Critique : Une nuit

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Une nuit

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Alex Lutz
Scénario : Alex Lutz, Karin Viard
Interprètes : Alex Lutz, Karin Viard, Jérôme Pouly
Distribution : StudioCanal
Durée : 1h30
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 5 juillet 2023

2.5/5

Excellent comme réalisateur dans Guy, dans lequel il interprétait lui-même, tout aussi excellemment, le rôle d’un chanteur de variété sur le déclin, Alex Lutz n’était qu’interprète dans 5ème set de Quentin Reynaud, film dans lequel il incarnait parfaitement un joueur de tennis sur le déclin. Changement de ton avec Une nuit, film dont il a écrit le scénario avec Karin Viard et qui était présenté en clôture de la sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023 : malheureusement, il ne s’agit plus d’un homme sur le déclin, mais plutôt d’une inspiration qui parait en déclin par rapport à Guy !

Synopsis : Paris, métro bondé, un soir comme les autres.
Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton.
La nuit, désormais, leur appartient.
Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?

Une passion amoureuse née d’une altercation

La nuit de Une nuit commence par une scène comme le métro parisien en connait probablement beaucoup : une altercation entre un homme et une femme. La femme est entrée en catastrophe dans une rame bondée, juste avant la fermeture des portes, et elle a bousculé un homme. Ce dernier lui ayant fait vertement remarquer son impolitesse, elle le rembarre tout aussi vertement, sous l’œil amusé des autres passagers ! Cela aurait pu se terminer rapidement, et le film avec. Eh bien, il n’en est rien, l’animosité se transformant rapidement en passion dévorante. Et nous voilà embarqué.e.s pour une longue virée nocturne dans la capitale, auprès de Nathalie et de Aymeric (rassurez vous, il y a un moment où ils vont se présenter l’un à l’autre et nous dévoiler leurs prénoms !).

Une virée qui va commencer par une cabine de photomaton, histoire de faire l’amour, qui va passer sur des quais au bord de la Seine, histoire de pouvoir lancer dans l’eau leurs téléphones portables respectifs, qui va voir Nathalie et Aymeric s’introduire dans une soirée privée, histoire de se faire chaparder des vêtements et les portefeuilles, qui va continuer par un repas dans un restaurant vietnamien, histoire de faire preuve d’une belle beaufitude en imaginant entre eux ce que peut être la vie, forcément guère reluisante, des autres clients du restaurant, histoire, aussi, de pratiquer ce que, en droit, on appelle un délit de grivèlerie  (Normal, on leur a volé leurs portefeuilles), une virée qui va se poursuivre par un passage improbable dans un club libertin (pas normal, comment ont-ils fait pour être admis : on leur a volé leurs portefeuilles ?!). Histoire de meubler, leur virée les voit aussi échanger des banalités sur le couple, leur vie de famille, etc.

Des défauts et une qualité

Ce film, Alex Lutz le portait en lui depuis longtemps, l’idée de départ, la dispute dans le métro, s’étant imposée à lui avant même la réalisation de Guy. C’est peut-être dans ce long accouchement que résident les principaux défauts de Une nuit : tout d’abord, le temps passant, l’envie d’ajouter une séquence, et puis une autre, et puis encore une autre, cet empilement se traduisant par de nombreuses invraisemblances, ne serait-ce que temporelles ; et puis une pirouette finale qu’on arrive à deviner très vite ; et puis, des dialogues trop travaillés, trop écrits, d’où un manque de spontanéité et, in fine, un film qui, tout en faisant bouger ses 2 protagonistes, s’apparente à une banale pièce de boulevard, pleine de bons mots mais sans réelle profondeur. En tant qu’actrice et acteur, Karin Viard et Alex Lutz font ce qu’ils peuvent et, grâce à ces deux interprètes, un certain nombre de scènes s’avèrent réussies, voire très réussies.

Si le film déçoit en ce qui concerne le fond, force est de reconnaître, par contre, qu’il a le mérite d’offrir aux spectateurs un beau périple dans un Paris nocturne bien photographié par Éponine Momenceau. Par ailleurs, à la sortie du film, les spectatrices et les spectateurs se rangeront en 2 catégories : celles et ceux qui annonceront avec fierté qu’elles/ils avaient très vite compris comment le film se terminerait et les autres qui avoueront que, jusqu’au bout, elles/ils n’y avaient vu que du feu !

Conclusion

Avec Guy, on avait cru assister à la naissance d’un réalisateur très prometteur. Face à ce film qui, certes, se voit sans déplaisir mais manque d’une certaine profondeur, la déception est donc à la hauteur de l’espérance qu’on pouvait avoir.

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