Test Blu-ray : La trilogie Ninja

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Il y a seulement une quinzaine d’années de cela, si d’aventure vous aviez émis votre désir qu’un ou plusieurs films de la Cannon produits par Yoram Globus et Menahem Golan fassent l’objet d’éditions « collector » de la part des éditeurs vidéo œuvrant sur le marché français, il y a fort à parier qu’on vous aurait copieusement ri au nez, avant de vous blacklister de toutes les listes de personnes fréquentables, vous forçant à rejoindre le rang des parjures et autres déficients intellectuels – ou assimilés – qui évoquaient à la même époque, dans le milieu musical, un possible retour d’Indochine sur le devant de la scène.

Aujourd’hui, vous pouvez redresser la tête mes amis ; le temps a fait son office, la dérision se généralise et pointe son nez sous cape, et sous l’impulsion du film Electric Boogaloo en 2014 notamment, la Cannon est redevenue l’objet de tous les fantasmes, au point que plusieurs éditeurs français annoncent, pour 2017, la sortie en vidéo (et en Haute-Définition Blu-ray !) de quelques classiques de la Cannon. En attendant American Warrior 2 (sous les couleurs de The Ecstasy of Films) et d’ouvrir les paris concernant une sortie prochaine de Runaway train chez Wild Side ou Carlotta, c’est donc ESC Éditions qui fait notre bonheur ce 28 mars 2017, avec un coffret réunissant les trois films de la trilogie Ninja : on parle bien sûr de L’implacable ninja (Enter the ninja, 1981), Ultime violence (Revenge of the Ninja, 1983) et Ninja III (1984).

Ce coffret, sobrement intitulé La trilogie Ninja, constitue une excellente nouvelle qui permettra aux jeunes et aux retardataires de découvrir les premiers efforts de Golan et Globus dans le domaine du film d’action.

 

 

L’implacable Ninja

États-Unis : 1981
Titre original : Enter the Ninja
Réalisateur : Menahem Golan
Scénario : Dick Desmond, Mike Stone
Acteurs : Franco Nero, Susan George, Shô Kosugi
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h39
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 5 août 1981
Date de sortie DVD/BR : 28 mars 2017

Vétéran des Forces Spéciales de l’armée américaine, Cole rend visite à son vieil ami Franck Landers qui, installé aux Philippines, refuse catégoriquement de vendre ses terres à un homme d’affaires. Loin de renoncer, celui-ci emploie dès lors l’intimidation pour obtenir ce qu’il veut, puis la violence. Rompu aux techniques de combat des ninjas, Cole intervient, bientôt confronté à Hasegawa, un mercenaire dont il ne connaît que trop bien l’efficacité dans l’art du meurtre…

 

Ultime violence

États-Unis : 1983
Titre original : Revenge of the Ninja
Réalisateur : Sam Firstenberg
Scénario : James R. Silke
Acteurs : Shô Kosugi, Keith Vitali, Virgil Frye
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h31
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 8 août 1984
Date de sortie DVD/BR : 28 mars 2017

Sa famille massacrée par les tueurs d’un clan ninja, Osaki fuit le Japon, accompagné de son jeune fils. Installé aux Etats-Unis, in croit pouvoir démarrer une nouvelle vie. Rapidement, Osaki se rend à l’évidence qu’il est manipulé, utilisé à son insu dans un vaste trafic de cocaïne. Trahi, menacé des pires représailles, il ressort d’une cache secrète l’équipement complet du ninja qu’il a été et qu’il n’a jamais cessé d’être, prêt à se battre contre ses anciens frères d’armes…

 

Ninja III

États-Unis : 1984
Titre original : Ninja III – The domination
Réalisateur : Sam Firstenberg
Scénario : James R. Silke
Acteurs : Shô Kosugi, Lucinda Dickey, Jordan Bennett
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h32
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 4 septembre 1985
Date de sortie DVD/BR : 28 mars 2017

Abattu par la police à l’issu d’une traque infernale, un ninja survit à sa propre mort en se réincarnant dans le corps de Christie, une jeune femme qu’il transforme en tueur invulnérable. Objet d’une vengeance absolue, Christie remplit la mission que lui assigne le diabolique guerrier, jonchant son parcours de cadavres. Désormais, seul un autre ninja pourrait la délivrer du démon qui la hante…

 

Les films

[5/5]

Allergiques aux années 80, adeptes du réalisme ou de l’action « premier degré », passez votre chemin : la trilogie Ninja se savoure entre personnes de goût.

Conçu comme un film d’action de type « one man army » au héros quasi-invulnérable, L’implacable ninja [3/5] est né de l’engouement populaire autour de la personne de Bruce Lee et des films d’action en provenance de Hong Kong, mais aussi et surtout de quelques films de Chuck Norris de l’époque (Force one et La fureur du juste pour être précis) qui ont cartonné dans tous les cinémas de quartier à la fin des années 70. Comme Chuck Norris était probablement trop cher au moment de la production du film, Menahem Golan est parti chercher le très charismatique Franco Nero, qui sera doublé pour toutes les scènes de combat. Réalisé par Golan lui-même, le film ne se détachera au final cependant pas tant que ça du « tout venant » du cinéma d’action de l’époque, si ce n’est peut-être dans le traitement du son, avec une exagération constante provoquant le plus souvent souvent le rire. Mal torché et finalement assez banal, le film se révèle donc cependant souvent (involontairement) amusant. Malgré ses faiblesses rythmiques, le film cartonne dans le monde entier, ouvrant grand la porte à la mise en chantier d’une suite, en mode « bigger, better and louder ».

Avec Ultime violence [4/5] en effet, Golan et Globus se lâchent et créent une véritable bombe culte, ne se posant aucune question sur la cohérence de leur bébé, qui se révèle un véritable monument de n’importe-quoi réjouissant et sans complexe. Dans le film, Shô Kosugi, seul rescapé du premier épisode et passé, pour l’occasion, dans le camp des gentils, va botter des culs de loubards comme s’il évoluait dans un jeu vidéo genre Renegade ou Double Dragon (qui ont d’ailleurs, l’un comme l’autre, probablement été inspirés de la saga Ninja). La mythologie du ninja, traitée de façon encore relativement « réaliste » dans le premier film, verse ici dans la fantaisie la plus débridée, les artistes martiaux passés maîtres dans l’Art du Ninjutsu devenant des sortes de chevaliers « jedi », possédant par exemple des pouvoirs d’hypnose ou d’autres capacités absolument WTF, comme nous le prouvera un combat final absolument grandiose, en forme de partie de cache-cache sur les toits des buildings de Salt Lake City, faisant automatiquement rentrer le film dans les annales du nanar, sans discussion possible. Un grand moment – mais si vous pensiez que Golan et Globus avaient dit leur dernier mot, vous vous trompiez lourdement : l’année suivante débarquerait Ninja III, meilleur film de la série, en tous cas le plus fun, repoussant toutes les limites de la folie puisqu’il propose, ni plus ni moins, pendant 90 minutes le niveau de débilité réjouissante du dernier acte d’Ultime violence.

Ninja III [5/5] est donc une suite encore plus chtarbée et déviante que tout ce que l’on aurait cru possible : après une introduction durant laquelle un ninja décime tout une escouade de flics à ses trousses (y compris ceux en motos, en bagnoles, et même en hélico!), ce fier combattant meurt des suites de ses blessures – mais afin d’exercer sa vengeance, son esprit ira posséder le corps d’une jeune ouvrière des télécoms et fan d’aérobic… OVNI total, film anthologique et sans queue ni tête, chef d’œuvre absolu en matière de n’importe-quoi filmique, Ninja III est le film qui ouvrira à son réalisateur Sam Firstenberg les portes de l’immortalité et du panthéon cinématographique : une œuvre somme, dont la crétinerie vertigineuse a marqué d’une pierre blanche l’histoire du cinéma américain.

Bref, autant être clair : la trilogie Ninja divisera à coup sûr les spectateurs : d’un côté, il y aura ceux qui soupireront et lèveront les yeux au ciel ; de l’autre, ceux qui s’éclateront sans cesser un instant de s’esclaffer.

Le coffret Blu-ray

[5/5]

C’est donc ESC Éditions qui nous propose donc de redécouvrir cette intégrale Ninja dans un coffret Blu-ray, proposant les films au format respecté et encodés en 1080p. Côté image, les Blu-ray sont de très bonne facture : même si des taches et autres points blancs demeurent, même si les scènes nocturnes affichent de légers fourmillements (surtout sur le premier film), le grain argentique a été scrupuleusement préservé, la définition est accrue et les couleurs éclatantes – la copie ayant le plus souffert des outrages du temps étant celle de L’implacable ninja. Côté son, VF d’origine et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, et les mixages sont tout à fait satisfaisants.

Dans la section suppléments, outre un livret de 34 pages écrit par Marc Toullec (qui ne nous a pas été fourni par l’éditeur), les trois films bénéficient d’une présentation de Nico Prat (Rockyrama), rigoureuse et pragmatique ; on sent que le bonhomme est passionné par cette époque et ses remises en contexte sont intéressantes. Last but not least, l’éditeur a eu la bonne idée de joindre aux trois films les quatre courts-métrages de la saga Ninja Eliminator : foncez donc séance tenante sur Ninja Eliminator, Ninja Eliminator II : La quête du cristal magique, Ninja Eliminator III : Le gardien du médaillon (tous trois réalisés par le collectif Roadkill Superstar, aka RKSS) et enfin, Ninja Eliminator IV : The french connection de Mathieu Berton, suite / crossover à la saga, un peu plus faible que les précédents, mais préservant globalement l’esprit foutraque de la franchise créée par RKSS. Inutile de vous dire que ce supplément de choix rend d’autant plus indispensable l’acquisition séance tenante de ce coffret. Bravo !

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