Berlinale 2017 : Pokot

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Pokot

Pologne, 2017
Titre original : Pokot
Réalisateur : Agnieszka Holland
Scénario : Agnieszka Holland, d’après un roman de Olga Tokarczuk
Acteurs : Agnieszka Mandat-Grabka, Wiktor Zborowski, Miroslav Krobot
Distribution : –
Durée : 2h09
Genre : Thriller
Date de sortie : –

Note : 3/5

Après un assez long détour par le terrain d’activité de la télévision américaine, la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland revient à sa terre natale, dès lors peuplée d’intrigues policières qui trouveraient facilement leur place du côté des séries à succès, diffusées sur les chaînes de vidéo à la demande les plus en vogue. Son premier long-métrage de cinéma en six ans regorge en effet de meurtres mystérieux, de fausses pistes et plus généralement d’un rythme soutenu, susceptible de tenir le spectateur en haleine. Ce n’est pas à coup sûr le genre de film qui va rafler des prix au 67ème Festival de Berlin. Mais après moult drames tortueux vus ces derniers jours, le changement de ton nous paraît pour le moins bienvenu. Même si les enjeux policiers priment dans Pokot, une place de choix y est néanmoins réservée à des sujets engagés tels que la protection de la faune sauvage ou le féminisme. Ce qui en fait indubitablement un film qui s’intègre bien dans la filmographie de sa réalisatrice, depuis toujours soucieuse de faire du cinéma commercial avec un fond un peu plus exigeant.

Synopsis : L’ancienne ingénieure Janina Duszejko vit à la campagne, près de la frontière tchèque. Elle s’occupe en donnant à temps partiel des cours d’anglais au lycée de la ville. Sa véritable passion, ce sont cependant les nombreux animaux qui peuplent les forêts et qui sont systématiquement chassés par les notables locaux, selon le calendrier des périodes d’ouverture de la chasse. Peu de temps après que les deux chiens de Duszejko ont disparu sans laisser de trace, son voisin braconnier meurt chez lui dans des circonstances mystérieuses. Entendue comme simple témoin, la vieille activiste cherche à profiter de l’attention que suscite le crime pour alerter sur le mauvais traitement des animaux. Ses appels au respect de la nature sont pourtant ignorés par la police et le clergé, jusqu’à ce que d’autres meurtres étranges ébranlent la région.

Les animaux fantastiques et où les trouver

S’il fallait nommer un thème ou un motif récurrent dans notre programme forcément personnel et partiel parmi la sélection officielle de la Berlinale 2017, ce serait sûrement le traitement, plus ou moins barbare selon les films, des animaux. Ce n’est sans doute pas par hasard que le catalogue du festival arbore en une la photo d’une fourrure, peut-être celle des fameux ours qui parcourent la ville sur les affiches du festival ou, de façon plus abstraite, le symbole de la domination de la bête par l’homme. En parfaite conformité avec cette réflexion, les accents écologiques prévalent dans ce thriller, qui suit efficacement la tendance notée récemment dans les policiers d’inscrire l’intrigue vulgairement criminelle dans le contexte plus sophistiqué de sujets à la mode. A bien y regarder, la série de meurtres prend même moins d’importance ici que la pensée supposément fusionnelle entre les animaux et leur bienfaitrice passablement illuminée. Savamment intégrées dans le rythme régulier des homicides, les tirades ardentes de Duszejko deviennent même le fil conducteur de l’intrigue, au fur et à mesure que la musique de Antoni Lazarkiewicz perd son monopole de manipulation du spectateur.

[Jeu de mots révélateur sur titre de conte très connu]

Car après tout, Pokot fonctionne seulement de façon convenable tant que le dénouement ne deviendra pas trop évident. Une fois que les pièces du puzzle ont été mises en ordre, il ne reste plus grand-chose à dire, ni à montrer à Agnieszka Holland. C’est alors que l’on apprécie davantage la richesse toute relative du propos du film, entre pamphlet en faveur du gibier et discours sur l’état d’esprit misogyne en province. Sauf que la découverte de l’assassin aurait dû mettre en doute toute cette stratégie militante, au lieu de cautionner indirectement une folie meurtrière guère justifiable, surtout pas au nom d’un idéal de coexistence en parfaite harmonie entre l’homme et les animaux. Bref, le récit a dangereusement tendance à s’écrouler comme un château de cartes à l’annonce du principal suspect, même si cette solution la plus sensée pointait son nez depuis longtemps. Il appartient alors à l’interprétation remarquable de Agnieszka Mandat-Grabka dans le rôle de Duszejko de tenir à flot cette histoire de plus en plus grotesque, afin de ne pas voler toute forme de légitimité au combat valeureux en faveur de ceux et de celles qui ne peuvent pas se défendre eux-mêmes.

Conclusion

Le retour de Agnieszka Holland en compétition au Festival de Berlin, trente-six ans après Goraczka et son Ours d’argent de la Meilleure actrice, est plutôt honorable. Pokot n’incite certes pas à de multiples visions, à cause de sa conclusion pas vraiment inspirée. Mais grâce à l’interprétation solide du personnage principal et un style cinématographique plus que jamais redevable d’une qualité passe-partout, il réussit à nous divertir correctement.

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