Test Blu-ray : À couteaux tirés

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À couteaux tirés

États-Unis : 2019
Titre original : Knives out
Réalisation : Rian Johnson
Scénario : Rian Johnson
Acteurs : Daniel Craig, Ana de Armas, Chris Evans
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h11
Genre : Thriller, Comédie
Date de sortie cinéma : 27 novembre 2019
Date de sortie DVD/BR : 27 mars 2020

Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s’entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné jusqu’à la toute dernière minute…

Le film

[4,5/5]

L’œuvre d’Agatha Christie, composée de 66 romans et un peu plus de 150 nouvelles, a déjà donné naissance à plus de 160 adaptations au cinéma et à la télévision. On se souvient par exemple, dans les années 70/80, d’une série de films basés sur ses œuvres les plus célèbres, portés par des castings prestigieux. Cette tradition, qui avait disparue dans les années 90 au profit de nombreuses adaptations télévisuelles, a été relancée en 2017 avec succès par Kenneth Branagh avec Le crime de l’Orient-Express, qui sera bientôt suivi par une nouvelle adaptation d’une enquête d’Hercule Poirot, Mort sur le Nil, qui devrait sortir à l’automne 2020.

Cette tradition du film d’enquête / mystère porté par un casting quatre étoiles a probablement dû profondément marquer l’enfance de Rian Johnson, né en 1973. Et si À couteaux tirés n’est pas à proprement parler adapté d’un roman d’Agatha Christie, il reprend à son actif tous les mécanismes classiques du « whodunit », l’ambiance et l’identité formelle que l’on peut se faire du genre (finalement très marquée par le jeu de société Cluedo, qui était lui-même inspiré de l’œuvre d’Agatha Christie) et l’enquête portée par une personnalité singulière. Ce génie de la déduction ne s’appelle ici ni Hercule Poirot ni Miss Marple mais Benoît Blanc, détective privé célèbre pour sa sagacité et son sens du détail. Le personnage est incarné par Daniel Craig, et ce rôle lui permettra de laisser libre cours à une fantaisie qu’on lui connaissait finalement assez peu.

Malin, drôle et astucieux, À couteaux tirés est passionnant dans sa façon de réinventer le « puzzle » mental et le défi que représente, pour le spectateur, le genre du whodunit. Commençant en proposant un état des lieux du crime (une grande demeure bourgeoise, une réunion de famille, le patriarche mort), le film se métamorphose au fur et à mesure qu’il avance, retournant la situation en nous faisant découvrir ce qui s’est réellement passé, passant du whodunit traditionnel à son antithèse à la Columbo : le spectateur se dit alors qu’il va désormais mener l’enquête aux côtés du détective, et assister à sa découverte progressive des indices jusqu’à la mise à jour de la vérité. Mais cela serait encore trop simple, Rian Johnson nous réserve en effet encore quelques surprises en cours de route…

Face à Daniel Craig, qui passe les vingt premières minutes du film assis en arrière-plan à écouter la police interroger les membres de la famille Thrombey, on trouvera une série d’acteurs époustouflants, ayant tous l’intelligence de la jouer « collectif » sans essayer de tirer la couverture à eux : Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Michael Shannon, Toni Collette, Chris Evans, Ana de Armas… Les fausses pistes se multiplient, de même que les trouvailles hilarantes, ne serait-ce que dans la présentation des divers personnages et des relations familiales se nouant entre eux. Le deuxième personnage le plus important du film, le « Watson » désigné par Benoît Blanc, est bien sûr Marta (Ana de Armas) qui, sous son apparence fragile et son incapacité à mentir, s’avérera au final très ingénieuse malgré elle. Car comme le déclare Harlan Thrombey (Christopher Plummer) dans le film, Marta est une redoutable joueuse de « go », ce jeu de stratégie en provenance de Chine. Mais ce qui fait sa supériorité au jeu de go comme dans la vie, c’est qu’elle joue « avec le cœur », sans calcul. Ainsi, à sa question « Why can’t I beat you at this game ? », elle répondra simplement « Because I’m not playing to beat you, I’m playing to build a beautiful pattern ». Cette ligne de dialogue est la clé de compréhension du personnage, et éclairera notamment le dernier acte du film, et le personnage de Craig mettant à nu les stratégies des uns et des autres.

Bref, À couteaux tirés s’impose réellement comme une réussite de cinéma ludique, que notre rédacteur en chef Pascal Le Duff évoquait en ces termes lors de la sortie du film en novembre dernier :

« Après Les derniers Jedi, Rian Johnson s’autorise une énigme à tiroirs façon Agatha Christie, plus ludique qu’un Star Wars. Daniel Craig est savoureux en simili Hercule Poirot, secondé par Ana de Armas en docteur Watson de charme. Elle est la surprise de cette satire policière. Modeste employée d’origine étrangère, elle est amusante à cause d’un drôle de souci médical, mais aussi touchante par son parcours. L’humour noir égratigne les membres de cette famille dysfonctionnelle, interprétés par des acteurs chevronnés (Chris Evans, Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Michael Shannon, Toni Collette…), parfaits en profiteurs médiocres, écrasés par leur patriarche imposant. Un Cluedo un peu trop long mais très plaisant, dont le scénario permet aux spectateurs, traités en complices, de deviner qui est le coupable. »

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Comme chaque Blu-ray édité par Metropolitan Vidéo (à de très rares exceptions près), la galette de À couteaux tirés s’avère une nouvelle fois techniquement irréprochable. La définition est redoutable, les couleurs explosent dans tous les sens, les contrastes sont impeccables, bref, c’est un sans faute. Le rendu est visuellement sublime, un Blu-ray de démo de plus à ajouter au giron de Metro. Côté son, la version originale est proposée en Dolby Atmos : l’immersion totale est garantie, en mode « spatialisation de ouf malade », ultra-dynamique mais également d’une finesse et d’une précision à couper le souffle. La version française s’imposera quant à elle dans un puissant mixage DTS-HD Master Audio 5.1, qui fait naturellement très fort également, rivalisant en intensité et en punch avec sa grande sœur la VO. On notera que le doublage français, emmené par l’énergie d’Éric Herson-Macarel et Alexandre Gillet, voix françaises de Daniel Craig et Chris Evans, est extrêmement dynamique et ravira les amateurs de VF.

Du côté des suppléments, on commencera avec un très intéressant commentaire audio du scénariste / réalisateur Rian Johnson (VOST), accompagné du directeur de la photographie Steve Yedlin et l’acteur Noah Segan, habitué du cinéma de Rian Johnson, qui incarne dans le film un des deux policiers chargés de l’enquête. On trouvera également un deuxième commentaire audio de Rian Johnson (VO), tout seul comme un grand. Les amoureux du film pourront également se plonger dans une sélection de scènes coupées (5 minutes), également disponibles avec les commentaires Rian Johnson. Outre une petite featurette dédiée au talent de Rian Johnson et de la façon dont il a structuré le scénario (6 minutes), le gros morceau de cette interactivité consistera en un ÉNORME making of de quasiment deux heures, divisé en huit parties thématiques qui abordera tous les d’aspects de la production, de l’écriture au casting en passant par les costumes, la photo, le montage ou encore la musique. Du lourd !

On terminera enfin avec un amusant faux trailer (2 minutes) et quelques « publicités » destinées à la promotion virale du film sur le Net (2 minutes), qui s’accompagneront bien sûr de la traditionnelle poignée de bandes-annonces de films édités par Metropolitan Vidéo.

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