Test Blu-ray : Fou à tuer

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Fou à tuer


États-Unis, Italie : 1986
Titre original : Crawlspace
Réalisation : David Schmoeller
Scénario : David Schmoeller
Acteurs : Klaus Kinski, Talia Balsam
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h20
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 26 novembre 1986
Date de sortie DVD/BR : 17 février 2022

Fils d’un médecin nazi, Karl Gunther passe pour être le propriétaire aimable, protecteur et attentionné d’un immeuble où il ne loge que des jeunes femmes en quête urgente d’un toit. Rien à redire sur son comportement à l’égard de ses locataires. Des apparences trompeuses car, en réalité, il les espionne discrètement, puis les kidnappe et les torture. À la différence de ses autres victimes et bien décidée à ne pas figurer à son tableau de chasse, l’étudiante Lori Bancroft lui donne beaucoup plus de fil à retordre que les précédentes…

Le film

[3,5/5]

Surtout connu pour avoir réalisé le tout premier Puppet Master en 1989, David Schmoeller n’en était alors pas à sa première collaboration avec Charles Band et Empire Pictures. On lui devait en effet déjà deux curiosités du fantastique ayant su traverser les années avec une certaine classe : le très intéressant Tourist Trap (1979), avec la regrettée Tanya Roberts, et Fou à tuer (1986), un psycho-killer assez barré mettant en scène l’inimitable Klaus Kinski.

Fou à tuer met donc en scène le propriétaire d’un immeuble, Karl Gunther, qui loue ses appartements à des femmes qu’il espionne sans vergogne par le biais de conduits d’aération aménagés, tout en s’amusant à leur envoyer des rats par le biais de petites trappes automatisées. Mais Gunther n’est pas qu’un Papy Voyeur : il est également le fils d’un médecin nazi qui a massacré des innocents pendant la Seconde Guerre mondiale. En bon fils, Gunther garde dans son appartement une femme captive enfermée dans une cage et dont les frusques en guenilles évoquent celles des prisonniers des camps de concentration. Il conserve également dans des bocaux de formol quelques trophées liés à ses crimes passés : une langue par-ci, une paire d’yeux par-là, etc. Parallèlement, tous les jours, le « héros » de Fou à tuer s’adonne à son jeu favori : une partie de roulette russe, avec un revolver garni d’une balle gravée à son nom. Mais la Faucheuse semble ne pas vouloir de lui, et tous les jours, il répète invariablement la même phrase dans un sourire empreint de lassitude : « Tant pis ».

Bien évidemment, Fou à tuer nous donnera à voir une sélection de séquences assez folles, tantôt grotesques, tantôt saugrenues, tantôt dérangeantes. Le film est globalement bien servi par la réalisation classique mais efficace de David Schmoeller, qui sera régulièrement soutenue par la partition toujours inspirée de Pino Donaggio. Quelques images du film dénotent d’une réelle inspiration en tant que metteur en scène, tel que ce plan montrant un Kinski immobile sur lequel sont projetées les images d’archive d’Hitler haranguant la foule. On retrouvera également l’obsession du cinéaste pour les pièges et la construction de ce qu’on pourrait appeler des « automates humains », mais au-delà de toutes les qualités formelles du film, Fou à tuer est surtout indéniablement porté par la prestation enfiévrée de Klaus Kinski.

Un peu plus de trente ans après sa disparition, on peut sans doute encore supputer que Klaus Kinski était, dans la « vraie vie », presque certainement lui-même fou à lier. Sujet à des crises de démence et de paranoïa mêlées à des illusions de grandeur divine, ses colères et sa méchanceté ont rendu complètement fous énormément de réalisateurs et d’équipes de tournage ayant eu l’occasion de travailler à ses côtés – David Schmoeller et l’équipe de Fou à tuer en ont par exemple largement fait les frais, au point que la possibilité de faire mourir l’acteur « par accident » sur le tournage et de se faire rembourser des frais de productions par les assurances fut un temps envisagé par les producteurs du film. Mais ils ont tenu bon, encaissant toutes les brimades et les caprices de l’acteur allemand.

Mais en dépit de sa folie dévorante et de son caractère ingérable, on ne peut nier que Klaus Kinski était également une « bête » de cinéma, et qu’il développait à l’écran un charisme que bien peu d’acteurs ont été en mesure d’égaler depuis. Spécialiste des rôles troubles et cruels, il parvenait à insuffler à ses personnages une « vie » allant bien au-delà de l’image, et 35 ans après sa sortie, Fou à tuer bénéficie encore grandement de la prestation hypnotique de l’acteur. Ses traits torturés, son sourire étrange, son regard pervers… Tout en lui contribue à donner une dimension supplémentaire au film de David Schmoeller qui, sans sa prestation, ne serait certainement pas un film d’horreur aussi spectaculairement mémorable.

Le Blu-ray

[4/5]

Fou à tuer débarque donc aujourd’hui sur support Blu-ray et sous les couleurs de Sidonis Calysta, qui permet décidément aux cinéphiles français de redécouvrir en Haute-Définition quelques classiques de l’horreur longtemps restés inédits en France, car non réédités depuis l’ère de la VHS. A l’occasion de la sortie de ce film en Combo Blu-ray / DVD, l’éditeur en profite pour créer la « Collection Cauchemar » : on suppose qu’une poignée de titres d’horreur sortis ces derniers mois chez Sidonis viendront par la suite se greffer à la collection (Prison, Les entrailles de l’enfer, Les monstres de la mer, Terreur extraterreste…). La copie du film de David Schmoeller est de très bonne tenue, au format 1.85 et 1080p ; le grain cinéma est parfaitement respecté, les couleurs et les contrastes sont finement restitués et le piqué est satisfaisant, même s’il manque peut-être un peu de « panache ». La restauration a fait place nette des tâches, rayures et autres griffes disgracieuses, et propose une image relativement stable, avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences. Du beau travail ! Côté son, l’éditeur nous propose la VO et la VF d’origine en DTS-HD Master Audio 2.0 mono. Les dialogues sont parfaitement clairs, on appréciera la VF d’époque un brin surannée, même si elle souffre d’un léger souffle. Les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier.

Dans la section suppléments, l’éditeur nous propose de découvrir une présentation du film par Olivier Père (28 minutes), dans laquelle il reviendra sur le producteur du film Charles Band ainsi que sur le « clan Band », assez synthétique mais complète et ce même si sa prononciation des noms à la française nous donne parfois l’impression qu’il évoque la trajectoire d’une famille de priapiques. Il reviendra ensuite sur la carrière de David Schmoeller, ainsi que sur la personnalité de Klaus Kinski et les nombreux problèmes rencontrés sur le tournage en raison de son agressivité. Il terminera son intervention en évoquant le reste de la carrière de Schmoeller ainsi que celle de Charles Band, de la chute d’Empire Pictures à la création de Full Moon. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce du film.

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