La Cinémathèque Française cet été

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Honneur aux centenaires dans le programme estival de la Cinémathèque Française que nous avons reçu ce jour. Ils sont en effet au nombre de trois à jouir d’une rétrospective plus ou moins fournie pendant les deux derniers mois de programmation de l’auguste institution à Bercy avant la fermeture annuelle en août : Frank Sinatra, Orson Welles et Ingrid Bergman. Avant de vous révéler plus en détail les six grands cycles qui composent ce programme, rappelons que vous avez encore jusqu’au 19 juillet pour découvrir l’exposition Michelangelo Antonioni. Et comme tous les ans en été, il y a une fois de plus une rétrospective annoncée qui a dû être déprogrammée, cette fois-ci celle du réalisateur italien Luigi Zampa. Espérons qu’il bénéficiera d’un repêchage à l’automne. Enfin, après le deuil du calendrier des séances dépliable il y a quelques années, nous devrons désormais faire celui du calendrier détachable, qui fait cette fois-ci partie intégrante du programme. Dommage, même si ce choix éditorial peut se comprendre à cause de la durée sur seulement deux mois du programme !

SemaineDeLaCritiqueComme tous les ans, la Cinémathèque Française reprend l’une des sélections phares du festival de Cannes : la Semaine de la Critique. Cette 54ème édition, à découvrir du 3 au 8 juin, comprend sept longs et dix courts-métrages, parmi lesquels on peut citer Les Anarchistes de Elie Wajeman avec Tahar Rahim et Adèle Exarchopoulos, présenté en séance d’ouverture, Le Géant endormi du réalisateur canadien Andrew Cividino, la Caméra d’or colombienne La Terre et l’ombre de Cesar Augusto Acevedo, ainsi que Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore avec Jérémie Rénier.

FrankSinatraPendant deux semaines, à partir du 5 juin, le chanteur et acteur américain Frank Sinatra (1915-1998) est à l’honneur à travers une vingtaine de films. Plus connu pour son parcours musical que pour son talent dramatique, Sinatra avait néanmoins su s’imposer dans des films tels Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann pour lequel il reçut l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle en 1954 et L’Homme au bras d’or de Otto Preminger pour lequel il fut nommé dans la catégorie du Meilleur acteur deux ans plus tard. Il a également partagé l’affiche avec sa bande du Ratpack à laquelle appartenaient entre autres Dean Martin et Sammy Davis Jr. dans des films comme L’Inconnu de Las Vegas de Lewis Milestone et Les Sept voleurs de Chicago de Gordon Douglas. Enfin, dans sa vie privée mouvementée, il a entre autres été marié aux actrices Ava Gardner et Mia Farrow.

SingapourTandis que l’hommage au cinéma arménien à l’occasion du centenaire du génocide est hélas si rachitique que l’on n’ose même pas s’y attarder – six séances sur trois jours, dont aucune dans la grande salle, il vaudrait presque mieux rien faire du tout –, celui aux cinémas de Singapour est heureusement plus substantiel. Pendant un mois, de début juin à début juillet, il sera possible de s’immerger dans une cinématographie nationale méconnue en France, à l’exception des quelques films de Eric Khoo, dont deux longs-métrages seront présentés. A côté d’une vingtaine d’autres longs, comme Ilo ilo de Anthony Chen, Caméra d’or en 2013, deux programmes de courts-métrages et quatre soirées du Cinéma d’avant-garde viendront compléter ce cycle fascinant.

OrsonWellesA partir du 17 juin et pendant six semaines, le génie maudit du cinéma américain Orson Welles (1915-1985) sera au cœur de la rétrospective principale de ce programme. Il ne s’agit pas uniquement pour la Cinémathèque Française de montrer à nouveau les chefs-d’œuvre du réalisateur comme Citizen Kane et La Dame de Shanghai dans des restaurations numériques 4K, ainsi que La Splendeur des Amberson, La Soif du mal et Le Procès. Dans une filmographie souvent accidentée, ce sont tout autant les ébauches et les films inachevés qui peuvent permettre au spectateur de mieux reconnaître le travail de Welles. Par conséquent, de nombreux programmes thématiques enrichiront la rétrospective, y compris une journée entière d’études le 18 juin sous le titre « Orson Welles Un cinéaste autour du monde ». Enfin, pour financer ses propres films, Welles a régulièrement joué dans ceux des autres, comme Le Troisième homme de Carol Reed présenté en version numérique restaurée, Moby Dick de John Huston et Le Génie du mal de Richard Fleischer.

IngridBergmanApparemment, Ingrid Bergman (1915-1982) est l’une des actrices préférées de Serge Toubiana, le directeur général de la Cinémathèque Française. Quoi de plus naturel et de plus mérité alors que de lui consacrer une grande rétrospective estivale, à l’image de celle dédiée à Bette Davis il y a deux ans. Après ses débuts dans sa Suède natale dans des films que l’on aura le privilège de découvrir au fil du cycle, Ingrid Bergman avait été l’une des plus grandes vedettes hollywoodiennes des années ’40, grâce aux classiques Casablanca de Michael Curtiz, Hantise de George Cukor pour lequel elle reçut l’Oscar de la Meilleure actrice en 1945, Les Cloches de Sainte-Marie de Leo McCarey et Les Enchaînés de Alfred Hitchcock. Puis vint le scandale et sa relation professionnelle et privée avec le réalisateur italien Roberto Rossellini avec lequel elle tourna cinq films dont Stromboli et Voyage en Italie. La dernière partie de sa carrière prestigieuse avait vu sa réconciliation avec Hollywood et son deuxième Oscar en 1957 pour Anastasia de Anatole Litvak, ainsi que des collaborations avec des réalisateurs aussi variés que Jean Renoir (Elena et les hommes), Stanley Donen (Indiscret), Sidney Lumet (Oscar n° 3 cette fois pour la Meilleure actrice dans un second rôle pour Le Crime de l’Orient-Express en 1975) et Ingmar Bergman (Sonate d’automne). La fille d’Ingrid Bergman, l’actrice Isabella Rossellini viendra rencontrer le public de la Cinémathèque Française lors d’un dialogue le 27 juin à la suite de la projection de Stromboli.

JohnFlynn  Le cinéma de genre américain est à l’honneur pendant la deuxième quinzaine de juillet et la dernière rétrospective de ce programme, à travers la filmographie du réalisateur John Flynn (1932-2007). Connu surtout de nos jours pour ses films d’action comme Haute sécurité avec Sylvester Stallone et Justice sauvage avec Steven Segal, Flynn avait également réalisé des thrillers et des policiers remarquables pendant les années ’70 et ’80, comme Echec à l’organisation avec Robert Duvall, Légitime violence avec Tommy Lee Jones et Pacte avec un tueur avec James Woods.

 

Les grandes lignes de la programmation de l’année 2015-16 à la Cinémathèque Française seront dévoilées le 26 juin. Ce que l’on sait d’ores et déjà, c’est que la grande exposition de la rentrée, du mois d’octobre au mois de février, sera consacrée au réalisateur américain Martin Scorsese.

 

Enfin, en guise de petit supplément anecdotique, voici la vidéo de la sérénade de Frank Sinatra à son ami Orson Welles en 1975, lors de la cérémonie qu’il présentait du prix honorifique de l’American Film Institute. Les deux hommes se connaissaient bien, puisque Sinatra avait investi de l’argent dans le Don Quichotte de Welles et qu’il a été le parrain de l’une de ses filles.

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