Critique : Only God Forgives

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Only God Forgives

Only God ForgivesFrance, Danemark : 2013
Titre original : –
Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Scénario : Nicolas Winding Refn
Acteurs : Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm
Distribution : Wild Side Films / Le Pacte
Durée : 1h30
Genre : Thriller , Drame
Date de sortie : 22 mai 2013

Note : 4,5/5

Deux ans après Drive et son incroyable succès qui l’a révélé au grand public, Nicolas Winding Refn revient sur nos écrans avec Only God Forgives présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2013. Une œuvre radicale qui va probablement décevoir le grand public mais réconcilier NWR avec ses fans de la première heure.

À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics…

Only God Forgives Ryan Gosling

Un anti-Drive

La nouvelle a fait le tour du Web en quelques secondes, de nombreux spectateurs ont quitté la salle de projection durant la diffusion d’Only God Forgives au Festival de Cannes, pire le nouveau film de Nicolas Winding Refn s’est fait huer par une partie du public. Une réaction extrême mais qui symbolise bien l’attente énorme que suscitait le nouveau film de NWR après le succès immense de Drive. Rappelons que Drive est une parenthèse dans la filmographie du réalisateur danois, un film de commande magnifié par la patte de l’artiste mais qui n’en restait pas moins un film de producteur à mille lieues du style du réalisateur.

Only God Forgives est donc la suite logique de Valhalla Rising et Bronson, une plongée toujours plus intense dans la violence, thème abordé avec toujours plus d’intensité dans les films du réalisateur. On pourra même voir dans ce nouveau film une sorte d’anti Drive (le rôle de Ryan Gosling est clairement aux antipodes de son personnage dans Drive), une œuvre extrême comme pour dire à ce public de non-initiés que le cinéma de cet artiste ne se situe pas là.

Un scénario minimaliste qui n’est que prétexte à nous transporter dans ce voyage en enfer, cette plongée dans la violence, qui cette fois est mystifiée. On savait déjà que NWR est obsédé par la violence, Only God Forgives va plus loin et témoigne d’une attirance presque sexuelle de ce thème, l’artiste avouerait-il son fétichisme pour la brutalité ? Finalement là où l’on imaginait un film sur la vengeance, NWR nous surprend une nouvelle fois avec un thème à l’opposé. Only God Forgives ne fait pas l’apologie de la vengeance mais condamne cet acte. Les personnages n’ont finalement pas grand chose d’humain et s’apparentent davantage à des figures, presque des divinités.

Only God Forgives

Ryan Gosling démythifié

Scénario minimaliste, personnages mystiques, la mise en scène elle aussi se rapproche davantage d’un film d’art que d’une œuvre grand public. Les plans sont clairement sélectionnés pour leur esthétisme. C’est ainsi que chaque plan semble tourné avec une précision chirurgicale, la caméra paraît à peine effleurée par le cinéaste tant l’image est d’une justesse absolue. Ce sentiment de perfection est conforté par le rythme très lent du film. La mise en scène est découpée de façon abrupte, comme pour souligner que les images brutales diffusées sont une simple projection de l’esprit et n’appartiennent jamais à la réalité. Et tout ceci s’enchaîne parfaitement et parvient à rendre évident et cohérent la complexité de la narration.

La violence trouve ici ses origines dans les rapports entre une mère et ses deux fils, des rapports allant de l’inceste à l’ignorance qui sont parfaitement incarnés par Kristin Scott Thomas incroyable dans un de ses plus beaux rôles. Ryan Gosling est totalement démystifié (les jeunes filles vont être déçues). Le héros de Drive n’est ici que l’ombre de lui-même,  pas de prestance, pas de charisme. Un être faible, rongé par son passé qui est perdu dans ce monde transformé en arène mortelle.

Résumé

Only God Forgives est une œuvre puissante qui ne peut laisser indifférent. Un film abstrait, mystique qui va déplaire au grand public mais réconciliera Nicolas Winding Refn avec ses fans de la première heure. Un pari risqué mais réussi grâce au talent d’un grand artiste.

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