Test Blu-ray : Murder Rock

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Murder Rock

Italie : 1984
Titre original : Murderock – Uccide a passo di danza
Réalisation : Lucio Fulci
Scénario : Lucio Fulci, Gianfranco Clerici
Acteurs : Olga Karlatos, Ray Lovelock, Claudio Cassinelli
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h33
Genre : Thriller, Giallo
Date de sortie DVD/BR : 5 décembre 2023

Un nouveau spectacle de danse moderne se prépare au Living Center de New York sous la haute autorité de sa mystérieuse directrice Candice Norman. Au cours des auditions, les plus talentueuses danseuses rivalisent de virtuosité. Mais dès les premiers jours, l’une d’entre elles, Susan, est sauvagement assassinée par un tueur masqué. Malgré l’arrivée de la police menée par le lieutenant Borges, un second meurtre est perpétré contre une autre participante : la charmante Janice. C’est le début d’une véritable descente aux enfers…

Le film

[3,5/5]

Mine de rien, au rythme des sorties Blu-ray / DVD en France, Murder Rock est déjà le quinzième film de Lucio Fulci que l’on aborde dans le détail dans les colonnes de critique-film.fr : cela fait probablement du maestro italien le cinéaste étranger dont la filmographie est le mieux représentée sur notre site. Par extension, on ne doute pas être à coup sûr l’un des sites français ayant le plus défendu l’œuvre de ce grand cinéaste mésestimé ces dernières années. On comprend donc que vous nous suiviez si nombreux : abandonnez donc les autres sites ! ILS SONT TOUS NULS !

Quand Murder Rock – parfois orthographié Murderock – sort sur les écrans italiens en 1984, il débarque en pleine mode du « slasher », genre né du succès surprise de Vendredi 13 en 1980. Le fait que le film de Lucio Fulci se déroule à New York tendrait d’ailleurs à le rattacher à cette vague de films, mais que nenni ! En dépit de sa situation géographique et de l’accumulation de meurtres qu’il nous donne à voir Murder Rock n’est pas à proprement parler un slasher, mais bel et bien un Giallo à l’italienne, ayant la particularité de se dérouler dans la Grosse Pomme, et de mettre en scène un groupe de danseuses héritées des gros succès de l’époque (Fame, Flashdance, Footloose…).

Si bien sûr le Giallo et le slasher sont des genres un peu cousins, dont la paternité est probablement à attribuer à Mario Bava (Six femmes pour l’assassin, La Baie sanglante…), plusieurs éléments les distinguent néanmoins l’un de l’autre, et tendent à faire pencher la balance Murder Rock en direction d’un Giallo tardif. Le premier indice réside dans le fait que l’on ignore l’identité du tueur de danseuse à l’œuvre dans le film de Lucio Fulci. A la différence d’un Jason Voorhees, d’un Freddy Krueger ou d’un Michael Myers, dont le public connaît l’apparence, nous ignorons tout de son identité : la caméra de Fulci fera d’ailleurs tout afin de le dissimuler au regard du spectateur, évitant soigneusement son visage pour se concentrer sur ses chaussures ou ses gants, et privilégiant la caméra subjective.

C’est à dire que le Giallo, en bon dérivé du « whodunit », nous propose une enquête afin de découvrir l’identité du tueur : comme dans le cas de Murder Rock, on ne découvrira souvent son identité que dans la dernière bobine. De plus, loin d’être un simple sadique décimant les ados au hasard, le tueur du Giallo a souvent un mobile motivant ses actions : ses victimes ne sont pas choisies au hasard, et font écho à des événements passés ayant constitué chez le sujet observé une fracture, un effondrement psychologique (avec parfois à la clé un petit écho social, voire même politique).

En outre, d’un point de vue strictement formel, Murder Rock permet également à Lucio Fulci de nous torcher – avec l’aide de son chef opérateur Giuseppe Pinori – une poignée de plans de toute beauté, à haute teneur graphique et fétichiste, qui contribuent à faire de cet exercice de style baroque et anachronique une expérience cinématographique assez hypnotique. Rythmé par les morceaux FM de Keith Emerson (Inferno), le film ne pourra certainement pas être considéré comme l’une des pièces maîtresses de la filmographie de Lucio Fulci : le scénario est blindé de défauts, les dialogues tendent parfois à faire sourire, et le tout s’avère peut-être même un poil timoré, surtout si l’on considère le cadre New Yorkais qui aurait au contraire pu permettre au cinéaste de se vautrer allégrement dans le craspec. Pourtant, et contre toute attente, Murder Rock s’avère encore aujourd’hui un spectacle réjouissant et très attachant, jusque dans ses ruptures de ton et ses fautes de goût les plus évidentes. La définition même du parfait petit plaisir coupable.

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[5/5]

On remercie chaleureusement Artus Films, qui nous permet aujourd’hui de redécouvrir Murder Rock en Haute-Définition : le film de 1984 intègre à cette occasion la superbe « Collection Lucio Fulci ». Comme dans le cas des autres films de Fulci édités par Artus ces dernières années (L’Enfer des zombies, L’Au-delà, Frayeurs, Le Miel du diable…), cette nouvelle livraison prendra la forme d’un superbe Combo Blu-ray + DVD présenté dans un classieux mediabook garni d’un livret de 80 pages intitulé « Disco Giallo » signé Lionel Grenier (du site luciofulci.fr), nous proposant une passionnante réhabilitation du film accompagnée de nombreuses photos. Le soin éditorial apporté par Artus Films à cette édition de Murder Rock (en termes de master, mais également de suppléments et de packaging) fait de cette édition française une petite référence dans son genre, doublée, comme toujours, d’un magnifique objet que les cinéphiles déviants seront assurément fiers de voir trôner sur leurs étagères.

Côté technique, l’éditeur français nous livre avec ce Blu-ray de Murder Rock une copie assez superbe au format 1.66 respecté, et nous propose un master propre, aux contrastes soignés et à l’encodage sans faille, rendant un sublime hommage aux compositions de plans du film imaginées par Lucio Fulci et Giuseppe Pinori. Le master Haute Définition est tout à fait resplendissant dans son genre, affichant une définition et un niveau de détail assez bluffant, tout en respectant scrupuleusement la granulation d’origine très prononcée de la pellicule. Le rendu des couleurs et des contrastes semble avoir également bénéficié d’un soin tout particulier, pas de fourmillements gênants sur les arrière-plans, pas de trace de DNR ou autres douteux bidouillages numériques, on regrettera juste un grain peut-être un poil trop accentué lors de certains passages, mais il faut dire que tout le film semble avoir été tourné en faible luminosité. Côté son, on retrouvera naturellement les pistes VO et VF en LPCM Audio 2.0 et mono d’origine. Les deux mixages sont solides et équilibrés.

Dans la section suppléments, en plus du livret de 80 pages déjà évoqué un peu plus haut, on trouvera sur la galette à proprement parler une poignée de suppléments très intéressants. On commencera par un entretien avec Lucio Fulci (16 minutes), enregistré pour la radio italienne en 1987. Cette interview lui permettra de revenir sur ses derniers films (Murderock et Le Miel du diable) avec une grande franchise, tout en déplorant le sort réservé au cinéma de genre en Italie. On continuera ensuite par un entretien avec Franco Casagni (8 minutes). Le responsable des effets spéciaux sur le film reviendra sur sa rencontre avec Lucio Fulci ainsi que sur son boulot sur le film, avec quelques anecdotes de tournage assez amusantes. On terminera enfin par un sympathique entretien avec Silvia Collatina (24 minutes). Si son nom ne vous dit rien à priori, vous vous souviendrez probablement de « Minou », la petite rouquine malicieuse amoureuse du héros dans Le Grand alligator, que l’on avait ensuite revu dans La Maison près du cimetière de Lucio Fulci, dans lequel elle avait une poignée d’interactions avec l’inquiétant Giovanni Frezza. Dans Murder Rock, elle incarne la petite Molly, au cœur de quelques scènes-clés du film. Dans cette interview, elle reviendra sur l’ensemble de sa courte carrière d’actrice au début des années 80, de ses débuts dans la publicité jusqu’aux rencontres avec Sergio Martino et Lucio Fulci. Elle se remémorera également le tournage de certaines scènes de ses films. Le tour de la section bonus sera complété d’une galerie de photos ainsi que de la bande-annonce du film.

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