Critique : RBG

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RBG

Etats-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : Betsy West, Julie Cohen
Interprètes : Ruth Bader Ginsburg, Gloria Steinem, Nina Totenberg, Brenda Feigen
Distribution : L’Atelier Distribution
Durée : 1h38
Genre : Documentaire
Date de sortie : 10 octobre 2018

3.5/5

Il est infiniment probable que la très grande majorité des français n’ont jamais entendu parler de Ruth Bader Ginsburg. C’est pourtant une spécialiste du droit qui a bataillé toute sa vie contre toutes les formes de discrimination liées au sexe dans son pays, les Etats-Unis. En 1993, elle est  devenue l’un des personnages les plus importants de ce pays lorsqu’elle a été nommée Juge à la Cour Suprême des Etats-Unis par Bill Clinton.

Synopsis : À 85 ans, Ruth Bader Ginsburg est devenue une icône de la pop culture. Juge à la Cour Suprême des Etats-Unis, elle a construit un incroyable héritage juridique. Guerrière, elle s’est battue pour l’égalité hommes/femmes, et toutes formes de discrimination. Son aura transgénérationnelle dépasse tous les clivages, elle est aujourd’hui l’une des femmes les plus influentes au monde et le dernier rempart anti-Trump. Betsy West et Julie Cohen nous font découvrir la fascinante vie de celle que l’on nomme désormais « Notorious RBG ».

 

Jusqu’au sommet de l’état

Née en 1933 au sein d’une famille juive de Brooklyn, Ruth Bader a fait des études de droit très brillantes mais, une fois obtenu le diplôme lui permettant d’exercer la profession d’avocate, elle a dû se battre pour faire son trou dans un milieu particulièrement machiste avec, en particulier, des cabinets d’avocats qui s’obstinaient à refuser d’engager des femmes. Soutenue par son mari, Martin Ginsburg (Le premier homme, dit elle, à s’intéresser au fait qu’elle avait un cerveau !), un avocat fiscaliste épousé en 1954, s’inspirant des conseils de sa mère, une femme aimante et stricte, « sois une dame » et « sois indépendante », et faisant sienne la maxime de la militante féministe du 19ème siècle Sarah Grimké, « Je ne réclame aucune faveur pour les personnes de mon sexe, tout ce que je demande à nos frères, c’est qu’ils veuillent bien retirer leurs pieds de notre nuque », Ruth a réussi malgré tout à faire progresser la législation en faveur de l’égalité entre les sexes en pratiquant la politique des petits pas, des « petits » succès qui, additionnés, font les grandes victoires. « Le vrai changement, le changement durable, se produit une étape à la fois », tel a toujours été son crédo. Comment s’y est-elle pris ? En s’intéressant systématiquement aux affaires qui, sur ce sujet, feraient jurisprudence par leur remontée jusqu’à la Cour Suprême et en les gagnant presque toutes.

Cette Cour Suprême qu’elle avait donc beaucoup « pratiquée » en tant qu’avocate, elle en est devenue membre en août 1993, 107ème juge de l’histoire, 2ème femme à être désignée dans cette assemblée de 9 membres nommés à vie. Depuis l’élection de Donald Trump qu’elle a toujours critiqué et qui est allé jusqu’à dire d’elle qu’elle est « la honte absolue de la Cour Suprême »,  elle est même devenue une sorte d’icône, recevant le qualificatif de « Notorious RBG » et parfois caricaturée en super-héroïne. Une situation qui semble bien amuser Ruth, malgré sa nature plutôt timide et réservée.

Une construction classique et très efficace

Pour raconter la vie de Ruth Bader Ginsburg, les réalisatrices, Betsy West et Julie Cohen ont fait le choix de très peu aborder la période récente, partant du fait qu’elle était déjà très bien connue par tout le public américain. Par contre, RBG nous permet de nous immerger dans les combats menés par une avocate qui est entrée dans la carrière dans un pays dans lequel, à l’époque, il était presque partout permis de licencier une femme à cause de sa grossesse, un pays dans lequel, dans 12 états, un mari ne pouvait être poursuivi pour avoir violé sa femme.

La construction du documentaire est très classique et très efficace : un fil conducteur à base d’extraits de son discours face aux sénateurs lors de son audience de confirmation à la Cour Suprême, entrecoupés d’images d’archive et d’extraits d’interviews de très nombreux intervenants, des amies d’enfance, ses enfants, une petite-fille, un ami de longue date, des collègues de travail, ses biographes, des journalistes, un juge de la Cour Suprême aux idées totalement opposées aux siennes mais partageant sa passion pour l’opéra, et même des présidents ! Marty, son mari, étant décédé en 2010, ne fait par conséquent pas partie des personnes interviewées pour le film, mais le film fait très souvent référence à sa présence auprès de Ruth, un mari aimant et qui a très bien accepté que, dans leur couple, ce soit elle, la femme, qui soit mise en lumière.

Conclusion

A l’instar de Chavela Vargas, ce documentaire distribué l’an dernier et consacré à une grande figure de la chanson mexicaine presque inconnue dans notre pays, RBG va permettre au public français de faire connaissance avec une femme peu connue chez nous mais extrêmement populaire (ou détestée !) de l’autre côté de l’Atlantique. Ce film passionnant et souvent émouvant présente en plus l’intérêt de nous faire mieux connaître la façon dont peut évoluer la législation aux Etats-Unis et de nous faire comprendre pourquoi la désignation par Donald Trump du remplaçant du juge Anthony Kennedy, conservateur modéré, est si importante.

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