Critique : Edge of Tomorrow

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Edge of Tomorrow

edge of tomorrow affÉtats-Unis : 2014
Titre original : Edge of tomorrow
Réalisateur : Doug Liman
Scénario : Christopher McQuarrie, Jez Butterworth, John-Henry Butterworth, d’après All you need is kill de Hiroshi Sakurazaka
Acteurs : Tom Cruise, Emily Blunt, Bill Paxton, Brendan Gleeson
Distribution : Warner Bros. France
Durée : 1h53
Genre : Science-fiction, Action
Date de sortie : 4 juin 2014

Note : 3,5/5

Croisement brillant entre Starship Troopers et Un Jour sans fin, cette adaptation d’un roman de Hiroshi Sakurazaka (All you need is kill) est porté par deux acteurs en grande forme : Tom Cruise en mollasson prudent qui prend son temps pour devenir un super soldat et Emily Blunt en mode full metal bitch. Perdus dans une journée qui se répète sans fin, ils vont affronter, encore et encore, des extraterrestres belliqueux.

Synopsis : Dans un futur proche, des hordes d’extraterrestres extrêmement organisés, appelés les Mimics, ont livré une bataille acharnée contre la Terre, réduisant les grandes villes en cendres et causant la mort de millions d’êtres humains. Aucune armée au monde n’est à même de rivaliser avec la rapidité, la violence et les capacités cognitives exceptionnelles des combattants Mimics, très bien armés, ou de leurs chefs dotés de pouvoirs télépathiques. Mais à présent, les armées du monde ont réuni leurs forces pour une ultime offensive à quitte ou double contre les extraterrestres…

EDGE OF TOMORROW

Bouge pas, meurs et ressuscite encore… encore… encore…

Rien ne prédestinait Bill Cage à se retrouver sur une plage anglaise pour lutter contre des extraterrestres sans pitié. Car ce lieutenant de l’armée américaine n’est qu’un homme de communication, de propagande plutôt, son travail consistant à convaincre les jeunes de s’engager la fleur au fusil pour faire leur devoir et devenir des héros. Lorsque le général Brigham (Brendan Gleeson, délicieusement débonnaire et cassant) lui demande d’aller sur le front en observateur, Cage, fort de sa suffisance, tente de se dérober de manière bien peu élégante. Bien mal lui en prend car de lieutenant protégé, il sera rétrogradé et ne deviendra qu’un simple soldat qui devra subir les ordres du lieutenant Farrell (Bill Paxton, hilarant en officier borné) et envoyé en première ligne. Il ne fera pas long feu… dans un premier temps… Incapable de se défendre correctement face à des bestioles sorties tout droit de Starship Troopers, il va mourir en quelques minutes à peine mais se réveillera 24 heures plus tôt pour revivre la même journée. Pour comprendre ce qui lui arrive et tenter de vaincre l’ennemi, il aura besoin de l’aide de la grande guerrière Rita Vrataski, principale mateuse de Mimics (le petit nom de ces créatures) qui a vécu la même expérience fantastique.

ALL YOU NEED IS KILL

Contrairement à ses portraits de héros parfait, sans peur et sans reproche, Tom Cruise débute comme un être lâche et maladroit qui va apprendre bien malgré lui à devenir un héros. Il se délecte des maladresses de son personnage et apporte une humanité à cet homme égocentrique, ex dirigeant d’une agence de publicitaire, façon Don Draper dans Mad Men, peut-on imaginer, qui deviendra un être plus profond, meurtri par les souffrances dont il doit être le témoin à répétition. Emily Blunt en héroïne de propagande malgré elle aussi est bien plus que son égal et se montre drôle, sexy, parfois les deux en même temps. Son mouvement du bassin vu et revu par les yeux concupiscents de Cage/Cruise restera comme l’image emblématique du film. Si les seconds rôles ne sont pas suffisamment développés, les officiers interprétés par Bill Paxton et Brendan Gleeson agissent comme des versions parodiques de tels personnages d’officiers dans des films de guerre au premier degré.

ALL YOU NEED IS KILL

ALL YOU NEED IS KILL

Soyez sympas, rembobinez…

Ce film d’action et de science-fiction est une agréable variante d’Un Jour sans fin, petit bijou de précision d’Harold Ramis où Bill Murray était condamné à revivre la même journée encore et encore. Edge of tomorrow est ample, ambitieux et pourtant la modestie de la tonalité est pour beaucoup dans le plaisir de ce divertissement d’action très efficace. Le concept est exposé avec limpidité, contrairement au film de Ramis d’ailleurs et une explication scientifique est donnée sur l’origine de ce pouvoir, et ce, très tôt. Du coup le scénario joue agréablement avec les composantes de l’argument de départ. Action, humour et suspense sont bien maîtrisés et l’intrigue évolue au rythme des échecs et des erreurs de Cage, qui apprend lentement, très lentement et doit affronter à maintes reprises l’intransigeance de Rita aux méthodes expéditives. Leur rapport d’abord basé sur la violence glisse souvent vers l’humour, notamment grâce à cet argument : le retour dans le passé n’est possible qu’à la mort de Bill Cage. Lorsqu’il se retrouve face à une réaction inédite, il est très vite mal à l’aise et peine à improviser. Il n’en a d’ailleurs pas besoin ! Cage affiche ses faiblesses. Il rame, peine à trouver la solution, se lasse de ces répétitions quotidiennes, en a parfois assez, s’ennuie, se fatigue, et finit par ne plus supporter de voir sa compagne de combat mourir à répétition.

Les scènes se répètent mais les trois personnages qui en sont conscients jouent avec cette réalité, et des ellipses bienvenues qui évitent de laisser l’intrigue traîner en longueur permettent au rythme de rester vif. Le scénario bien calibré qui manie le concept de boucle temporelle avec brio est écrit par les frères Jez et John-Henry Butterworth (Fair Game du même Doug Liman pour ce dernier) et Christopher McQuarrie qui avait déjà travaillé avec la star sur Jack Reacher et sera en charge du cinquième épisode de Mission Impossible. La guerre est monotone, répétitive et ils ne se lassent pas de le montrer avec beaucoup d’humour. Malgré un final expédié, une absence de motivations des extraterrestres ou le choix regrettable de ne pas aller vers plus de noirceur, le spectacle est assuré de façon plutôt maline.

EDGE OF TOMORROW

Résumé

Le voyage dans le temps est à la mode. Après la maestria de X Men Days of future past de Bryan Singer ou de Looper de Rian Johnson, Doug Liman dirige un film d’action sur les chapeaux de roue et souvent amusant, même si ses ambitions restent plus modestes. Après Night and Day, Mission: Impossible – Protocole fantôme, Jack Reacher et Oblivion, Tom Cruise confirme qu’il reste l’une des plus grandes stars d’aujourd’hui et poursuit ici une série impressionnante de réussites de films à gros budget portés par des scénarios simples mais malins.

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