombies, film majeur qui lui apporterait la gloire et le succès un peu partout autour du monde.

Bien sûr, si l’on s’amuse à chercher les signes « annonciateurs » de sa période gore à venir au cœur de Selle d’argent, il y a de fortes chances que l’on trouve quelques éléments : l’introduction du film présente par exemple un ton très noir et désespéré, notamment dans le meurtre de Luke et la façon très froide avec laquelle Fulci fait durer la séquence, s’attardant sur le personnage du jeune garçon, tétanisé, regardant longuement le cadavre, comme éteint. On trouvera également une certaine insistance de Fulci sur les impacts de balles sanguinolents, le cinéaste multipliant les inserts aussi sanglants qu’efficaces lors de quasiment chaque gunfight. Mais en toute honnêteté, mettre en avant cet aspect pour vanter les mérites du film serait un brin de mauvaise foi : le maître mot de Selle d’argent est avant tout l’efficacité, la personnalité de cinéaste de Fulci s’effaçant quelque peu devant le respect du genre, et la volonté de signer un western carré, solide, répondant pleinement et complètement aux codes du western traditionnel.

Ainsi, avec son cowboy solitaire assoiffé de vengeance, ses méchants impitoyables, ses lieux typiques du genre (saloon, bordel, cimetière, etc) et ses gunfights longs et nombreux, Selle d’argent s’impose comme un excellent western familial, très orienté bande dessinée et sans prétention, et rappellera à beaucoup de spectateurs les BD d’aventures éditées par Lug (Rodéo, Yuma, Miki le ranger…) qu’ils feuilletaient enfants, à l’ombre sur le balcon, un verre de Tang posé à côté des Big Jim. Bref, autant dire que le film de Lucio Fulci sent bon les grandes vacances… C’est d’autant plus flagrant que le film met en scène un jeune garçon (aux côtés de Giuliano Gemma et Geoff Lewis), et que si l’on excepte un final en forme de « gag » probablement hérité des films du duo Bud Spencer / Terence Hill, l’ensemble est tenu avec un sérieux imperturbable. Un bon petit western donc !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Après des années d’attente, Selle d’argent arrive enfin en France dans un Combo Blu-ray / DVD, sous les couleurs d’Artus Films, qui s’offre par cette occasion le premier Blu-ray de sa riche collection « Western Européen ». Et côté galette Haute Définition, le film s’offre une belle présentation, à la colorimétrie absolument superbe ; si le piqué s’avère certes un peu doux, on pourra mettre cela sur le compte de la photographie du film signée Sergio Salvati. Le grain cinéma a été préservé, et l’ensemble nous propose au final un rendu HD assez enthousiasmant. Côté son, seule la VO italienne est proposée par l’éditeur, et pour cause : le film est inédit en France, il n’en existe pas de version française. Le film est donc proposé dans un mixage LPCM 2.0, dans un mixage clair et propre, respectant parfaitement la patine old school du film.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose une série de bonus relativement complète et surtout assez variée et intéressante. On commencera avec la traditionnelle galerie de photos, pour enchainer avec un document très intéressant : la version teintée du prologue du film, qui s’avère la même que celle que l’on peut voir dans le film mais dans une version fortement teintée de jaune – ce subterfuge a été utilisé à l’époque pour que l’on ne remarque pas que les yeux de Giuliano Gemma et du jeune acteur qui joue son personnage dans le prologue ont des yeux de couleurs différentes. Amusant ! On poursuivra avec un entretien avec Bruno Micheli, monteur du film, qui évoquera sa carrière ainsi que son boulot sur le film. Mais l’éditeur a encore une interview de choix dans sa manche, puisqu’on aura ensuite droit à un très intéressant entretien croisé avec Fabio Frizzi et Giuliano Gemma, au cœur duquel le compositeur et l’acteur principal évoquent, avec un certain humour d’ailleurs, leurs souvenirs du tournage.

Les deux suppléments suivants sont tournés en français, et donnent la parole à deux « habitués » de chez Artus Films. On aura donc la possibilité de voir et écouter une présentation du film par Alain Petit, qui reviendra sur la carrière de Lucio Fulci et le fait que beaucoup de ses films soient longtemps restés inédits en France malgré leurs grandes qualités. Spécialiste de Jess Franco, il racontera également une anecdote sur le cinéaste espagnol, celui-ci lui ayant révélé en 1973 qu’un jeune réalisateur italien –alors relativement inconnu- éprouvait une grande admiration à son égard, au point d’avoir réalisé un remake de son film Les yeux verts du diable (Necronomicon – Geträumte Sünden, 1968). Après quelques recoupements et en comparant les intrigues deux films, Alain Petit en est venu à la conclusion que Franco évoquait Le venin de la peur (1971). Un élément d’analyse intéressant, que personne à notre connaissance n’avait jusqu’ici pris le soin de souligner – on est maintenant curieux de découvrir le film en question, histoire de le comparer avec le petit classique du giallo signé par Fulci en 71. On terminera avec une présentation du film par Lionel Grenier, au cœur de laquelle le fondateur du site luciofulci.fr revient en détails, et avec l’esprit synthétique qu’on lui connaît, sur le western de Fulci et sur son contexte de tournage.

 

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