À voir sur Netflix : Enola Holmes / Dans la famille Holmes, je demande la sœur

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Enola Holmes

Royaume-Uni : 2020
Titre original : –
Réalisation : Harry Bradbeer
Scénario : Jack Thorne
Acteurs : Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin
Distributeur : Netflix France
Durée : 2h03
Genre : Aventures
Date de sortie : 23 septembre 2020

Note : 3,5/5

Quand Enola Holmes, la jeune sœur de Sherlock, découvre que sa mère a disparu, elle s’improvise super-détective. Ne tardant pas à faire ses preuves, elle se montre même plus maligne que son illustre grand frère en mettant au jour le dangereux complot qui entoure un mystérieux jeune lord…

La sœur la plus futée de Sherlock Holmes

Si le cinéma avait déjà attribué un frère cadet au célèbre détective de Baker Street dans Le frère le plus futé de Sherlock Holmes (Gene Wilder, 1975), c’est tout d’abord pour une série de romans « jeunesse » que Nancy Springer a créé le personnage d’Enola Holmes, sœur cadette de Sherlock Holmes, qui sera l’héroïne de six romans écrits entre 2006 et 2011. Ces romans ont par la suite été adaptés en bande dessinée, sous la plume de la dessinatrice Serena Blasco. Aujourd’hui, Enola Holmes devient donc une héroïne de cinéma dans un film produit par Legendary Pictures et Warner Bros. Initialement prévu pour une sortie dans les salles obscures, le film se voit finalement distribué par la plateforme de SVOD Netflix suite à la pandémie de Covid-19.

L’arrivée d’Enola Holmes, qui adapte « La double disparition », le premier roman de la série, est donc potentiellement une très bonne affaire pour Netflix, dans le sens où il s’agit d’un « vrai » blockbuster de studio, dont le budget avoisine probablement les 60 millions de dollars. De plus, ce premier film signé Harry Bradbeer pourrait donner naissance à une série de longs-métrages, portés par la personnalité étonnante de Millie Bobby Brown – une star « maison » pour le géant de la SVOD puisqu’elle a été révélée par la série Stanger things.

Une richesse thématique inattendue

Nous sommes donc en 1884, et Enola Holmes, tout juste âgée de 16 ans, se lance le défi d’échapper à ses frères Mycroft et Sherlock, qui veulent en faire une « lady », afin de retrouver sa mère disparue. En chemin, elle croisera la route d’un jeune lord en fuite, Tewksbury (excellent Louis Partridge), tentant également d’échapper d’un destin étouffant. Si le lien qui va unir les deux solitaires est prévisible, il n’en dégagera pas moins une tendresse teintée d’humour qui rend ce petit couple des plus charmants.

Sous couvert de reconstitution d’une époque durant laquelle le Royaume-Uni abordait une large phase de mutations sociales et politiques (notamment avec l’élargissement du droit de vote aux classes les plus populaires du pays), l’intrigue d’Enola Holmes jongle avec une série de thématiques assez « modernes », ou du moins dans l’air du temps. La place des femmes dans la société victorienne – et, par extension, dans la société contemporaine – sera par exemple vraiment placée au centre des débats, avec les personnages d’Enola et de sa mère, accomplies et indépendantes.

Ainsi, si le film piétine en apparence vaguement les plates-bandes du récit de coming of age, avec une jeune femme à la recherche d’elle-même, il développera néanmoins et avant tout une réflexion intéressante sur les notions de pouvoir, sur les liens familiaux ainsi que sur la volonté de « changer le monde » et les moyens employés pour le faire.

Un divertissement avant tout

Le scénario, signé Jack Thorne (à qui l’on doit également la récente adaptation TV de la série de romans His dark materials – À la croisée des mondes), est cependant assez subtil et nuancé, et ces thématiques n’apparaîtront jamais étouffantes par rapport à la double-enquête menée par la jeune Enola. Elles sont au contraire très habilement développées sur un fond de mystère et de rebondissements incessants. Derrière la caméra, l’inconnu Harry Bradbeer, formé au rythme et à la narration par des années de séries TV, déploie une mise en scène décalée également extrêmement contemporaine, proche par exemple de l’esprit des deux Sherlock Holmes réalisés par Guy Ritchie en 2009 et 2011.

Blockbuster oblige, l’intrigue d’Enola Holmes s’articule d’ailleurs autour de plusieurs scènes d’action assez remarquables, jouant la plupart du temps du contraste entre la frêle carrure de Millie Bobby Brown et son environnement et/ou ses ennemis. Dynamiques, inventives et toujours parfaitement lisibles, ces scènes d’action contribuent à faire du film d’Harry Bradbeer un film certes imparfait mais globalement enthousiasmant, proposant une alternative en forme de bouffée d’air frais dans l’univers parfois un peu trop rigide des aventures de Sherlock Holmes.

Une franchise sur la sellette ?

Pour la petite histoire, on notera qu’Enola Holmes fait actuellement l’objet d’une plainte des ayants droits d’Arthur Conan Doyle, qui attaquent Nancy Springer et sa maison d’édition pour violation de droit d’auteur et de marque déposée. Si le personnage de Sherlock Holmes est passé dans le domaine public, les ayants droits mettent en avant le fait que, dans la série « Les enquêtes d’Enola Holmes », le détective est présenté comme un personnage relativement chaleureux, en tous cas capable d’éprouver des émotions vis-à-vis de sa sœur cadette.

Selon eux, ces traits précis de la personnalité de Holmes auraient été introduits dans les œuvres d’Arthur Conan Doyle publiées après 1923, et ne se trouvent de ce fait pas encore dans le domaine public, contrairement à celles publiées avant cette année, qui peuvent être utilisées librement. Netflix, Legendary Pictures et les producteurs de l’adaptation cinématographique sont également visés par la plainte, du fait qu’ils adaptent ces romans « hors la loi ».

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