Test Blu-ray : Bienvenue à Marwen

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Bienvenue à Marwen

 
États-Unis : 2018
Titre original : Welcome to Marwen
Réalisation : Robert Zemeckis
Scénario : Robert Zemeckis, Caroline Thompson
Acteurs : Steve Carell, Leslie Mann, Merritt Wever
Éditeur : Universal Pictures France
Durée : 1h56
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 2 janvier 2019
Date de sortie DVD/BR : 15 mai 2019

 

Après avoir été sauvagement attaqué et laissé pour mort à la sortie d’un bar, Mark Hogancamp est un homme brisé, ayant perdu la mémoire et qui ne la retrouvera sans doute jamais. En rassemblant les quelques souvenirs de son passé et sa vie présente, Mark crée son propre monde, le monde merveilleux et fantastique de Marwen où il puise sa force pour triompher dans le monde réel. Son installation artistique surprenante devient un témoignage des femmes qui l’ont entourées et l’ont soutenu dans son voyage initiatique…

 


 

Le film

[4/5]

Les chiffres sont éloquents : avec moins de 11 millions de dollars de recettes au box-office américain (13 millions à l’international) pour un budget de 39, Bienvenue à Marwen est probablement le plus gros échec public de la carrière de Robert Zemeckis. Et pourtant, cette émouvante évocation de la vie et de l’Art de Mark Hogancamp a tout du « grand » film à mettre à l’actif du réalisateur de Forrest Gump : un de ces films qu’on n’aurait pas été étonné de voir rafler plein d’Oscars et remporter une renommée grandissante à travers le monde.

Avec son personnage principal forcé de reconstruire sa vie après une agression barbare et utilisant l’Art comme une thérapie pour tenter de voir le bout du tunnel et de retrouver une vie normale, Bienvenue à Marwen explore sans angélisme les multiples facettes d’un homme brisé, souffrant d’anxiété extrême et se réfugiant dans un monde imaginaire peuplé de poupées à figures de « méchants nazis et de p’tites pépées », qui prennent vie dans des séquences fantaisistes et extraordinaires, vives, rythmées et drôles, tout en étant servies par des effets spéciaux littéralement superbes.

La survie de Mark Hogancamp (interprété par un Steve Carell tout simplement excellent) dans le monde réel a tout de la lutte perpétuelle, de la souffrance et de la fuite : présentées de manière assez nuancée, son existence ainsi que ses interactions avec les autres semblent difficiles et tortueuses, l’artiste ne parvenant à exprimer ses sentiments qu’à travers un imaginaire décomplexé mais profondément simpliste, car né de l’esprit amnésique d’un grand enfant dans un corps d’homme – un monde où tous les hommes sont des nazis à abattre et où les femmes n’existent que pour servir Hogie, l’équivalent de plastique du personnage principal. Et à une époque où le regard masculin est constamment jugé et méprisé et où la plus petite représentation « fantasmée » de l’idéal féminin est condamnée sans détour par des hordes de féministes à travers le monde, il était sûr que Bienvenue à Marwen, qui affiche une série de personnages féminins représentés par des poupées mannequins, ferait hurler à la mort certains ayatollahs de la bien-pensance, pour lesquels le récit imaginé par Robert Zemeckis et Caroline Thompson tenait forcément de la réduction de la femme au statut d’objet. Tout cela cependant semble un poil surinterprété : les interactions de Mark avec les femmes de Marwen n’ont aucun lien avec celles qu’il entretient avec leurs homologues du monde réel – ce recours à l’imaginaire est surtout pour lui une façon d’exorciser ses démons, qui prennent vie et dont il parvient à se débarrasser au cœur du village fictif de Marwen. Comme d’autres le feraient par la prise de parole ou la thérapie.

Sous-estimé, original, spectaculaire, Bienvenue à Marwen permet donc à Robert Zemeckis de signer une œuvre à la fois divertissante, bien plus profonde qu’elle n’y paraît et très personnelle – si personnelle d’ailleurs que le cinéaste se laisse carrément aller à l’auto-citation avec une référence – assez hilarante – à Retour vers le futur

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

C’est bien sûr sous les couleurs d’Universal Pictures que débarque aujourd’hui Bienvenue à Marwen sur support Blu-ray, mais on notera que la vente du film en Haute Définition est une exclusivité de l’enseigne Fnac. Côté transfert, la sublime photo du film signée C. Kim Miles est réellement magnifiée par le transfert aux petits oignons que nous a mitonné l’éditeur : le master affiche une forme insolente, le piqué et le niveau de détail sont très satisfaisants, tout est fait pour que l’on s’extasie des séquences se déroulant à Marwen, le village de poupées né de l’esprit de Mark Hogancamp / Steve Carell. Niveau son, comme d’habitude chez l’éditeur, la VO est proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 redoutablement spatialisé : l’immersion est totale, les effets sont dynamiques et nombreux, et le rendu acoustique affiche une ampleur assez impressionnante. La version française quant à elle n’est encodée qu’en Dolby Digital 5.1, et les amateurs de VF n’auront d’autre choix que de s’en contenter, d’autant qu’elle fait preuve d’un dynamisme remarquable. On privilégiera naturellement la version originale, ne serait-ce que pour apprécier à sa juste valeur la performance générale du casting.

Dans la section suppléments, le Blu-ray édité par Universal Pictures nous propose de découvrir une petite sélection de scènes coupées ou alternatives (12 minutes). La plupart d’entre elles sont présentées telles quelles, c’est à dire non finalisées ou juste avec les acteurs en costumes de performance capture. Intéressantes, elles proposent de petits éléments narratifs supplémentaires, dont on se passe très bien par ailleurs dans le montage final ; la plus marquante est une version alternative de la scène où Mark va déposer la photo devant la porte de Nicol (Leslie Mann) – dans cette dernière, il frappe à la porte et c’est Kurt (Matt O’Leary) qui ouvre, uniquement vêtu d’une serviette de bain autour de la taille – voilà qui explique un peu d’avantage l’ambiance lors des retrouvailles entre Mark et Nicol à la galerie New-Yorkaise… Le reste des suppléments est constitué de quatre featurettes d’environ quatre minutes chacune, revenant sur les acteurs du film, la personnalité de Robert Zemeckis, la création des décors de Marwen et la transformation des acteurs en petites poupées de plastique. Intéressant mais trop court !

 

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