Test Blu-ray : Horror Hotel

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Horror Hotel

Royaume-Uni : 1960
Titre original : The City of the Dead
Réalisation : John Llewellyn Moxey
Scénario : George Baxt, Milton Subotsky
Acteurs : Dennis Lotis, Christopher Lee, Patricia Jessel
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h18
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 13 janvier 1965
Date de sortie BR/DVD : 21 novembre 2023

Chargée pour la fin de ses études d’une thèse sur la sorcellerie, l’étudiante Nan Barlow suit les conseils du professeur Alan Driscoll qui la dirige vers Whitewood, une localité où de nombreux bûchers se sont dressés au 17ème siècle. Bien que son frère et son petit ami la désapprouvent, elle s’y rend seule et découvre que les croyances païennes persistent dans la région, portées par la certitude de certains, que la sorcière Elizabeth Selwyn pourrait surgir du royaume des morts… Et malheur à qui s’y intéresse de trop près…

Le film

[3,5/5]

Avant même d’évoquer plus en avant les qualités et les défauts de Horror Hotel, on notera qu’un élément du film pourra assurément frapper les cinéphiles qui le découvriront une soixantaine d’années après sa sortie : il s’agit des similitudes flagrantes entre le film de John Llewellyn Moxey et deux autres films sortis en 1960, Le Masque du démon (Mario Bava) et Psychose (Alfred Hitchcock). En effet, Horror Hotel commence avec une séquence similaire au film de Bava – une sorcière y est brûlée par des villageois en colère, et lance une malédiction sur le village – et se termine sur un plan qui ne sera pas sans rappeler celui de la découverte de la mère de Norman Bates dans le film d’Hitchcock.

Avec le recul, on aurait tendance à se dire que Horror Hotel s’est ouvertement – et sans vergogne – inspiré des deux œuvres précitées, et on le fera d’autant plus naturellement qu’il s’agit d’une production à petit budget, qui marquait d’ailleurs la première collaboration entre Milton Subotsky et Max Rosenberg, qui créeraient les studios de production Amicus en 1962. Pourtant, si l’on se penche attentivement sur les dates de tournage des trois films, c’est avec une certaine surprise que l’on constatera que Horror Hotel est entré en production le 12 octobre 1959, soit un mois avant Psychose, dont le tournage commença le 11 novembre, et plusieurs mois avant celui du Masque du démon, qui débuta le 28 mars 1960.

On a donc eu tendance à faire un faux procès à Horror Hotel, dans le sens où le réalisateur John Llewellyn Moxey n’a pas pu s’inspirer d’œuvres dont le tournage n’avait pas encore commencé, ou, dans le cas de Psychose, se déroulait à peu près en même temps sur un autre continent. Il convient de fait de saluer bien bas le talent du cinéaste – et future figure emblématique de la série TV britannique et américaine, qui était parvenu à préfigurer dans son film deux passages qui deviendraient emblématiques de films aujourd’hui considérés comme d’immenses classiques du fantastique.

Visuellement assez somptueux, Horror Hotel s’impose sans peine comme un film fantastique élégant, nous donnant à découvrir un production design absolument remarquable. Le village de Whitewood, dans lequel se déroule la quasi-intégralité du film, nous y est présenté comme un endroit bizarre, baigné dans la brume (les accessoiristes n’y sont pas allés de main morte avec les machines à fumée) et curieusement hors du temps. Ainsi, à partir du moment où la jeune Nan (Venetia Stevenson) arrive à Whitewood, tous les repères du spectateur en termes de temporalité seront brouillés : il semble toujours faire nuit dans le village, et le réalisateur John Llewellyn Moxey néglige volontairement le traditionnel enchainement jour/nuit, ce qui tend encore à renforcer l’atmosphère de mystère tournant autour de l’attitude bizarre des villageois. L’aspect presque « irréel » du village est encore renforcé par le sublime travail sur la photo du film, signée Desmond Dickinson.

D’une durée de 78 minutes, Horror Hotel est un film très court, qui parviendra de fait aisément à conserver un certain rythme à son récit. L’histoire perdra néanmoins un peu de souffle à mi-métrage, quand le film changera brutalement de héros, avant de retrouver un rythme plus soutenu dans sa deuxième partie. Ainsi, de la même façon que dans Psychose également, le spectateur assistera à un virage à 180 degrés dans le personnage menant la narration : Venetia Stevenson cédera ainsi sa place à Dick, interprété par Dennis Lotis, chanteur britannique s’étant lancé dans le cinéma à la fin des années 50, et qui s’offrait ici le premier rôle du film, en dépit de la présence au génétique de l’un des noms les plus légendaires du cinéma fantastique, Christopher Lee, qui nous propose ici une prestation à la fois suave et effrayante.

Et si on connait finalement encore assez mal Horror Hotel en France, le film de John Llewellyn Moxey semble avoir davantage marqué les mémoires dans d’autres pays d’Europe : au Royaume-Uni, il a ainsi inspiré le groupe de heavy metal Iron Maiden, qui a utilisé des scènes du film dans le clip de « Bring Your Daughter… to the Slaughter » (1990), ainsi que le groupe punk UFX pour le clip de « Bitch » (2009). Le danois King Diamond avait également utilisé de nombreux extraits du film pour le clip de « Sleepless Nights » (1989).

Le Blu-ray

[4/5]

On est à la bourre, mais on vous propose aujourd’hui un test de rattrapage pour Horror Hotel, qui s’est offert à l’automne dernier un joli coffret Combo Blu-ray + DVD + Livret sous la forme d’un Mediabook chez Sidonis Calysta. Il s’agit comme d’habitude avec l’éditeur d’un coffret très classieux, que vous serez fier de voir trôner sur vos étagères. Côté transfert, le film de John Llewellyn Moxey bénéficie d’un upgrade Haute-Définition tout à fait convaincant, surtout si on le compare à l’édition DVD sortie en France en 2006 chez Bach Films, sous le titre La Cité des morts. En dépit de quelques plans, essentiellement concentrés sur la première bobine, qui semblent avoir subi un lissage numérique, le master est dans l’ensemble d’une stabilité exemplaire. Passée la séquence inaugurale, le grain d’origine a globalement été préservé, la définition et le piqué sont considérablement accrus, et les contrastes sont affirmés, donnant au noir et blanc un punch assez certain. C’est du très beau travail technique. Du côté des enceintes, VF d’époque et VO anglaise nous sont proposées, en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle. On notera une nette domination de la version originale, plus naturelle et plus ample.

En plus d’être un bel objet, le Mediabook d’Horror Hotel édité par Sidonis Calysta comprend un beau livret de 24 pages intitulé « L’aventure fantastique », très richement illustré de photos et rédigé par Marc Toullec. Sur la galette proprement dite, l’éditeur nous propose, outre la traditionnelle bande-annonce, un très intéressant entretien avec Christopher Lee (16 minutes), enregistré en 1975, probablement pendant la promotion de L’Homme au pistolet d’or et pendant le tournage d’Une fille pour le Diable. Si la qualité technique de cette interview d’archive est assez calamiteuse, elle recèle en revanche des propos très intéressants. Christopher Lee y reviendra sur son plaisir à jouer les méchants, évoquera le phénomène du Satanisme, puis reviendra sur quelques-uns de ses rôles. S’il déplorait à l’époque d’avoir joué Dracula « deux ou trois fois de trop », on notera que cela ne l’a pas empêché d’endosser à nouveau la cape du Seigneur de la nuit dès l’année suivante dans Dracula père et fils. Il reviendra sur le rôle de Scaramanga dans L’Homme au pistolet d’or, et révélera avoir été envisagé pour incarner le fameux Dr No, un autre méchant de James Bond – un personnage qui a d’ailleurs été créé par Ian Fleming, qui se trouvait être le cousin de Christopher Lee. Il révélera également son personnage préféré parmi ceux qu’il a incarné à l’écran : Lord Summerisle dans The Wicker Man (Robin Hardy, 1973). En revanche, son film préféré parmi ceux dans lesquels il avait joué à l’époque était La Vie privée de Sherlock Holmes (Billy Wilder, 1970). Et vous, lesquels sont vos préférés ?

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