De retour en salles au mois de juin 2019

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Talons aiguilles © Tamasa Diffusion Tous droits réservés

Ce n’est pas par hasard que nous avions commencé notre chronique mensuelle des films ayant le privilège de ressortir en salles il y a un an, au mois de juin 2018. Car c’est l’été que l’offre du cinéma de patrimoine est la plus abondante, comme le montre une fois de plus la sélection de ce mois-ci, riche d’une trentaine de films, venus d’Espagne, de France, des États-Unis, d’Italie et du Japon. En plus d’une grande rétrospective des films de Pedro Almodovar et d’un coup de projecteur sur les débuts de Nanni Moretti, les cinéphiles parisiens auront la chance de découvrir une reprise succincte des films fraîchement restaurés, présentés à Cannes Classics, le week-end prochain au Grand Action. Et ils pourront dès demain reprendre possession des deux salles rénovées de l’Écoles 21, qui a profité de ses trois mois de travaux pour faire peau neuve et vous accueillir avec des cycles Jacques Tati, Pier Paolo Pasolini, Gregory Peck, James Whale et Bill Douglas, suivis de la ressortie du Professeur de Valerio Zurlini à partir du 12 juin.

Bianca © 1984 Faso Film S.R.L. / Rete Italia S.P.A. / Carlotta Films Tous droits réservés

Il y a une certaine logique imparable derrière le fait que le programme estival des reprises en salles commence avec une mise en avant conséquente du cinéma méditerranéen. Deux habitués du Festival de Cannes ont ainsi droit à leurs cycles respectifs, alors qu’ils n’y étaient pas conviés cette année dans le cas de Nanni Moretti (* 1953), Santiago Italia ayant été présenté déjà à Toronto l’année dernière, ou qu’ils en étaient une énième fois repartis bredouilles dans celui de Pedro Almodovar (* 1949), dont Douleur et gloire n’a eu « que » le prix d’interprétation masculine. Dix ans après la ressortie des premiers films de Nanni Moretti, nous avons droit dès demain aux deux films qui l’avaient imposé au milieu des années 1980 comme l’un des cinéastes majeurs de son pays, voire du cinéma européen tout court : Bianca et La Messe est finie, Ours d’argent au Festival de Berlin en 1986. Son confrère hispanique bénéficie même d’une quasi-intégrale à partir du 19 juin, à l’exception de Matador qui ressort à part une semaine plus tôt et de Le Labyrinthe des passions qui manque curieusement à l’appel. Peu importe, ce sera l’occasion rêvée de revisiter l’œuvre d’un réalisateur incontournable et par ailleurs l’un des rares dont nous avons au moins aimé et pour certains même adoré les films … jusqu’au fâcheux accident de parcours au nom de Les Amants passagers en 2013.

Le Professeur © 1972 Pathé Films / Mondial T.E. F.I. / SNC / Valoria Films Tous droits réservés

Le 12 juin, deux films hélas restés assez confidentiels formeront un très beau double programme sur le thème de la virilité en pleine décadence. Accessoirement, la ressortie de Le Flambeur de Karel Reisz et de Le Professeur de Valerio Zurlini, tous deux représentatifs de ces figures masculines, autrefois si fortes et désormais en proie au doute, en vogue pendant la première moitié des années ’70, permettront de prolonger les hommages rendus récemment à leurs acteurs principaux. Pour James Caan (* 1940), c’était la rétrospective que la Cinémathèque Française lui avait dédiée en décembre dernier. Et pour Alain Delon (* 1935), cette Palme d’or honorifique du dernier Festival de Cannes, si polémique qu’elle avait presque fait couler plus d’encre que les films les plus sulfureux en sélection officielle. Dans les deux films, il est question de mal-être existentiel chez ces hommes en quête de repères, alors qu’ils ne peuvent résister à l’attirance qu’ils éprouvent pour leurs partenaires féminins, des femmes fatales par excellence interprétées par Lauren Hutton et Sonia Petrova, avec en arrière-plan le spectre maternel passablement maléfique sous les traits de Jacqueline Brookes et de Alida Valli.

Docteur Folamour © Sony Columbia Industries / Park Circus Tous droits réservés

Puis, l’été rime aussi avec la révision des classiques de réalisateurs de renom, surtout au cours des deux derniers mercredis du mois. Ainsi, le 19 juin, vous pourrez redécouvrir une des satires cinglantes de Dino Risi, Les Monstres ou le prototype de la comédie à l’italienne des années ’60 sous forme d’une vingtaine de sketchs avec le duo irrésistible formé par Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman. Le même jour, Woody Allen nous ramène à ses débuts pour son premier succès commercial, Tombe les filles et tais-toi réalisé par Herbert Ross, alors que Allen avait déjà mis en scène ses trois premiers films à l’époque. Une semaine plus tard, ce sera au tour de Luchino Visconti, Stanley Kubrick et Oliver Stone de ravir une nouvelle fois les cinéphiles de tout âge avec des films plutôt issus de la première partie de leurs illustres carrières, à savoir le drame néo-réaliste La Terre tremble, l’une des meilleures satires de guerre de l’Histoire du cinéma Docteur Folamour et la biographie filmique passablement déchaînée de Jim Morrison The Doors. Nous sommes arrivés quelques mois trop tard en France pour prendre toute la mesure du phénomène suscité au printemps 1994 par la « comédie familiale » La Cité de la peur de Alain Berberian. Il nous sera possible dès demain de combler cette lacune en termes de culture comique populaire, grâce à sa ressortie à la suite de sa présentation à Cannes Classics le mois passé.

Silence © Carlotta Films Tous droits réservés

Enfin, trois curiosités complètent ce programme riche et varié. Dès demain, à l’occasion du 75ème anniversaire du Débarquement en Normandie et des combats du Vercors, Le Franc-tireur de Jean-Max Causse et Roger Taverne avec l’impérial Philippe Léotard dressera pour la première fois après plus de trente ans d’absence des salles le portrait inhabituellement nuancé de la Résistance. Deux semaines plus tard, l’inédit Silence de Masahiro Shinoda de 1971 nous contera l’épopée religieuse en territoire nippone éminemment hostile que Martin Scorsese avait adaptée en 2016 avec Andrew Garfield et Adam Driver. Sensiblement plus obscur est Together alone de P.J. Castellaneta, Teddy au Festival de Berlin en 1992, un huis-clos en noir et blanc en pleine épidémie du sida, à l’affiche à partir du dernier mercredi du mois.

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