Test Blu-ray 4K Ultra HD : La Maison près du cimetière

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La Maison près du cimetière

Italie : 1981
Titre original : Quella villa accanto al cimitero
Réalisation : Lucio Fulci
Scénario : Dardano Sacchetti, Giorgio Mariuzzo, Lucio Fulci
Acteurs : Catriona MacColl, Paolo Malco, Ania Pieroni
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h26
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 24 mars 1982
Date de sortie BR4K : 2 novembre 2022

Après le suicide de son mentor, le Dr Norman Boyle emménage dans la maison de ce dernier avec sa femme et son fils. Sombrant dans la folie et l’horreur, la famille découvre rapidement que quelque chose se terre dans le sous-sol de la maison…

Le film

[3,5/5]

Si son œuvre tend à être redécouverte un peu plus largement de nos jours, la carrière de Lucio Fulci est encore trop souvent résumée au tournant horrifique qu’elle a pris en 1979 avec L’enfer des zombies, et qui se prolongerait grosso-modo jusqu’en 1982. Quatre années touchées par la grâce du Dieu du « Gore », Dégueulbif, et qui permettraient à Fulci de nous livrer une série de chefs d’œuvre de l’horreur viscérale qui, à eux seuls, masqueraient quasiment tout le reste de la filmographie – ô combien protéiforme – du maestro italien.

Il n’est ainsi pas étonnant que le premier film de Lucio Fulci à sortir au format Blu-ray 4K Ultra HD en France soit La Maison près du cimetière. Sorti sur les écrans italiens en 1981, ce film constitue le dernier volet de ce qui serait par la suite désigné par l’appellation « Trilogie de la Mort » (en italien Trilogia della morte) ou « Trilogie de l’apocalypse », un triptyque composé de Frayeurs (1980), L’Au-delà (1981) et donc La Maison près du cimetière (1981).

Les trois films de « Trilogie de la mort » mettent en vedette l’actrice britannique Catriona MacColl, et se caractérisent par des intrigues ayant énormément recours à une imagerie onirique, voire même parfois franchement déconnecté de la réalité. Dans le cas de La Maison près du cimetière, il est par exemple bien difficile de ne pas repérer la totale artificialité des situations s’enchaînant au fil du métrage, de même que le manque de réactions des personnages principaux quand ils se retrouvent face à l’étrange et/ou l’inexplicable. Ainsi, on voit par exemple bien mal comment un couple un tant soit peu équilibré pourrait confier un enfant à une baby-sitter (Anna Pieroni, vue dans Ténèbres et Inferno de Dario Argento) aussi ouvertement bizarre. On comprend également difficilement comment le personnage de Catriona MacColl peut rester de marbre en voyant cette même baby-sitter éponger des hectolitres de sang à travers la cuisine de leur maison…

Bref, autant dire que la narration de La Maison près du cimetière joue clairement la carte de l’atmosphère. D’ailleurs, si on excepte peut-être les deux enfants au cœur du film, à savoir Bob (Giovanni Frezza, version miniature de Klaus Kinski) et Mae, interprétée par l’excellente petite rouquine Silvia Collatina (vue dans Le Grand Alligator), les adultes semblent complètement déconnectés de la réalité, et leurs déplacements ressemblent à autant d’errements dilatés au maximum par un Lucio Fulci très sûr de son affaire en ce qui concerne la construction d’un monde aux frontières du rêve et du cauchemar.

Variation sur le thème de la maison hantée, visiblement très influencée par le Shining de Stanley Kubrick sorti l’année précédente (le personnage de Bob qui fait écho à Danny, celui vivant sur la photo noir et blanc…), La Maison près du cimetière évoque également certains classiques de la littérature macabre, et plus particulièrement les œuvres de H. P. Lovecraft et Edgar Allan Poe, même si l’influence de ces grands maîtres de l’épouvante est sans doute un peu moins manifeste sur ce film, construit de façon plus traditionnelle, que sur Frayeurs et surtout sur L’Au-delà. Pour autant, la patte « Lucio Fulci » est bel et bien là, dans ses qualités comme dans ses défauts.

Du côté des qualités, on soulignera l’excellente tenue des effets spéciaux, et notamment des effets « gore », épouvantablement réussis, et toujours aussi impressionnants quarante ans après – le travail de Maurizio Trani est vraiment bluffant, et on vous garantit que le trou dans la gorge dégueulant de sang lors du meurtre de Dagmar Lassander aura de quoi vous hanter, même en 2022. La photo de Sergio Salvati est très belle, et nous offre une poignée de plans composés avec le plus grand soin, et comme d’habitude, Catriona MacColl s’avère convaincante, même si elle n’a guère de choses à défendre étant donné la platitude de son personnage. Du côté des défauts, on avouera pouvoir se lasser de ses scènes artificiellement rallongées à base d’interminables appels dans les couloirs, que cela soit pour demander de l’aide ou rechercher quelqu’un. La musique de Walter Rizzati ne figure pas parmi les plus éclatantes réussites du genre, même si elle pourra s’avérer par certains assez fascinante.

Le Combo Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + Livret

[4/5]

Annoncé par ESC Éditions dans le courant de l’année 2019, cette nouvelle édition de La Maison près du cimetière s’est faite attendre, et débarquera finalement sur les linéaires de vos revendeurs préférés le 2 novembre, juste après Halloween. Cerise sur le gâteau, le film de Lucio Fulci nous est présenté au format Blu-ray 4K Ultra HD, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat à l’écran est assez bluffant en termes de précision et de définition. En revanche, le grain cinéma est d’une discrétion un peu trop manifeste, et les teintes des visages et des lèvres des différents personnages nous laissent à penser que l’image a subi un petit lissage numérique peut-être un poil trop accentué. Pour les amateurs de « grain », le rendu visuel aura donc de quoi surprendre, surtout si comme l’auteur de ces lignes vous avez déjà vu le film à de nombreuses reprises dans des conditions moins spectaculaires. Les couleurs sont belles, mais on notera que le Blu-ray 4K Ultra HD de La Maison près du cimetière ne bénéficie pas de la technologie HDR10, ni de Dolby Vision.

Le résultat n’en est pas dénaturé pour autant, mais l’image manque certainement de contrastes « affirmés » et de couleurs qui pètent. Étant donné que le film de Fulci joue beaucoup sur les ombres et les lumières, on aurait certainement aimé profiter d’une gamme plus diversifiée de nuances et de contrastes, mais en l’état, le résultat n’a rien de déplaisant, dans le sens où l’image, globalement froide, presque éthérée, accentue sans aucun doute l’atmosphère de « rêve éveillé » dans laquelle baigne le film. Côté son, le film est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 en version française, ainsi qu’en version anglaise et italienne. Pas de problème particulier à déplorer sur ces trois versions, même si nous ne les avons naturellement pas contrôlées chacune dans leur intégralité. Les sous-titres correspondent à la version anglaise du film, et les différences entre ce qui est réellement dit dans la version italienne et le contenu des sous-titres pourront légèrement vous troubler si vous avez fait italien première langue au collège. On vous donne cela dit un conseil très simple pour remédier à ce problème : si vous comprenez l’italien, désactivez les sous-titres.

Pour les suppléments, il faudra se tourner vers le Blu-ray disponible dans cette édition Combo Blu-ray + Blu-ray 4K Ultra HD + Livret (20 pages, rédigé par Marc Toullec). On y trouvera tout d’abord un documentaire sur la carrière de Lucio Fulci (31 minutes), écrit et réalisé par Alexandre Jousse, et qui aura pour particularité de nous proposer énormément d’extraits de films méconnus de la carrière de Fulci. On poursuivra avec une présentation du film par Lionel Grenier (12 minutes) : le spécialiste français du maestro italien évoquera tout d’abord la carrière du cinéaste avant de revenir plus particulièrement sur La Maison près du cimetière, de son contexte de tournage au résultat final (thèmes, emprunts, style, rapports avec Henry James…). On terminera enfin avec trois analyses de séquences (16 minutes), brillamment menées par Lionel Grenier.

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