Intégrale Claude Berri #13 : Uranus (1990)

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Uranus

 
France : 1990
Titre original : –
Réalisation : Claude Berri
Scénario : Claude Berri, Arlette Langmann
Acteurs : Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret
Durée : 1h40
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 12 décembre 1990

Note : 5/5

Quel est donc le meilleur film de Claude Berri en tant que réalisateur ? Si beaucoup lui ont reproché, tout au long de sa carrière, son inclinaison à pratiquer le cinéma de façon un poil trop académique, on a aussi tendance à penser que le déploiement manifeste d’une époustouflante maestria technique n’aurait peut-être pas été du meilleur goût dans le cas de la plupart des sujets qu’il choisissait d’aborder sur grand écran. Uranus est de ceux-ci : un film littéralement extraordinaire servi par la réserve, la simplicité et l’académisme dont fait preuve Berri à l’écran afin de dépeindre les relations croisées d’une brochette de personnages au lendemain de la guerre 39-45.

 

 

Synopsis : Printemps 1945. Une petite ville de province est détruite par les bombardements. Tout le monde devrait se réjouir que la guerre soit enfin terminée mais entre les communistes et les « collabos » la paix a bien du mal à s’installer. La tension monte lorsque la communauté apprend que Maxime Loin, auteur d’articles pro-hitlériens pendant l’Occupation, est revenu et se cache quelque part dans la ville…

 

 

A l’origine du film, il y a bien sûr l’œuvre de Marcel Aymé, écrivain controversé. « Uranus » paraît en 1948, et s’avère l’occasion pour l’écrivain de régler quelques comptes avec la société française. Profondément persuadé que nul n’est réellement ni « tout noir » ni « tout blanc » (il refusera même la légion d’honneur en s’en estimant indigne suite à un blâme reçu à la libération), il profite de cet ouvrage pour fustiger tout autant les collabos que les revanchards de l’épuration, tout en balançant ses quatre vérités au parti communiste et en ironisant largement sur l’attitude du peuple français sous l’occupation comme à la libération. Lâches, méchants, arrivistes, voire carrément imbéciles, les français peuplant le microcosme choisi par Marcel Aymé ne sont, pour la plupart, guère fréquentables – mais ce sont des humains, avec leurs failles et leurs faiblesses, des humains guidés par un instinct de conservation qui les pousse à s’adapter aux événements, aussi hasardeux, fragiles et fugaces puissent-ils être. Que l’Histoire leur donne tort ou raison, dans chaque camp, on ne trouve finalement que des hommes. Évidemment, on ne s’étonnera pas de l’attirance de Claude Berri pour le récit de Marcel Aymé – le cinéaste a toujours pris grand soin, depuis ses tous débuts, de présenter au spectateur des personnages dont on ne juge en aucun cas les actes, en cherchant au contraire à comprendre à leurs côtés un peu de leurs motivations, et à partager un peu de leur humanité.

Très fidèle au roman d’origine, l’Uranus de Claude Berri dépeint donc les tensions régnant dans un petit village français au lendemain de la Libération. Les personnages sont nombreux, très différents les uns des autres, et le spectateur flânera aux côtés des uns et des autres au fil d’une existence désormais rythmée par les dénonciations, les traques, les mensonges ou les trafics en tous genres. Le film nous introduit donc auprès d’un échantillon de français rongés par le remords, le ressentiment ou cherchant au contraire à voir le « beau », le positif dans toute chose. Noire mais souvent très drôle, cette plongée dans la condition humaine, sans héros ni salauds, est portée par une série d’acteurs merveilleux : Jean Pierre Marielle, Gérard Depardieu, Philippe Noiret, Michel Galabru, Fabrice Luchini, Michel Blanc, Daniel Prevost… Tous sont parfaits, et contribuent au ton grinçant, drôle et pathétique d’Uranus.

 

 

Conclusion

S’il fallait ranger Uranus dans une « case », difficile de lui trouver un genre. Trop emphatique, et probablement pas assez manichéen pour être une comédie, le film s’avère également au contraire bien trop burlesque (grâce au personnage haut en couleurs de Gérard Depardieu) pour être un drame. Alors finalement, le plus simple est probablement de simplement le ranger dans la catégorie des chefs d’œuvres. « Mon Dieu, c’est-il possible. Enfin voilà un homme ! Voulez-vous du vin blanc ou voulez-vous du rhum ? »

 

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