Test Blu-ray : R.M.N

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R.M.N

Roumanie, France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Cristian Mungiu
Scénario : Cristian Mungiu
Acteurs : Marin Grigore, Judith State, Macrina Barladeanu
Éditeur : Le Pacte
Durée : 2h05
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 19 octobre 2022
Date de sortie DVD/BR : 25 janvier 2023

Quelques jours avant Noël, Matthias est de retour dans son village natal, multiethnique, de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne. Il s’inquiète pour son fils, Rudi, qui grandit sans lui, pour son père, Otto, resté seul et il souhaite revoir Csilla, son ex-petite amie. Il tente de s’impliquer davantage dans l’éducation du garçon qui est resté trop longtemps à la charge de sa mère, Ana, et veut l’aider à surpasser ses angoisses irrationnelles. Quand l’usine que Csilla dirige décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée, les angoisses gagnent aussi les adultes. Les frustrations, les conflits et les passions refont surface, brisant le semblant de paix dans la communauté…

Le film

[4/5]

« S’il n’est pas particulièrement prolifique, avec seulement cinq longs métrages en 20 ans, le réalisateur roumain Cristian Mungiu peut se vanter qu’ils aient été tous les cinq présents au Festival de Cannes. (…) De nouveau en compétition cette année avec R.M.N., Cristian Mungiu est, cette fois ci, reparti bredouille malgré la grande qualité de son film.

Si les cinéphiles connaissent la Transylvanie, c’est surtout parce que c’est dans cette région de la Roumanie qu’était censé habiter le comte Dracula, le héros de l’écrivain irlandais Bram Stoker et le personnage principal d’un grand nombre de films. La Transylvanie, toutefois, n’est pas que cela, c’est aussi une région que son histoire a rendu pluriethnique, même si elle l’est moins aujourd’hui qu’il y a un siècle. C’est ainsi que, dans la petite ville de Transylvanie où nous entraîne Cristian Mungiu, cohabitent des populations roumaines, hongroises et allemandes, des gens de religions différentes, des gens qui, entre eux, parlent des langues différentes mais des gens qui, finalement, donnent l’impression de bien s’entendre. Comme beaucoup d’habitants de cette petite ville, Matthias était allé travailler à l’étranger et le voici de retour d’Allemagne à quelques jours de Noël, lui qui n’a pas supporté d’être traité de gitan par un collègue. (…)

Entourée d’une forêt épaisse et de collines, la petite ville roumaine dans laquelle se déroule l’action a tendance à vivre en vase clos. Certes, des communautés d’origines différentes, de langues différentes, de religions différentes arrivent à y vivre de façon cordiale les unes avec les autres, mais cette situation dure depuis longtemps et les antagonismes qui ont très probablement existé dans le passé ont petit à petit disparu. Par contre, il n’est pas question d’accueillir à bras ouverts une nouvelle communauté, qui plus est venant de très loin : dans cet environnement étriqué, tout nouvel arrivant est considéré comme un éventuel ennemi. En fait, des événements à peu près similaires à ceux que raconte le film se sont réellement déroulés en Transylvanie dans les années précédant la pandémie. (…)

C’est dans une mise en scène très virtuose, utilisant le plan séquence avec maestria, que Cristian Mungiu nous raconte l’histoire de cette petite ville roumaine sombrant dans le racisme et la xénophobie. R.M.N., le titre original du film, dit tout sur ce que voulait montrer le réalisateur : Rezonanta Magnetica Nucleara en roumain, Imagerie par résonance magnétique, IRM, en français, une technique qui permet de détecter ce qui se passe sous la surface. Tant au niveau de cette histoire que d’un point de vue cinématographique, le point d’orgue de R.M.N. se niche dans une grande assemblée publique qui réunit dans une salle municipale, sur le sort à réserver aux travailleurs sri-lankais, une très grande partie de la population et où cours de laquelle s’expriment des discours racistes et xénophobes à l’encontre des gitans et des immigrés : un plan séquence de 17 minutes avec une intervention orale de la part de 26 personnes, dont un prêtre qui n’est pas le dernier dans le discours haineux. Pour arriver au résultat recherché par le réalisateur, plus de 20 prises ont été nécessaires, sur une durée de 48 heures. (…)

Une fois de plus, Cristian Mungiu prouve par le sujet qu’il a choisi et par sa mise en scène, qu’il est un des grands réalisateurs de notre époque. A partir d’une histoire qui se déroule dans une région isolée de la Roumanie, il embrasse un sujet malheureusement universel, le rejet de l’autre, le rejet de celui que l’on ne connaît pas, le rejet de celui qui vient d’ailleurs. »

Extrait de la critique de notre rédacteur Jean-Jacques Corrio. Découvrez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !

Le Blu-ray

[4/5]

Côté Blu-ray, c’est Le Pacte qui nous propose aujourd’hui de voir ou revoir R.M.N en Haute-Définition, et le film de Cristian Mungiu bénéficie d’un rendu optimal grâce à un transfert aux petits oignons : les séquences de jours affichent des couleurs froides – fidèles à la photographie de Tudor Vladimir Panduru – et des contrastes soignés, ainsi qu’un niveau de détail assez bluffant. Les passages nocturnes sont tout aussi sublimes, sans aucune baisse de définition à déplorer. Un sans faute absolu ! Niveau son, le film nous est proposé dans un solide mixage DTS-HD Master Audio 5.1 (en VO uniquement), faisant monter une ambiance étouffante à grands renforts de basses tonitruantes ; la spatialisation joue la carte de l’ambiance, de l’efficacité et de la finesse, et le résultat est d’une efficacité redoutable. On notera par ailleurs que Le Pacte n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de système de spatialisation sonore : l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 qui s’avérera probablement plus cohérent si vous visionnez R.M.N sur un téléviseur classique.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose un entretien avec Cristian Mungiu, Marin Grigore et Judith State (26 minutes), qui permettra au cinéaste et à ses deux interprètes de revenir sur le choix du titre du film, sur le rapport à la Roumanie, sur la nature humaine au sens large, ou encore sur les similitudes entre les personnages du film et les acteurs qui les incarnent à l’écran. Très intéressant !

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