Directors Guild Awards 2021 : les nominations

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Demain dans l’après-midi heure européenne, les nominations aux 93èmes Oscars seront dévoilées. L’annonce sera faite par le couple Priyanka Chopra Jonas (Le Tigre blanc de Ramin Bahrani) et Nick Jonas (Jumanji Next Level de Jake Kasdan). Il est donc grand temps de rattraper les autres nominations de la semaine passée. Comme celles des Directors Guild Awards, annoncées le mardi 9 mars par le président du très influent syndicat des réalisateurs américains Thomas Schlamme. La 73ème cérémonie aura lieu sous forme virtuelle et privée le samedi 10 avril.

Pour la première fois, deux réalisatrices sont nommées la même année dans la catégorie reine du Meilleur Film de cinéma. Dans les autres catégories pour la télévision ou la publicité, on trouve cette année des noms aussi connus que ceux de Jason Bateman (« Ozark »), Susanne Bier (« The Undoing »), Zach Braff (« Ted Lasso »), Scott Frank (« Le Jeu de la dame »), Jon Favreau (« The Mandalorian » et « The Chef Show »), Spike Lee (« David Byrne’s American Utopia »), la regrettée Lynn Shelton (« La Saison des feux ») et Taika Waititi (publicité Coca-Cola).

D’habitude un indicateur presque infaillible du réalisateur par la suite victorieux aux Oscars, le Directors Guild Award a connu une certaine défaillance à ce niveau-là ces derniers temps. Ainsi, en 2020, son lauréat Sam Mendes pour 1917 avait dû s’incliner face à Bong Joon-ho pour Parasite aux Oscars. C’était la huitième fois qu’une telle anomalie se produise, donc en moyenne assez constante une fois par décennie.


Lee Isaac Chung sur le tournage de Minari © 2020 Plan B Entertainment / A24 / ARP Sélection Tous droits réservés

Lee Isaac Chung pour Minari, prochainement au cinéma en France

Dans Minari, plébiscité dans de nombreux festivals, de Sundance à Deauville, le réalisateur américain Lee Isaac Chung (* 1978) raconte en quelque sorte sa propre histoire. Fils d’immigrés coréens, il avait lui aussi grandi sur une ferme. Ce lien vaguement autobiographique lui a porté chance jusqu’à présent, puisque son quatrième long-métrage est d’ores et déjà bien placé dans la course à l’Oscar. Golden Globe du Meilleur Film étranger – alors qu’il s’agit d’une production entièrement américaine –, prix du Meilleur scénario du National Board of Review ainsi que de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Youn Yuh-jung là et chez les critiques de Los Angeles, Minari a été nommé à six reprises par l’Académie du cinéma britannique la semaine dernière. Il concourt par ailleurs dans trois catégories aux Screen Actors Guild Awards et a été nommé six fois aux Independent Spirit Awards.

Lee Isaac Chung s’était imposé sur la scène du cinéma international dès son premier long-métrage Munyurangabo, sélectionné à Un certain regard au Festival de Cannes en 2007 et sorti discrètement en salles en France deux ans plus tard. Depuis, il a tourné deux autres films : Lucky Life avec Daniel O’Keefe et Abigail Harm avec Amanda Plummer. Sur ses trois premiers films, Chung avait également occupé les postes de scénariste, producteur et monteur, ainsi que de chef opérateur pour Munyurangabo et Lucky Life. Très engagé dans le cinéma rwandais, il y avait co-réalisé le documentaire I Have Seen My Last Born avec Samuel Gray Anderson en 2015.

Après Bong Joon-ho l’année dernière, Ang Lee à quatre reprises entre 1996 et 2013 et Akira Kurosawa en 1953, Lee Isaac Chung n’est que le quatrième réalisateur asiatique nommé par la Directors Guild américaine. Il est par contre le premier Américain parmi ses confrères japonais, taiwanais et coréens.


Emerald Fennell sur le tournage de Promising Young Woman © 2020 Merie Weismiller Wallace / Film Nation Entertainment /
Focus Features / Universal International Pictures France Tous droits réservés
Emerald Fennell pour Promising Young Woman, prochainement au cinéma en France

A l’image de Regina King, qui a dû se contenter d’une nomination dans la catégorie du Meilleur Premier film, la réalisatrice anglaise Emerald Fennell (* 1985) est avant tout connue comme actrice. Avant de faire ses débuts derrière la caméra, elle a déjà tenu une petite vingtaine de rôles à la télévision et au cinéma. Dans les salles françaises, on a pu la voir dès 2011 dans Mr. Nice de Bernard Rose, puis dans Albert Nobbs de Rodrigo Garcia, Anna Karénine et Pan de Joe Wright, Danish Girl de Tom Hooper et Vita & Virginia de Chanya Button. Pour Netflix, elle vient d’interpréter Camilla Parker Bowles dans la saison la plus récente de la série à succès « The Crown ». A ce titre, elle est nommée cette année aux Screen Actors Guild Awards dans la catégorie du Meilleur ensemble. Sa participation en tant que scénariste et productrice à la série « Killing Eve » lui a valu deux nominations à l’Emmy en 2019.

Quant au brûlot féministe Promising Young Woman avec Carey Mulligan, il a pour l’instant engrangé les prix ou les nominations suivants : les prix du National Board of Review et des critiques de Los Angeles de la Meilleure actrice, ainsi que du Meilleur scénario de la part des critiques de la côte ouest, trois nominations aux Independent Spirit Awards, une nomination au Screen Actors Guild Award et six nominations aux BAFTAs. Pour l’instant, il est prévu de sortir en France début mai, comme toujours sous réservé de la réouverture des cinémas d’ici là.

Emerald Fennell est la neuvième réalisatrice nommée par la Directors Guild, après ses consœurs l’Italienne Lina Wertmüller (Pasqualino), l’Américaine Randa Haines (Les Enfants du silence), l’Américaine Barbra Streisand (Le Prince des marées), la néo-zélandaise Jane Campion (La Leçon de piano), l’Américaine Sofia Coppola (Lost in Translation), l’Américaine Valerie Faris (Little Miss Sunshine), l’Américaine Kathryn Bigelow (Démineurs et Zero Dark Thirty) et l’Américaine Greta Gerwig (Lady Bird).


David Fincher sur le tournage de Mank © 2020 Miles Crist / Netflix France Tous droits réservés

David Fincher pour Mank, sans date de sortie cinéma en France

Le réalisateur américain David Fincher (* 1962) fait figure de vétéran parmi les nommés au prix de la Directors Guild cette année. Grâce à sa nomination pour Mank, il dispose désormais de sept nominations de la part de ses pairs. Venu de la publicité, Fincher avait gagné son premier et jusqu’à présent seul DGA Award en 2004 dans ce format court promotionnel. Il avait été cité une autre fois dans ce domaine, puis à trois reprises pour ses longs-métrages de cinéma L’Étrange histoire de Benjamin Button, The Social Network et Millénium Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes. Sa dernière nomination avant celle-ci était survenue en 2014 pour la série Netflix « House of Cards ».

Hélas pour lui, David Fincher fait aussi figure de probable oublié au moment de l’annonce des nommés à l’Oscar du Meilleur réalisateur dans quelques heures. Si l’on peut croire les divers experts en matière de prix hollywoodiens, à la fois lui et son film ne déchaîneraient pas les passions parmi les votants de l’Académie du cinéma américain. Un constat qui se reflète plutôt dans le parcours de Mank au fil des autres prix déjà annoncés. Ainsi, l’évocation de la création de Citizen Kane de Orson Welles était repartie bredouille de la cérémonie des Golden Globes il y a quinze jours, malgré ses six nominations. De même pour les BAFTA, où le film a été surtout nommé pour son travail technique.

Et puis, les candidats pour remplacer Fincher sont déjà tout trouvés dans la catégorie du Meilleur Premier film : Regina King, Florian Zeller et Darius Marder. A moins de voir décrocher Kelly Reichardt décrocher in extremis une nomination surprise pour First Cow. On peut rêver …

Sinon, David Fincher est évidemment le réalisateur derrière une filmographie imposante, qui comprend en dehors des films cités plus haut Seven avec Brad Pitt et Morgan Freeman, Fight Club avec Edward Norton et Brad Pitt toujours, Zodiac avec Mark Ruffalo et Jake Gyllenhaal et Gone Girl avec Ben Affleck et Rosamund Pike.


Aaron Sorkin sur le tournage de Les Sept de Chicago © 2020 Niko Tavernise / Reliance Entertainment /
Cross Creek Pictures / Dreamworks Pictures / Paramount Pictures / Netflix France Tous droits réservés

Aaron Sorkin pour Les Sept de Chicago, sans date de sortie cinéma en France

Plutôt un néophyte en termes de mise en scène, puisque Les Sept de Chicago n’est que son deuxième film après Le Grand jeu en 2017, le réalisateur Aaron Sorkin (* 1961) est une véritable institution outre-Atlantique en tant que scénariste. Côté cinéma, on doit à sa plume les histoires de films de Rob Reiner (Des hommes d’honneur et Le Président et Miss Wade), Harold Becker (Malice), Mike Nichols (La Guerre selon Charlie Wilson), David Fincher (The Social Network), Bennett Miller (Le Stratège) et Danny Boyle (Steve Jobs). Mais c’est surtout sur le petit écran que Sorkin a laissé son empreinte, grâce aux séries phénomène « A la Maison blanche » et « The Newsroom ».

Très apprécié par de nombreuses organisations remettant des prix, Aaron Sorkin est le seul des nommés dans la catégorie principale des trophées de la Directors Guild à être déjà lauréat d’un Oscar. C’était en 2011 pour le scénario adapté de The Social Network. Depuis, il a été nommé dans la même catégorie pour Le Stratège et Le Grand jeu. La presse étrangère à Hollywood raffole encore plus de son travail, puisque quasiment tous ses scénarios de cinéma y ont été au moins nommés, à l’exception de celui de Malice. Au fil de ces huit nominations, il a remporté trois Golden Globes, pour The Social Network, Steve Jobs et Les Sept de Chicago.

Entre 2000 et 2003, « A la Maison blanche » lui a valu six Emmies. La Writers Guild l’a nommé quinze fois et l’a récompensé pour un épisode de « A la Maison blanche » en 2001 et pour The Social Network dix ans plus tard. Enfin, la Directors Guild s’était déjà montrée réceptive à son parcours de réalisateur en le nommant en 2018 au prix du Meilleur Premier film pour Le Grand jeu. Il avait alors perdu face à Jordan Peele pour Get out.

Moins un film pour les critiques en quête de façons différentes d’explorer et de faire vivre le cinéma que pour des spectateurs à la conscience politique et morale aiguë, Les Sept de Chicago ne peut se prévaloir pour l’instant que du Golden Globe du Meilleur scénario. Ses trois nominations auprès de l’Académie britannique (Meilleurs Film, scénario et montage) et autant chez la Screen Actors Guild (Meilleurs ensemble, acteur dans un second rôle pour Sacha Baron Cohen et ensemble de cascadeurs) devraient pourtant suffire en guise d’indicateur, afin de lui permettre de décrocher un nombre conséquent de nominations aux Oscars.


Chloé Zhao sur le tournage de Nomadland © 2020 Hear-Say Productions / Highwayman Films / Searchlight Pictures /
The Walt Disney Company France Tous droits réservés

Chloé Zhao pour Nomadland, prochainement au cinéma en France

La réalisatrice chinoise Chloé Zhao (* 1982) n’est pas seulement la nouvelle étoile montante du cinéma d’auteur américain. Elle est avant tout quasiment assurée de gagner ce prix-ci, ainsi que l’Oscar deux semaines plus tard ! Car son troisième long-métrage lui a d’ores et déjà valu à peu de choses près le grand chelem des récompenses de la mise en scène cette année. Jugez-en par vous-mêmes : le Lion d’or au Festival de Venise, les prix des critiques de Los Angeles et de New York, ainsi que de la National Society of Film Critics, le Golden Globe de la Meilleure réalisation et des nominations partout où le palmarès n’a pas encore été annoncé.

Remarquée avec enthousiasme dans tous les festivals importants, notamment à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes pour ses deux premiers films Les Chansons que mes frères m’ont apprises en 2015 et The Rider deux ans plus tard, Chloé Zhao a également su jouer le jeu des grands studios. Car après Nomadland, elle a réalisé Eternals pour Marvel Studios qui devrait sortir en France en novembre prochain. Avant son plébiscite sans réserve pour le conte social avec Frances McDormand, Zhao avait entre autres déjà gagné le Grand Prix Spécial du Festival de Deauville pour The Rider.

Aux côtés de Lee Isaac Chung, Chloé Zhao est le cinquième réalisateur asiatique nommé par ses confrères américains. Et nommée en compagnie de Emerald Fennell, elle devient la dixième réalisatrice honorée de la sorte.


Les cinq réalisateurs nommés pour le 6ème prix du Meilleur premier film :

Radha Blank pour 40 ans toujours dans le flow, sans date de sortie cinéma en France

Fernando Frias de la Parra pour Je ne suis plus là, sans date de sortie cinéma en France

Regina King pour One Night in Miami, sans date de sortie cinéma en France

Darius Marder pour Sound of Metal, prochainement au cinéma en France

Florian Zeller pour The Father, prochainement au cinéma en France

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