Test Blu-ray : Scandale

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Scandale

États-Unis : 2019
Titre original : Bombshell
Réalisation : Jay Roach
Scénario : Charles Randolph
Acteurs : Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h49
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 22 janvier 2020
Date de sortie DVD/BR : 27 mai 2020

Sur la chaine de TV Fox News, le dirigeant Roger Ailes règne en maître. Il fait et défait les carrières des journalistes, sur tout celles des femmes, quitte à leur demander des « faveurs » pour faire avancer leurs carrières. Mais bientôt un vent de révolte se met à souffler. Une des présentatrices vedettes décide d’engager un procès à son encontre. L’empire médiatique se met alors à trembler…

Le film

[3,5/5]

Derrière chaque nouvelle « affaire », chaque nouveau scandale ou chaque nouvelle controverse, il y a un jour eu un « lanceur d’alerte » : une personne ou un groupe de personnes qui, ayant connaissance d’un danger, adresse un signal d’alarme afin d’enclencher un processus de régulation ou de mobilisation collective. Snowden, Seule contre tous, Erin Brockovich, The informant, Pentagon papers, La fille de Brest, Au nom des femmes…. Depuis le tournant de l’année 2000, la liste des films inspirés par le phénomène des lanceurs / lanceuses d’alerte ne cesse de s’allonger. Sorti en 2019 sur les écrans du monde entier, Scandale revient sur les affaires de harcèlement sexuel ayant secoué Fox News en 2016, qui ont à l’époque forcé à la chaîne à négocier le départ anticipé de Roger Ailes contre 40 millions de dollars (!). La lanceuse d’alerte était la présentatrice Gretchen Carlson, qui serait suivie de Megyn Kelly, également présentatrice sur Fox News, et d’une vingtaine d’autres femmes.

A de très rares exceptions près, le principal intérêt de ces adaptations plus ou moins romancées de faits réels n’est pas d’ordre purement cinématographique – leur valeur tient surtout dans le courage et les prises de position que véhicule la mise en chantier d’un projet dénonçant telle ou telle affaire, qu’elle soit d’État ou dénonçant des entreprises privées. C’est un peu l’idée de la « double peine » : après avoir secoué une première fois l’opinion publique – bien souvent à petite échelle – le film sur le scandale en question en remettra encore une couche, en revenant de façon didactique sur les tenants et aboutissants de l’affaire, sur le courage de ces personnes de l’ombre, ainsi que sur la façon dont les choses se sont finalement terminées. Un bon film de ce genre doit indigner le spectateur, et provoquer l’empathie pour le lanceur d’alerte, nouvelle figure du martyr contemporain. Malheureusement, à cause du respect à avoir vis à vis des victimes et de l’exposition des faits, le genre en lui même peine généralement un peu à dépasser le statut de simple « illustration », comme si on était en présence de ce qu’on pourrait appeler – de façon certes un peu réductrice – du « cinéma Wikipédia ».

Le cinéma Wikipédia a d’ailleurs ses adeptes, et une poignée d’acteurs et de cinéastes dévoués. Le genre, qui a même remplacé le traditionnel biopic dans le cœur du public, fonctionne aujourd’hui plutôt bien dans les salles et s’est même parfois vu largement récompensé aux Oscars. Il semble même dorénavant que tourner un film adapté d’une affaire soit un passage obligé dans une carrière Hollywoodienne. Scandale réunira donc trois actrices célèbres au cœur d’un seul et même film : Nicole Kidman (Gretchen Carlson), Charlize Theron (Megyn Kelly) et Margot Robbie, dans un rôle construit de toute pièce pour le film. Son personnage de jeune embauchée assurera l’identification avec le spectateur, tout en permettant de lier les différents personnages entre eux. Et même s’il s’agit d’un personnage imaginaire, conçu par le scénariste Charles Randolph à partir de plusieurs témoignages, sa personnalité se verra paradoxalement plus approfondie et attachante que la plupart des autres, se basant sur des personnes bien réelles. Margot Robbie incarnera donc cette fervente catholique conservatrice n’assumant pas son homosexualité, et s’offrira avec la toujours excellente Kate McKinnon les plus belles scènes du film. Nicole Kidman et Charlize Theron sont comme à leur habitude plus vraies que nature dans la peau des deux donneuses d’alerte. John Lithgow est méconnaissable et vraiment bluffant dans la peau de Roger Ailes. Quant à Amy Schumer… Hé bien elle n’est pas dans le film, malgré ses efforts pour nous le faire croire sur les réseaux sociaux au moment du tournage.

Largement porté par Charlize Theron et sa société de production Denver + Delilah Productions, Scandale est réalisé par Jay Roach, ancienne valeur sûre de la comédie US, qui depuis une dizaine d’années s’est peu à peu recyclé dans le cinéma Wikipédia. La transition s’est faite en douceur pour le réalisateur des trois opus de la saga Austin Powers, à travers des téléfilms consacrés à l’élection présidentielle américaine de 2000 et au recomptage des voix en Floride (Recomptage, 2008), aux relations Sarah Palin / John McCain lors de l’élection présidentielle de 2008 (Game change, 2012) ou encore à l’accession au pouvoir de Lyndon B. Johnson après l’assassinat de John F. Kennedy (All the way, 2016). Au cinéma, il se fera également remarquer en 2015 avec Dalton Trumbo (2015), qui évoque la chasse aux sorcières à Hollywood à partir de 1947. Passionné par les scandales et la politique, il paraissait un choix naturel pour mettre en scène Scandale. En effet, Roger Ailes et Fox News ayant grandement contribué à la victoire de George W. Bush à l’élection présidentielle de 2000 et à celle de Donald Trump en 2016, il était en effet tout naturel qu’une grande partie du film soit concentrée sur la campagne haute en couleurs de Trump. Tout juste pourra-t-on regretter une légère exagération du côté « réac » des conservateurs US tout au long du film, avec par exemple ce personnage niant être lesbienne alors même qu’elle est au lit avec une femme. On pense aussi à la présentation du personnage de Beth, l’épouse de Roger Ailes (Connie Britton), qui demande à l’un de ses collaborateurs de ne pas mettre de « hoodie » (sweat à capuche) et grimace en voyant un plat de sushis, « plat de gauche » par excellence.

Néanmoins, dans le créneau du cinéma Wikipédia, Scandale remplit plutôt bien son office, même si on regrette vraiment que l’un des aspects les plus scandaleux de l’affaire soit juste relégué à un simple carton à la fin du film. Car certes, Fox News s’est débarrassé de Roger Ailes en 2016 et de Bill O’Reilly en 2017. Mais la chaîne leur a surtout respectivement versé 40 et 25 millions de dollars afin de négocier leur départ, soit une somme de 65 millions. Parallèlement, et si l’on en croit les mentions écrites à la fin du film, la chaîne n’aurait lâché que 50 millions pour les victimes, ce qui tend à laisser penser que les agresseurs ont été largement mieux dédommagés que leurs victimes…

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Scandale édité par Metropolitan Vidéo constitue la référence, le top du top en matière de galette Haute-Définition : le piqué est précis, avec des couleurs somptueuses, des noirs profonds et des contrastes au top niveau. La définition et l’encodage sont irréprochables, tout est littéralement impeccable, il n’y a absolument rien à redire. C’est une habitude chez Metro, mais on les félicite tout de même. Côté son, le Blu-ray nous offre deux puissants mixages DTS-HD Master Audio 5.1, à la fois en VF et en VO, nous proposant toutes deux une immersion absolue au cœur du film, et assurant un spectacle sonore extraordinaire, d’un dynamisme littéralement époustouflant – dans les limites bien sûr du film en lui-même. Vous en conviendrez, nous ne sommes pas chez Michael Bay, non plus. La version française est d’excellente qualité.

Dans la section suppléments, outre la traditionnelle sélection de bandes-annonces de films disponibles chez Metropolitan Vidéo, on trouvera un making of divisé en sept parties, pour une durée totale de plus d’une heure et demie, qui s’avérera plutôt dans la très bonne moyenne du genre, très informatif, donnant largement la parole à l’équipe et aux acteurs et nous donnant autant de renseignements sur la genèse de la production que sur les acteurs ou encore l’histoire réelle qui a donné naissance au film.

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