Test Blu-ray : BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan

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BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan

États-Unis : 2018
Titre original : BlacKkKlansman
Réalisation : Spike Lee
Scénario : Charlie Wachtel, David Rabinowitz, Kevin Willmott
Acteurs : John David Washington, Adam Driver, Topher Grace
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 2h15
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 22 août 2018
Date de sortie DVD/BR : 9 janvier 2019

Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, Ron Stallworth devient le premier officier noir américain du Colorado Springs Police Department. Il se fixe une mission : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions. En se faisant passer pour un extrémiste, Stallworth contacte le groupuscule : il ne tarde pas à se voir inviter au sein de la garde rapprochée. Tandis que l’enquête progresse, Flip Zimmerman, collègue de Stallworth, se fait passer pour Ron lors des rendez-vous avec les membres du groupe et apprend qu’une opération meurtrière se prépare…

Le film

[3,5/5]

« Dans le cinéma américain récent, Spike Lee est probablement l’un des réalisateurs à la filmographie la plus politisée. En tout cas dans le cadre méticuleusement délimité de la production afro-américaine, il compte parmi les rares cinéastes à faire entendre leur voix non pas pour divertir simplement les masses avec un enchaînement guère éclairé de stéréotypes, comme le fait avec une dextérité commerciale remarquable Tyler Perry, mais afin d’alerter sans relâche sur la nature profondément raciste de la société américaine de hier et d’aujourd’hui. Contrairement à ses contemporains et à ses héritiers indirects – citons ici pour l’exemple les parcours professionnels de John Singleton et de Antoine Fuqua –, il ne s’est jamais écarté trop longtemps de la voie de la contestation enragée. Car même à soixante ans passés, Lee continue le valeureux combat qui consiste essentiellement à arracher le spectateur de sa torpeur pour mettre le doigt là où ça fait mal. Les films qui résultent de cet activisme rarement à bout de souffle ne s’expriment point sur le ton de la délicatesse sophistiquée, mais sur celui de la confrontation et de la provocation, comme si ces fléaux sociaux qui accablent depuis des siècles la civilisation américaine ne pouvaient être éradiqués qu’à coups de hache rhétorique. Ce discours militant est transmis avec une intégrité artistique jamais prise en défaut dans BlacKkKlansman, récompensé du Grand Prix au dernier Festival de Cannes, qui établit de façon poignante le lien entre la discrimination flagrante de la population afro-américaine au début des années 1970 et la renaissance de ce climat toxique dans l’Amérique sous la présidence Trump.

Les films de Spike Lee ne se distinguent pas par leur finesse. Ils font toutefois preuve d’une compréhension aiguë quant à l’influence des médias sur le regard que nous portons sur le monde en général et sur nous-mêmes en particulier. C’est ainsi que BlacKkKlansman s’ouvre sur un extrait de Autant en emporte le vent de Victor Fleming et se termine sur des prises de l’incident à Charlottesville l’année dernière, deux images emblématiques qui en disent long sur le mal de vivre ensemble qui déchire les États-Unis de l’intérieur depuis de trop nombreuses années. Ce pamphlet puissant va même jusqu’à courir parfois le risque de s’apparenter à un cours magistral sur la représentation plus ou moins valorisante de la population afro-américaine par le prisme du cinéma, puisqu’il fait également référence à l’ambassadeur par excellence de l’état d’esprit colonial, Tarzan, à Naissance d’une nation de D.W. Griffith, ainsi qu’à une pléthore de vedettes de la blaxploitation, pour ne nommer qu’eux.

Spike Lee n’est pas du genre à perdre de vue les enjeux fondamentaux de son travail cinématographique, qui consiste en somme à aiguiser encore et encore la mentalité américaine envers l’injustice insoutenable en termes raciaux de laquelle la société d’outre-Atlantique s’est accommodée depuis trop longtemps. En ce sens, BlacKkKlansman est probablement son œuvre la plus aboutie depuis des années, puisque ses derniers coups d’éclat, La 25ème heure et Inside man – L’homme de l’intérieur, faisaient largement l’impasse sur la question raciale. Rien de tel ici, puisque la rage du réalisateur s’y exprime sans détour avec une ardeur quasiment crue que l’on ne trouve hélas plus si souvent dans le cinéma américain actuel, aseptisé par trop de frilosité commerciale, au-delà de tout espoir de retour salutaire vers un propos foncièrement engagé, comme on pouvait justement encore en trouver dans certains films du Nouvel Hollywood dans les années 70. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Tobias Dunschen. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Le Blu-ray de BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan débarque donc sous les couleurs d’Universal Pictures, quelques mois après une sortie en salles ayant réuni 1,3 millions de fans de Spike Lee en France. La galette Haute Définition du film est d’ailleurs irréprochable, reproduisant avec fidélité la superbe photo de Chayse Irvin : le piqué d’une précision à couper le souffle, les couleurs et les contrastes en envoient plein les yeux… Du très beau travail ! Côté son, le mixage Dolby Atmos de la VO joue essentiellement sur les ambiances, bien enveloppantes, avec passages cependant tenant véritablement de la démo acoustique. Si l’on vous conseille plutôt la version originale pour des raisons artistiques (pour les voix et intonations originales des comédiens), la VF encodée en Dolby Digital+ se défend plutôt bien, proposant une immersion optimale pour le spectateur et des effets multicanaux qui dépotent.

Dans la section suppléments, on ne trouvera malheureusement qu’une courte featurette (5 minutes environ) contenant néanmoins des interventions du « vrai » Ron Stallworth, mais également de Jordan Peele, Topher Grace, John David Washington, Laura Harrier et Harry Belafonte, qui reviennent rapidement sur le tournage du film et sur les performances des acteurs. On terminera le tour des suppléments avec une version « longue » de la bande-annonce du film.

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