Berlinale 2024 : la sélection Berlinale Classics

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After Hours Quelle nuit de galère ! © 1985 Barry Wetcher / The Geffen Company / Warner Bros. France Tous droits réservés

En allemand, on qualifierait sans doute la stratégie de communication du Festival de Berlin de « Scheibchentaktik ». Certes, ce terme est quasiment imprononçable pour un francophone. Pourtant, il reflète parfaitement l’étirement de l’annonce des films sélectionnés dans les différentes sections sur une durée considérable. Pendant des semaines, voire des mois, les fans de ce festival incontournable sont abreuvés au compte-goutte avec des communiqués partiels, mettant à rude épreuve leur patience avant que ne soit dévoilée la sélection officielle dans son ensemble.

La seule exception de ce marathon à petit feu se situe du côté de la compétition – malgré tout trop prestigieuse pour ne pas vouloir marquer les esprits et l’actualité culturelle avec une seule annonce regroupée – et de Berlinale Classics, l’outil de promotion des œuvres du patrimoine filmique mondial fraîchement restaurées. Depuis ce midi, on connaît la liste des vingt films qui concourront pour l’Ours d’or de cette 74ème édition. Nous y reviendrons.

Car auparavant, il est grand temps de rattraper le relais des films sélectionnés dans le cadre de Berlinale Classics, annoncés pour leur part il y a une semaine déjà, le lundi 15 janvier. Chaque année, cette section parallèle, en guise de petite sœur de Cannes Classics et Venezia Classici, gagne en importance, avec désormais une dizaine de films au programme. Il s’agit sans exception de premières mondiales, présentées dans de belles restaurations numériques en 4K. La 74ème édition du Festival de Berlin aura lieu du jeudi 15 au dimanche 25 février prochains dans la capitale allemande.

Parade d’amour © 1929 Paramount Pictures / Universal Pictures International France Tous droits réservés

Après une édition 2023 placée sous le signe de la découverte, celle de cette année exhume davantage des œuvres a priori connues, quoique plus visibles dans de bonnes conditions sur grand écran depuis longtemps. Le lauréat de l’Ours d’or honorifique, le réalisateur américain Martin Scorsese, y est représenté à travers le film qui lui avait valu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1986 : After Hours Quelle nuit de galère ! Pour sa cérémonie de remise de prix le 20 février, c’est toutefois un autre de ses films marquants qui a été retenu, Les Infiltrés, Oscars du Meilleur Film et du Meilleur réalisateur en 2007.

Les deux autres films américains sélectionnés à Berlinale Classics remettent sur le devant de la scène deux réalisateurs aux parcours bien différents. Tandis qu’on ne parle plus trop de l’anglais John Schlesinger, en dehors de Macadam Cowboy et de Marathon Man, son confrère allemand Ernst Lubitsch continue à faire rire des générations successives de spectateurs.

Bien qu’il ait été tourné après Un dimanche comme les autres et avant Marathon Man, Le Jour du fléau appartient au lot conséquent de films de John Schlesinger tombés quelque peu dans l’oubli. L’un des exemples des productions coûteuses du Nouvel Hollywood dans les années 1970 ayant perdu beaucoup d’argent, cette histoire sur la fabrique des rêves dans les années 1930 pourrait être rapprochée d’un film infiniment plus récent, Babylon de Damien Chazelle.

L’univers de Ernst Lubitsch, par contre, gagne en universalité avec chaque année qui passe. La preuve par deux à Berlin, à travers la comédie populaire du temps du muet Les Filles de Kohlhiesel dont le troisième remake en 1962 par Axel von Ambesser avec Liselotte Pulver avait été l’un des plus grands succès du box-office ouest-allemand, ainsi que le très frivole film d’opérette Parade d’amour tourné dans la parenthèse enchantée entre le début du parlant et l’avènement du code de censure Hays.

Également au programme bien fourni de ce Berlinale Classics : un Ours d’or qui avait eu plutôt récemment, en mai 2017, l’honneur d’une ressortie sur les écrans français (Vivre vite de Carlos Saura), le pas non plus très obscur dernier film du maître russe Andreï Tarkovski Le Sacrifice, l’épopée de monstres radioactifs qui avait lancé le phénomène Godzilla il y a 70 ans, ainsi que deux films sortis en 2005 et tout à fait dignes d’être redécouverts lors de séances spéciales (Bataille dans le ciel de Carlos Reygadas et La Saveur de la pastèque de Tsai Ming-Liang). Sans oublier le drame social allemand Reifezeit du réalisateur iranien Sohrab Shahid Saless.

Le Sacrifice © 1986 Arne Carlsson / Farago Film / Svenska Filminstitutet / Argos Films / Film 4 International /
Tamasa Distribution Tous droits réservés

After Hours Quelle nuit de galère ! (États-Unis / 1985) de Martin Scorsese, avec Griffin Dunne et Rosanna Arquette
Bataille dans le ciel (Mexique / 2005) de Carlos Reygadas, avec Marcos Hernandez et Anapola Mushkadiz
Les Filles de Kohlhiesel (Allemagne / 1920) de Ernst Lubitsch, avec Henny Porten et Emil Jannings
Godzilla (Japon / 1954) de Ishirô Honda, avec Akira Takarada et Momoko Kôchi
Le Jour du fléau (États-Unis / 1975) de John Schlesinger, avec Donald Sutherland et Karen Black
Parade d’amour (États-Unis / 1929) de Ernst Lubitsch, avec Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald
Reifezeit (Allemagne / 1976) de Sohrab Shahid Saless, avec Mike Henning et Eva Manhardt
Le Sacrifice (Suède / 1986) de Andreï Tarkovski, avec Erland Josephson et Susan Fleetwood
La Saveur de la pastèque (Taïwan / 2005) de Tsai Ming-Liang, avec Lee Kang-Sheng et Chen Shiang-Chyi – Ours d’argent de la Meilleure contribution artistique au Festival de Berlin en 2005
Vivre vite (Espagne / 1981) de Carlos Saura, avec Berta Socuellamos et José Antonio Valdelomar – Ours d’or au Festival de Berlin en 1981

La Saveur de la pastèque © 2005 William Laxton / Homegreen Films / arte France Cinéma / Wild Bunch /
Pan-Européenne Tous droits réservés

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