Test Blu-ray : Les entrailles de l’enfer

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Les entrailles de l’enfer


États-Unis : 1982
Titre original : The Beast Within
Réalisation : Philippe Mora
Scénario : Tom Holland
Acteurs : Ronny Cox, Bibi Besch, Paul Clemens
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h38
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 20 septembre 2021

Agressée et violée neuf mois plus tôt par une monstrueuse créature surgie de la nuit, Caroline McLeary donne naissance à un enfant qui, en dépit de ses origines, semble normal. À dix-sept ans cependant, Michael McLeary commence à ressentir des symptômes de plus en plus envahissants, de plus en plus violents, dont surtout des visions cauchemardesques. Hospitalisé, il s’enfuit, poussé par son instinct vers le lieu maudit de sa conception…

Le film

[4/5]

Assez peu connu en France, Les entrailles de l’enfer est un film d’horreur réalisé par Philippe Mora (Hurlements II) sorti en 1982, et bénéficiant d’un concept suffisamment original pour se démarquer assez durablement du gros de la production horrifique des années 80. Pourtant, on aurait largement pu imaginer le contraire à priori : le film a largement été vendu, tout au long des années 80, sur la série de « métamorphoses » qu’il met en scène dans son dernier acte, et qui évoquent pour le moins furieusement The Thing, le chef d’œuvre de John Carpenter.

De la même façon, on pourrait tiquer à la découverte du fait que Les entrailles de l’enfer commence avec une « insémination » contre-nature, ce qui n’était pas non plus le concept le plus original de la décennie : c’est au contraire une thématique assez fréquente dans l’horreur depuis Rosemary’s Baby, mais elle avait réellement explosé avec des films tels que Le monstre est vivant (1974) / Les monstres sont toujours vivants (1978) de Larry Cohen, et puis surtout avec Inseminoïd en 1981, gros carton en vidéo et film bien déviant, au cœur duquel le scénario de Tom Holland va à coup sûr puiser son imagination.

Et pourtant, Les entrailles de l’enfer ne ressemble à aucun des films que l’on vient de citer. L’histoire imaginée par Tom Holland (Vampire, vous avez dit vampire ?) a effet la particularité de faire un gros bond dans le temps après la séquence d’ouverture, et donc de mettre en scène un ado de dix-sept ans qui s’avère être le fruit de l’union entre un « monstre » (dont on ignore tout à ce moment du récit) et une femme. Et de s’imposer ainsi, à sa manière, comme un récit bien tordu de « coming of age ».

Carrie, Créatures célestes, Ginger snaps, Mysterious skin, Mean creek, Donnie Darko… les exemples ne manquent pas : le cinéma fantastique et les récits de « coming of age » font souvent bon ménage. Le fameux passage à l’âge adulte, la découverte de la sexualité et la notion d’acceptation de soi demeurent, pour tout un chacun, forcément toujours un peu nimbés de mystères en tous genres, et le fait de les illustrer au cinéma en ayant recours à des symboles allant chercher du côté du surnaturel est une idée non seulement habile, mais également pleine de poésie.

Pour le coup, le mystère est total quant à ce qu’il adviendra du jeune Michael (Paul Clemens), d’ailleurs, quelle était la nature de la créature ayant engrossé sa mère il y a dix-sept ans de cela ? Michael va-t-il devenir loup-garou lors de la première pleine lune, est-il un démon se nourrissant de l’âme des humains, ou est-il encore autre-chose ? Durant les trois quarts de son récit, Les entrailles de l’enfer laisse au public le soin d’y aller de ses conjectures, les symptômes laissant toujours planer le doute sur les origines de ces changements.

Les entrailles de l’enfer combine de plus les éléments hérités du Southern Gothic et les détails psychologiques plus introspectifs, tout en les mêlant au film de monstres traditionnel. Bien sûr, il y a également « le » moment de bravoure du film, qui réside dans la métamorphose gluante et peu ragoûtante prenant place dans la dernière demi-heure du film – si les effets spéciaux ne valent certes pas ceux de The Thing, ils restent tout à fait sympathiques et très étonnants. A découvrir.

Le Blu-ray

[4,5/5]

La collection « Fantastique » de Sidonis Calysta s’enrichit donc ce mois-ci d’un nouveau titre, qui débarque dans un très joli Médiabook, Combo Blu-ray + DVD + Livret. Après Terreur extraterrestre et Les Monstres de la mer le mois dernier, c’est donc aujourd’hui à Les entrailles de l’enfer de bénéficier d’un superbe lifting Haute Définition, qui lui permet de retrouver tout l’éclat de sa présentation d’origine. Le film est présenté au format CinémaScope respecté, en 1080p, l’image restaurée est de toute beauté, les couleurs sont littéralement superbes, les contrastes sont fins mais affirmés, et le grain argentique d’origine a été scrupuleusement préservé. Le master semble par ailleurs avoir été débarrassé de quasiment tous les dégâts infligés par le temps (poussières, taches ou autres griffes…). Certains plans « à effets » (fondus enchaînés, mentions écrites) sont certes plus doux que d’autres, mais l’ensemble est bien tenu : la restauration est de qualité, et le résultat est extrêmement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, en VF d’origine et ou en VO. La version française est un peu surannée, et s’avère pleine de charme.

Du côté des suppléments, on trouvera, en plus de la traditionnelle bande-annonce, une très intéressante présentation du film par Olivier Père (22 minutes), qui remettra le film dans son contexte de tournage et reviendra sur le scénario du film et ses différentes thématiques. Il abordera également rapidement la carrière de Philippe Mora, en se montrant à la fois sévère et tendre vis à vis de Hurlements II et Hurlements III. On n’oubliera pas non plus le passionnant livret de 24 pages rédigé par Marc Toullec, qui complétera les propos d’Olivier Père de nombreux entretiens avec l’équipe.

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