Série TV : Chefs épisode 3 et 4

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CHEFS Episode 1 et 2

Le deuxième volet de la saga « Chefs » nous offre un second prime time sur France 2. Le mercredi, c’est la journée des enfants. Le mercredi soir, c’est devenu temporairement la série culinaire ! Le ballet reprend dans les travées du « Le Paris » toujours commandé par notre charismatique Clovis Cornillac. Il suffit de mettre ses sens en éveil pour capter la toute opulente diversité proposée par le monde de la nourriture. Attablez-vous, mettez-vous à l’aise, et laissez faire les cuistots mettre deux coups de cuillère à pot dans tout ça pour offrir un divertissement contemporain caramélisé par des notes d’accordéon franchouillardes à l’accent parisien.

Le point sur la situation

Nous nous étions quittés sur des notes plus ou moins sucrées, salées, amères, acides, piquantes… Romain (Hugo Becker), notre tout frais sorti de prison, agrémentait de sa présence l’équipe méticuleusement huilée du restaurant tenu par « le Chef » (Clovis Cornillac). Vacillant entre le besoin de rédemption, la recherche de son soi, de son passé (notamment les raisons de la mort de sa mamounette quand il était petit) et sa nature même de jeune délinquant, il arrive tant bien que mal à faire que la mayonnaise prenne. Le sujet « Romain » divise. La brigade est scindée en deux : les pros et les antis-nouveaux petits arrivants. Clovis le bienveillant, notre barbu attachant, respecté et respectable cuistot étoilé, prend sous son aile à la dure, le petit oisillon égaré en déléguant quelques personnes à l’acclimatation du p’tit gars, à savoir : Charlène (Joyce Bribing) la mère célibataire seule femme de l’équipe, Woo (Anthony Pho), le sympathique asiatique titubant sur les mots, Souleimane (Jean Bediebe), le stoïque bras armé du « Chef », et quelques autres comme JC (Laurent Menoret). Yann (Nicolas Gob), le second de Clovis Cornillac est celui qui met un peu de piment dans cette mécanique bien rôdée puisqu’il met quelques bâtons de céleri dans les roues de notre petit protégé. Personnage virulent, il arrive à faire correctement en sorte qu’on ne le prenne pas en sympathie. Je dois bien le dire, je prendrais plaisir à lui mettre quelques petites gauches/droites/high-kicks, pas piquées des hannetons à celui-là. Revenons à notre Cloclo version petit et grand écran. Faut pas se le cacher, malgré son hégémonie culinaire, il connaît des problèmes d’argent… qui dit crédit dit créance, qui dit dette te dit huissier, oui dit assis dans la merde ! (Merci Stromae). L’investisseur, à savoir Edouard (Robin Renucci) engage Delphine (Anne Charrier), le pitbull, pour remettre un peu d’ordre dans les finances du restaurant. Mais voilà, « Chef » a d’autres dettes… et un de ses nombreux créanciers lui réclament cet argent ! Boum… Passage à tabac obligatoire, il tombe dans le coma. Fin du premier acte !

CHEFS Episode 3 et 4f

Dans l’adversité, le spectacle doit continuer

Les scènes s’enchaînent tambours battants lustrant les personnages avec une toute réelle sensation vertigineuse de déjà-vu, de déjà ressentie. Paradoxalement, malgré le rythme lent perfusant à coup de calmants cet amoncellement d’événements plus ou moins prévisibles, nous assistons à de grands chambardements dans les couloirs du « Le Paris ». Clovis Cornillac, toujours aussi excellentissime, toujours aussi sobre, sort de son coma léthargique avec une épine grosse comme un tronc dans le pied. Le voilà dépourvu de l’essentiel pour un chef cuisinier : le goût. Sa minerve et ses ecchymoses deviennent superficielles face à son hésitation se transformant en doute, se transformant en étonnement, se transformant en oppression. La consternation et le découragement l’envahissent. Ce plan serré sur cet homme souligne à merveille le désarroi auquel il doit faire face. Cet air de déjà-vu nous renvoie volontiers quarante ans en arrière dans le monde merveilleux de Louis de Funès, jouant Duchemin, le critique gastronomique, dans l’Aile ou la Cuisse de Claude Zidi, dépourvu DU sens primordial : le goût. Louis de Funès, Clovis Cornillac même combat ! Ce drame nous plonge dans une empathique dégringolade. Il goûte, goûte à nouveau, tente de ragoûter, boit cul-sec du Tabasco, se dégoûte, se saoule, s’égoutte, se gave à en perdre la raison et la motivation numéro un qui était de revenir sur le haut de la scène. Mais voilà, notre barbu a du caractère, notre barbu est fier, oui notre barbu a de l’égo et de la vertu ! Oui notre barbu joue de son minois poilu, saillant, grisonnant pour titiller le spectateur hébété devant tant d’injustice ! Cuve ton whisky, cher barbu ! Sors de ces pensées malsaines semblant t’envahir ! Reviens-nous grandi ! Fais face à cette épreuve que la vie semble t’avoir mis sur ton chemin de table ! Lève-toi et marche ! Mets un coup de louche dans les abats de Tricatel (référence à l’industriel dans l’Aile ou la Cuisse…), et fais-nous rêver ! Cette série flatte finalement notre culture cinématographique avec pertinence, puisqu’elle se permet de faire des références toutes trouvées nous amenant à nous y sentir bien, calfeutrés comme des papes dans notre fauteuil.

En l’absence du Chef…

Alors, est ce que les souris dansent quand le chat n’est pas là ? La réponse est non… on danse pas ici ! On cuisine môssieur ! On émonde, on épépine, on déglace, on clarifie, on tamise, on fait suer, on blanchit, on réduit et on dresse ! Oui môssieur ! En l’absence du chef, c’est Yann le second qui prend le relais et qui fait jouer son statut en roulant fièrement des mécaniques. Il envoie valser toutes les convenances et tout le monde (sauf Delphine la promue Directrice de l’établissement) pour assouvir son rôle de chef de substitution. Nicolas Gob joue son rôle de vil vilain avec structure toute relative puisqu’il est renvoyé dans ses vingt-deux mètres par Delphine et Souleimane. L’opposition entre Romain et Yann va finalement être de courte durée puisqu’ils vont se retrouver unis et complices dans un fait marquant arrangeant finalement notre chef qui fait son retour. Je ne vous en dirai pas davantage, le suspense est à son paroxysme. Vous m’en voulez ? Vous n’avez qu’à regarder ! La seule chose que je peux vous dire, c’est que nous aurons affaire à une enquête policière toute mignonne menée maladroitement par deux « Pinot Simple Flic ». Méfiez-vous néanmoins de l’eau qui dort. L’intrigue prend une tournure assaisonnée rendant tenace l’addiction à cette série.

CHEFS Episode 3 et 4ff

Un concours, un maraîcher…

Je souhaite vous prévenir tout de suite, vos références télévisuelles vont en prendre pour leur grade. Je ne vous parle plus de « l’Aile ou la Cuisse » car je vais faire place à toutes ces télé-réalités qui agrémentent notre paysage audiovisuel. Avec le retour de notre bien aimant Clovis Cornillac aux commandes de son restaurant, dépourvu de tout sens gustatif, nous allons assister à l’envol de Romain. Ses souvenirs de jeunesse passés dans les jupes de maman à touiller la tambouille, à éplucher pommes de terre et carottes vont lui permettre, avec le concours et les conseils du Chef, de prendre de l’expérience dans le monde de la cuisine, voire même de prendre une confiance toute particulière. Ce fait va être mis en relief avec l’apparition du Maître Maraîcher que tout le monde s’arrache : Matsumoto (Gen Shimaoka). Son nom ne vous dit rien, son statut de maraîcher, peut-être. Il existe en région parisienne un célèbre maraîcher ne travaillant que pour quelques grands noms de la cuisine : Asafumi Yamashita (je ne vous ferai pas la blague du « à vos souhaits »). Cet homme ne réserve ses fruits et légumes que pour quelques grands étoilés. Le parallèle se fait dans « Chefs ». Nous avons affaire ici à l’homme qui parle à ses courgettes, l’homme qui murmure à l’oreille de ses choux fleurs avec sérénité, douceur et philosophie. L’an passé, « Top Chef » sur M6, a eu le privilège de mettre son travail en lumière. Comme je suis un fin adorateur de toutes ces télé-réalités culinaires, le clin d’œil m’a paru familier. Je me suis senti aimé, choyé par cette série faisant référence à mes souvenirs. Merci « Chefs ». Arnaud Malherbe, Marion Festraëts, vous faites fort dans votre écriture ! Pour avoir le grand honneur, que dis-je, l’immense privilège d’utiliser butternuts, navets, pâtisson et autres aubergines, panais et radis noirs, Matsumoto convie deux cuisiniers de renoms, dont notre Chef, à un duel donnant au vainqueur le sésame suprême de cuisiner son jardinage. On s’en doute bien, ce duel donne lieu à un comparatif tout trouvé à nos émissions de concours de cuisine. C’est fichtrement et bougrement bien tourné cette histoire et le scénario suit cette trame agréable à visionner. Je ne dois pas dissimuler mon ravissement et mon enthousiasme. Le monde doit le savoir !

CHEFS Episode 3 et 4

Chefs – Episode 3 et 4 – Ma Conclusion

Après avoir dégusté la mise en bouche et l’entrée lors de la première soirée « Chefs », j’ai été conquis par le plat principal suivi de son trou normand. Le verdict laisse ma gourmandise en éveil. Le plat principal a répondu grandement à satisfaire mes papilles visuelles. La tendresse du scénario a mis du relief à l’accompagnement de l’intrigue. Cette série de saison a comblé mes attentes. Le trou normand m’a permis de digérer les événements en y ajoutant cette touche d’ivresse étonnante que nous laisse la fin de quatrième plat. Visionnez, goûtez « Chefs » et vous serez certainement conquis. Pensez à garder de la place pour le fromage et le dessert… si vous êtes gourmands, vous vous en accommoderez volontiers.

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