Test Blu-ray : Black Phone

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Black Phone

États-Unis : 2021
Titre original : The Black Phone
Réalisation : Scott Derrickson
Scénario : Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Acteurs : Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h43
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 22 juin 2022
Date de sortie DVD/BR : 26 octobre 2022

Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, timide mais intelligent, est enlevé par un tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où s’époumoner n’est pas d’une grande utilité. Quand un téléphone accroché au mur, pourtant hors d’usage, se met à sonner, Finney va découvrir qu’il est en contact avec les voix des précédentes victimes de son ravisseur. Ils sont aussi morts que bien résolus à ce que leur triste sort ne devienne pas celui de Finney…

Le film

[4/5]

Depuis une vingtaine d’années maintenant, Jason Blum et sa boite de prod’ Blumhouse Productions trustent littéralement le créneau des films d’horreur à petit budget dans les salles de cinéma. Comme Roger Corman avant lui, le producteur, malin et opportuniste, a fait le choix de privilégier les films « concept », privilégiant une ambiance oppressante et efficace à l’utilisation à outrance d’effets spéciaux coûteux ou de différents artifices de mise en scène trop chers pour rentabiliser l’investissement. L’impact direct est donc privilégié à toute autre considération, mais une sélection de scripts malins aura permis à Blumhouse de s’offrir très régulièrement d’énormes succès dans les salles obscures, en plus de permettre à une poignée de cinéastes de bénéficier d’une certaine liberté créative, dans les limites bien sûr d’un budget riquiqui.

Au fil des années, la « recette » Blumhouse s’est imposée, au point même de devenir une référence dans le domaine de l’horreur et du fantastique. Jason Blum possède d’ailleurs maintenant un véritable « cheptel » de cinéastes dévoués à sa cause, et a contribué à lancer quelques-uns des plus grands noms du cinéma horrifique contemporain : James Wan, Scott Derrickson, Jordan Peele, David Gordon Green, Christopher Landon…

Black Phone marque les retrouvailles de Scott Derrickson et de Blumhouse Productions, dix ans après Sinister, et sept ans après Sinister 2. Contrarié par son éviction de chez Marvel (pour qui il devait réaliser Doctor Strange in the Multiverse of Madness), le scénariste / réalisateur est donc ici revenu à ses premières amours, avec le talent qu’on lui connaît. Thriller largement teinté de fantastique, Black Phone marque également les retrouvailles entre le cinéaste et l’acteur Ethan Hawke. Toujours accompagné au scénario par son partenaire C. Robert Cargill, Scott Derrickson choisit donc ici d’adapter une nouvelle de Joe Hill, le fils de Stephen King, issue de son recueil de nouvelles « Fantômes – Histoires troubles » (Jean-Claude Lattès, 2010). En enrichissant quelque peu le court récit de Joe Hill, C. Robert Cargill et Scott Derrickson parviennent à nous livrer un film assez captivant, se refusant dans un premier temps à verser dans le fantastique, mais qui allie au final avec brio un récit assez dérangeant et une certaine profondeur thématique.

Suivant une intrigue relativement classique basée sur une série d’enlèvements d’adolescents, Black Phone parviendra en effet à se distinguer des autres films du même genre par l’introduction d’une série de phénomènes surnaturels intervenant par le biais d’un mystérieux téléphone noir accroché au mur : les précédentes victimes du tueur – surnommé « l’attrapeur » – entreront ainsi en contact avec Finney (Mason Thames), le jeune garçon qui vient de se faire enlever et séquestrer dans une cellule insonorisée. Une grande partie de l’intrigue de Black Phone sera centrée sur les efforts de Finney afin de s’échapper, tout d’abord grâce à ses ressources limitées, puis grâce aux diverses astuces que les précédentes victimes lui révèlent depuis l’au-delà.

Au fur et à mesure que le film avance, Scott Derrickson et C. Robert Cargill nous révèlent une poignée de détails sur leurs personnages, de façon souvent volontairement très fragmentée : on ne nous expliquera jamais par exemple pourquoi ce téléphone devient un point de contact entre Finney et les victimes précédentes du tueur – tout juste apprendra-t-on au fil du récit que sa mère ainsi que sa sœur sont dotées de perceptions extrasensorielles. De la même façon, on n’en saura pas d’avantage sur le passé du tueur, qui révèle pourtant avoir séjourné dans la cellule où est enfermé Finney durant son enfance. Et au fur et à mesure que le récit avance, l’atmosphère de Black Phone devient de plus en plus oppressante, et l’espoir de revoir la lumière du jour s’estompe toujours un peu plus pour Finney.

Habile, Scott Derrickson parvient cependant toujours à renouveler l’intérêt du spectateur et à faire avancer l’intrigue, et ce même lorsque les tentatives de Finney pour s’échapper échouent. Même dans le lieu clos, vide et assez fascinant où se déroule une grande partie de Black Phone, le cinéaste parvient à insuffler à son film un sens du rythme et du mouvement, qui se verra occasionnellement ponctué par un ou deux jump-scares très efficaces. Pour autant, ce n’est pas tellement le recours au fantastique qui rendra le film de Scott Derrickson si puissant et fascinant : la performance glaçante d’Ethan Hawke donne en effet véritablement vie au film, avec un côté à la fois froid et terrifiant qui fonctionne bien au-delà des éléments surnaturels du récit. Le langage corporel de l’acteur et son travail sur le regard donnent à ce personnage sans âme une aura vraiment effrayante, qui tend par ailleurs à renforcer l’immersion du spectateur au cœur de la bataille de volonté que se livrent Finney et son ravisseur.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est Universal Pictures qui édite aujourd’hui Black Phone au format Blu-ray, et comme à son habitude, l’éditeur nous livre une galette techniquement impeccable. Le master est d’une superbe précision, affichant un piqué d’une précision absolue tout en préservant un grain prononcé, en particulier sur les séquences du film tournées en Super 8. Les couleurs montrent une belle pêche, les noirs sont solides et profonds : du grand Art, sublimant littéralement les compositions de plans imaginées par Scott Derrickson et son directeur photo Brett Jutkiewicz. Côté son, Universal fait très fort également, puisque le film bénéficie d’un tonitruant mixage DTS-HD Master Audio 7.1 en VO. Le rendu acoustique s’avère donc d’un dynamisme échevelé, surtout sur les scènes les plus agitées naturellement, et quand le danger rôde, tous les canaux y vont de leur pleine puissance, alors même que le caisson de basses sollicité à intervalles très réguliers. Le film étant déjà visuellement très impressionnant, ce mixage ajoute encore à l’ambiance et participe pleinement à l’immersion du spectateur au cœur de cette intrigue de serial-killer teintée de fantastique. La VF bénéficie de son côté d’un « simple » DTS 5.1, et le mixage français se défend globalement très bien, avec un bon placement des voix et des effets. Un sans-faute absolu…

Du côté des suppléments, outre un commentaire audio de Scott Derrickson, l’éditeur nous propose tout d’abord de découvrir deux courtes scènes coupées (2 minutes), qui n’apportent pas grand-chose au récit. On continuera ensuite avec un sujet dédié à Ethan Hawke, dont il s’agit du premier personnage de « méchant » (4 minutes), un making of (10 minutes) qui reviendra sur les origines de l’histoire, l’esthétique des années 70, les acteurs, etc, un focus plus particulier sur le design du film (5 minutes), qui reviendra sur les costumes, les masques du tueur et les décors, et on terminera avec une courte featurette revenant sur l’utilisation de caméras Super 8 pour les séquences de rêves (2 minutes). Last but not least, on aura également droit à un court-métrage de Scott Derrickson intitulé Shadowprowler (2021, 12 minutes, VOST), un sympathique petit Home Invasion avec un inquiétant personnage d’ouvrier armé d’une grosse clé à molette.

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