Le box-office de la semaine du 12 septembre 2018

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Qu’elle était belle, qu’elle était magnifique, la semaine 37, allant du 12 au 18 septembre ! Désolé de faire pour une fois preuve d’excès d’euphorie à l’égard des chiffres du box-office français, qui ne se sont pas envolés comme par miracle vers des hauteurs inespérées. En effet, par rapport à la semaine précédente plutôt faiblarde, on n’enregistre qu’un gain de trois-cents mille spectateurs, pour culminer à légèrement plus de deux millions de tickets vendus sur la semaine. Donc, à ce niveau-là, ce n’est guère exceptionnel, mais plutôt dans la moyenne à ce moment-ci de l’année. Notre joie vient davantage du renouvellement du classement et surtout de la présence très large de productions françaises, propulsant la part de marché du cinéma national au niveau inouï de 51 % ! Cerise sur le gâteau, le pari de la ressortie du premier film de l’univers Harry Potter s’est avéré gagnant pour la Warner, puisque sa popularité est toujours telle qu’elle permet une percée extrêmement rare d’un film en reprise dans le Top 10. Et puis, il y a tout de même une petite couleuvre à avaler, avec ce bon résultat de Les Déguns de Claude Zidi Jr. et Cyrille Droux, le genre de comédie débile qui ne nous fera jamais rire. Enfin, la statistique publiée cette semaine par le CNC sur la géographie du cinéma en France pour l’année 2017 démontre une fois de plus à quel point ce beau pays est bien desservi en salles obscures : on en compte plus de deux mille pour un total de près de six mille écrans, ce qui fait un taux de densité du parc, en progression constante depuis six ans, à désormais 9,1 salles pour 100 000 habitants.

Un trio de tête entièrement renouvelé, on a déjà connu cela récemment, il y a quatre semaines pour être précis. Et ce sont ces démarrages du mois passé qui sont les seuls à avoir assez de ténacité pour toujours figurer dans le classement, aux côtés du champion de la semaine passée, vivement touché, quoique pas encore coulé, par l’arrivée de sang neuf. Sinon, les résultats des premières séances parisiennes de mercredi dernier se répercutent sur ceux de la semaine entière, puisque Première année de Thomas Lilti garde toujours le cap du leader, suivi donc par le navrant Les Déguns et l’infiniment plus sophistiqué Mademoiselle De Joncquières de Emmanuel Mouret, qui pourra encore rêver pendant quelques heures à représenter la France aux Oscars. Démarrer entre 150 000 et 340 000 entrées n’est certes pas une aubaine pour le cinéma français, assez mal en point après un été traditionnellement sous l’emprise du cinéma américain. Mais on ne boudera pas notre petit plaisir chauvin face à cette hégémonie temporaire, qui ne durera pas de toute façon. En bas du tableau, Peppermint de Pierre Morel fait moins bien – toutes proportions gardées – que lors de son démarrage américain une semaine plus tôt, alors qu’il a d’ores et déjà perdu plus de la moitié de ses spectateurs en deuxième semaine outre-Atlantique. A deux mille entrées près, il a même failli être supplanté par Harry Potter à l’école des sorciers de Chris Columbus, qui ne fait pas aussi bien que lors de sa sortie initiale en décembre 2001, soit, mais qui réussit l’exploit de représenter dignement le cinéma de répertoire de retour en salles. Une pratique hélas globalement plus marginale, même si les rétrospectives récentes des films de Dario Argento et de Yasujiro Ozu avaient su attirer chacune près de vingt mille cinéphiles.

Voici les principaux chiffres du Top 10 du box-office français entre le mercredi 12 et le mardi 18 septembre 2018 :


1. Première année – distribué par Le Pacte – Nouveauté – 341 290 entrées cumulées – 17 % part de marché
2. Les Déguns – distribué par Apollo Films – Nouveauté – 194 384 entrées cumulées – 10 % part de marché
3. Mademoiselle De Joncquières – distribué par Pyramide – Nouveauté – 150 424 entrées cumulées – 7 % part de marché
4. En eaux troubles – distribué par Warner Bros. France – 4ème semaine / – 25 % – 144 234 entrées / 1 420 451 cumul – 7 % part de marché
5. Blackkklansman – distribué par Universal Pictures France – 4ème semaine / – 24 % – 138 847 entrées / 995 915 cumul – 7 % part de marché


6. Photo de famille – distribué par SND – 2ème semaine / – 44 % – 126 000 entrées / 352 153 cumul – 6 % part de marché
7. Peppermint – distribué par Metropolitan Filmexport – Nouveauté – 85 402 entrées cumulées – 4 % part de marché
8. Les Vieux fourneaux – distribué par Gaumont – 4ème semaine / – 36 % – 84 178 entrées / 764 524 cumul – 4 % part de marché
9. Harry Potter à l’école des sorciers – distribué par Warner Bros. France – Reprise – 83 491 entrées cumulées – 4 % part de marché
10. Searching Portée disparue – distribué par Sony Pictures Releasing – Nouveauté – 64 588 entrées cumulées – 3 % part de marché


L’été des blockbusters a touché à sa fin aux États-Unis et en attendant l’automne et ses balbutiements de la saison des Oscars, le box-office américain traverse un creux temporaire. S’y engouffrent toutes sortes de productions coûteuses, qui peinent à trouver leur public, comme le remake du Predator de John McTiernan, qui avait démarré en juin 1987 avec douze millions de dollars, à l’époque le deuxième meilleur week-end de l’année, juste devant le malheureux James Bond Tuer n’est pas jouer de John Glen, mais loin derrière Le Flic de Beverly Hills 2 de Tony Scott. La version contemporaine de Shane Black déçoit par contre avec même pas vingt-cinq millions de dollars. Vive l’inflation ! Les autres nouveautés ne font guère mieux, pendant que Glenn Close dans The Wife de Björn Runge œuvre avec constance à l’obtention de sa septième nomination à l’Oscar, grâce à l’expansion plutôt réussie du film dans un parc de salles plus large, de désormais plus de cinq-cents écrans. Malgré son passage remarqué et toujours aussi intelligemment hilarant dans tout ce qui compte sur le petit écran en termes de talk-shows, Emma Thompson ne peut point espérer faire autant avec My Lady de Richard Eyre, initialement diffusé en ligne au mois d’août sur le marché américain, qui n’y a eu aucun impact sur le box-office, démarrant en dehors du Top 50 sur seulement trois écrans, avec une moyenne par copie quasiment identique à celle de The Predator. Juste devant, le documentaire Le Pape François Un homme de parole de Wim Wenders, à l’affiche depuis le mois de mai, a tenté en vain une deuxième percée avec une très faible moyenne par copie, qui ne devrait pas lui permettre de passer la barre des deux millions de dollars en toute fin de carrière.

Voici les principaux chiffres du Top 5 du box-office américain pour le week-end se terminant le dimanche 16 septembre 2018 :


1. The Predator – distribué par 20th Century Fox – Nouveauté – 24 632 284 $ cumulés, sortie française le 17 octobre
2. La Nonne – distribué par Warner Bros. – 2ème semaine / – 66 % – 18 238 263 $ / 85 114 588 $ cumul
3. L’Ombre d’Emily – distribué par Lions Gate – Nouveauté – 16 011 689 $ cumulés, sortie française le 26 septembre
4. White Boy Rick – distribué par Studio 8 – Nouveauté – 8 860 431 $ cumulés, sans date de sortie en France
5. Crazy Rich Asians – distribué par Warner Bros. – 5ème semaine / – 33 % – 8 688 369 $ / 149 540 273 $ cumul, sortie française le 7 novembre

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