Suzanne

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France : 2012
Titre original : Suzanne
Réalisateur : Katell Quillévéré
Scénario : Katell Quillévéré, Mariette Désert
Acteurs : Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel, Paul Hamy
Distribution : Mars Distribution
Durée : 1 h 34
Genre : Drame
Date de sortie : 18 décembre 2013

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

On dit souvent qu’il est plus facile de réaliser un premier film que le second. En tout cas, il a fallu 3 ans à Katell Quillévéré pour franchir cette nouvelle étape, après Un poison violent, un premier film très prometteur qui s’était vu décerner le Prix Jean Vigo 2010. Entre temps, Katell avait participé à Vandal, sorti il y a quelques semaines, en tant que co-scénariste. Suzanne, ce deuxième film de Katell Quillévéré, avait été choisi comme film d’ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2013.

Synopsis : Le récit d’un destin. Celui de Suzanne et des siens. Les liens qui les unissent, les retiennent et l’amour qu’elle poursuit jusqu’à tout abandonner derrière elle…

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Parce que j’en avais envie

Suzanne, c’est une jeune fille qui vit du côté d’Alès, aux côtés de son père, chauffeur routier, et de Maria, sa sœur, avec qui elle a des rapports fusionnels. Au tout début du film, Suzanne et Maria sont même des petites filles qui dansent comme des princesses pour la fête de fin d’année. En fait, à la mort de sa femme, Nicolas, le père, s’est retrouvé veuf face à deux gamines. Pas facile pour lui de s’en occuper, d’autant plus lorsque le travail vous oblige à être souvent absent du domicile. Pourtant, depuis des années, il s’est efforcé de les élever avec beaucoup d’attention et d’amour, mais aussi beaucoup de maladresse. Toujours est-il que Suzanne se retrouve enceinte à 17 ans et décide de garder l’enfant, ce qui lui vaut une bonne torgnole de la part de son père : « Pourquoi tu l’as gardé », demande le père, « parce que j’en avais envie », répond Suzanne. On la retrouve quelques années plus tard, engagée comme secrétaire dans la société de transport dans laquelle travaille son père. Suzanne serait donc en route vers une vie de petite française moyenne ? Pas vraiment ! Sa nature et le hasard lui font croiser Julien, un jeune homme dont elle tombe folle amoureuse mais qui se révèle vite comme étant un voyou en puissance. L’attirance que Suzanne lui porte lui font tout quitter, enfant, père, sœur. Le début d’une vie de cavale, de marginalité.

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Beaucoup d’ellipses

Manifestement, Katell Quillévéré a une attirance pour les jeunes filles « à problèmes ». Dans Un poison violent, elle nous présentait les émois d’Anna, une jeune fille tout juste sortie de l’enfance, qui se retrouvait confrontée, dans un contexte familial difficile, à ses rapports avec la foi catholique et à ses premiers élans amoureux. Dans Suzanne, elle s’attache à une jeune fille qui, à coup de choix radicaux, s’éloigne de la vie que son environnement social avait plus ou moins tracée pour elle, elle décrit tout ce que l’amour passion peut amener à faire chez certaines personnes. Par contre, elle a choisi pour ce deuxième film un mode narratif différent de celui du premier. Il faut dire que l’histoire qu’elle nous raconte s’étale sur une période très longue, une bonne vingtaine d’années. Elle a donc choisi de procéder par ellipses, sautant allégrement des périodes parfois assez longues pour nous faire retrouver des personnages faisant face à une situation qui, entre temps, a évolué, de façon plus ou moins marquée. Cela étant fait avec beaucoup de soin et de savoir faire, ce procédé ne nuit en rien à la compréhension de l’intrigue. Par contre, il peut induire chez le spectateur un petit « retard à l’allumage » à chaque « atterrissage » dans une nouvelle séquence, ce qui pourrait être une explication à l’impression qu’on ressent de passer très souvent de moments où l’intérêt ressenti est fort à des moments qu’il n’est pas interdit de qualifier d’insignifiants, et vice versa. Parmi les séquences sans grand intérêt, on pointera la scène particulièrement convenue de la boite de nuit, scène dont malheureusement les réalisateurs font un usage beaucoup trop fréquent et qui plombe à chaque fois leur film pendant quelques minutes.

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Un très bon casting

S’il y a un point sur lequel tous les spectateurs seront d’accord, c’est celui concernant le casting : François Damien, qui joue le père, n’a jamais été aussi sobre, ce qui le rend d’autant plus convaincant dans un rôle qui doit laisser transpirer une émotion très retenue. Sa transformation physique dans le temps est parfaitement réussie, l’évolution du système capillaire étant le principal élément utilisé pour marquer le passage des années. Sara Forestier est égale à elle-même. Adèle Haenel, qui joue sa sœur, est devenue, depuis Naissance des pieuvres en 2007, une comédienne importante dans le cinéma d’auteur français. Quant à Paul Hamy, qui joue Julien, c’est un nouveau venu que l’on n’avait vu que dans Elle s’en va, sorti il y a peu. Par ailleurs, on regrettera que que la musique écrite pour le film soit si médiocre, même si la version Nina Simone de Suzanne, la chanson de Leonard Cohen, remonte le niveau à la fin du film.

Résumé

Suzanne fait partie des films auxquels on peut coller l’étiquette « montagne russe », c’est-à-dire cette famille de films auxquels l’intérêt qu’on leur porte n’arrête pas de changer, des scènes sans grand intérêt succédant à des scènes soit passionnantes, soit attachantes, soit émouvantes. Même si, dans une bonne partie du film, Katell Quillévéré arrive à confirmer les talents de réalisatrice qu’elle avait montrés dans Un poison violent, on peut quand même regretter que, globalement, ce deuxième film ne soit pas au niveau du premier.

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