Test Blu-ray : Les portes de la nuit

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Les portes de la nuit

 
France : 1946
Titre original : –
Réalisateur : Marcel Carné
Scénario : Jacques Prévert
Acteurs : Pierre Brasseur, Serge Reggiani, Yves Montand
Éditeur : Pathé
Durée : 1h52
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 3 décembre 1946
Date de sortie DVD/BR : 29 mars 2017

 

 

Paris, février 1945. Malou, une jeune femme déçue par son mari profiteur de la guerre, rencontre une nuit le jeune Diego, militant de la Résistance. Mais le destin, personnifié par un clochard mystérieux, va mettre sur le chemin de Malou et Diego des enjeux cruels dont peu sortiront indemnes…

 

 

Le film

[3,5/5]

En 1946, après le succès populaire et critique des Enfants du paradis, Marcel Carné décide de revenir à une œuvre naturaliste et contemporaine, comme pour renouer avec la réussite du Jour se lève (1939). Les portes de la nuit évoque donc la période de l’immédiat après-guerre sans occulter la période sombre de l’occupation : on croisera des personnages de collabos (Saturnin Fabre, Serge Reggiani), forcément veules et retors, que le cinéaste oppose à des figures de résistants, présentés comme de fiers héros du quotidien, valeureux et droits dans leurs bottes. Mis à part cette vague tendance au manichéisme du côté des personnages (qui, il faut l’avouer, plombe un peu la narration), Carné brosse avec son film une peinture presque naturaliste de la France de l’époque, saisissant avec finesse l’air du temps.

Les portes de la nuit bénéficie également aussi beaucoup de la « patte » de Jacques Prévert, qui ajoute une poésie indéniable à l’ensemble ; de fait, son style si particulier emporte même par moments le film à la lisière du fantastique. Les acteurs, en particulier les seconds-rôles, et la musique légendaire (Les feuilles mortes…) apportent charme et fantaisie au film, qui malgré son symbolisme un peu trop appuyé fonctionne globalement plutôt bien, même s’il est loin d’atteindre les plus hauts sommets de la carrière de Marcel Carné.

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Le 29 mars 2017, trois nouveaux films ont intégré la prestigieuse collection de digipacks cartonnés des « versions restaurées par Pathé », que le cinéphile pourra ranger aux côtés des Enfants du Paradis de Marcel Carné, de Paradis perdu d’Abel Gance ou encore de Showgirls de Paul Verhoeven : il s’agit de Valmont (Milos Forman, 1989), Les sorcières de Salem (Raymon Rouleau, 1957) et Les portes de la nuit (Marcel Carné, 1946).

Comme d’habitude avec l’éditeur, ces trois nouveaux « classiques » ont bénéficié de restaurations maniaques et affichent aujourd’hui une forme insolente malgré les années. L’image est d’une belle stabilité, le grain d’origine est scrupuleusement respecté, le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble ; seuls les plans « à effets » (fondus enchainés, mentions écrites…) marquent naturellement, et comme d’habitude, les effets du temps – néanmoins, ils constituent des points de comparaison qui rendent le travail effectué par les équipes de Pathé d’autant plus perceptible et honorable. Une réussite totale. Côté son, Les portes de la nuit est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 1.0 propre et clair, restituant parfaitement les dialogues et la musique du film.

Du côté des suppléments, on trouvera une présentation du film par Jean-Pierre Jeunet, qui décorde d’un enthousiasme visiblement non feint, ainsi qu’une très complète analyse du film par Philippe Morisson (spécialiste du cinéma français de patrimoine, créateur du site marcel-carne.com) et Nguyen Trong Binh (journaliste, critique, enseignant de cinéma à la Sorbonne).

 

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