Décès du réalisateur Bernardo Bertolucci

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Le réalisateur italien Bernardo Bertolucci est décédé hier matin à Rome d’un cancer des poumons. Il était âgé de 77 ans. L’un des derniers grands maîtres du cinéma de son pays, Bertolucci avait su s’imposer à travers une quinzaine de films seulement. Du Conformiste à Innocents The Dreamers, en passant par Le Dernier Tango à Paris, 1900 et Le Dernier empereur, il était un poète incontesté du Septième Art, célébré à la fois en Italie, en Europe et aux États-Unis.


Initialement attiré par l’écriture littéraire, Bernardo Bertolucci avait profité d’une porte d’accès au monde du cinéma, grâce à Pier Paolo Pasolini, un ami de la famille, pour lequel il avait occupé le poste d’assistant réalisateur sur son premier film Accatone en 1961. Dès l’année suivante, il allait réaliser son premier film, le policier Les Recrues auquel Pasolini allait participer en tant que coscénariste et qui devrait ressortir sur les écrans français en février prochain. Mais c’est grâce à son deuxième film, Prima della rivoluzione avec sa première femme Adriana Asti, que Bertolucci a commencé à se faire un nom, en tout cas à l’étranger. Après son troisième film, Partner. avec Pierre Clémenti, il était à l’origine, en tant que scénariste aux côtés de Dario Argento, du western mythique Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone. Même s’il écrivait les scénarios de ses propres films, c’était l’une des rares occasions où il prêtait sa plume à un autre réalisateur, avec un résultat durablement entré dans l’Histoire du cinéma. Car la renommée de Bertolucci, chez lui en Italie et à l’international, croissait continuellement au fil de ses deux films suivants, Le Conformiste avec Jean-Louis Trintignant et Dominique Sanda et La Stratégie de l’araignée avec Alida Valli. Venait alors l’heure de la consécration à l’arrière-goût sulfureux en 1972 avec Le Dernier Tango à Paris ou la relation fort érotique entre Marlon Brando et Maria Schneider qui allait déclencher d’immenses scandales, à l’époque, mais aussi plus récemment en décembre 2016, autour des conditions malsaines, voire misogynes du tournage.


Quatre années allaient passer avant le prochain film de Bertolucci, ce qui correspond peu ou prou à la durée de la production de 1900, une épopée historique longue de plus de cinq heures avec les vedettes montantes Robert De Niro et Gérard Depardieu. D’envergure commerciale plus raisonnable, mais au sujet incestueux prédestiné à soulever un tollé en Italie, La luna avec Jill Clayburgh, puis la parabole sociale amère La Tragédie d’un homme ridicule avec Ugo Tognazzi – Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes en 1981 – constituent en quelque sorte une parenthèse avant le prochain projet démesuré du réalisateur : Le Dernier empereur avec John Lone et Joan Chen. Avec l’argument publicitaire imbattable d’être le premier film autorisé par le gouvernement chinois à tourner dans la Cité interdite, l’épopée a été un succès international hors pair, remportant notamment neuf Oscars en 1988, dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur réalisateur. Bernardo Bertolucci a ensuite achevé sa trilogie orientale à travers Un thé au Sahara avec Debra Winger et John Malkovich et Little Buddha avec Keanu Reeves et Bridget Fonda. Parmi ses quatre derniers films, seul Innocents The Dreamers et son triangle amoureux formé par Michael Pitt, Eva Green et Louis Garrel avait su renouer avec la réputation du maître en 2003, avant son chant de cygne Moi & toi dix ans plus tard.


Bernardo Bertolucci a été nommé à quatre reprises à l’Oscar, dans la catégorie du Meilleur scénario adapté pour Le Conformiste et Le Dernier empereur et en tant que Meilleur réalisateur pour Le Dernier Tango à Paris et Le Dernier empereur. Il en avait gagné les deux pour Le Dernier empereur en 1988. Le même film lui avait également valu deux Golden Globes, un BAFTA, le prix de la Directors Guild américaine et le César du Meilleur Film étranger. En 1971, il avait gagné le prix du Meilleur réalisateur de la National Society of Film Critics pour Le Conformiste. Côté prix honorifiques, il a été le lauréat d’un Léopard à Locarno en 1997, du Lion d’or à Venise en 2007, d’un Palme d’or à Cannes en 2011 et du European Film Award en 2012. Il a présidé deux fois le jury du Festival de Venise, en 1983 et 2013, adoubant respectivement Prénom Carmen de Jean-Luc Godard et Sacro Gra de Gianfranco Rosi, ainsi que celui du Festival de Cannes en 1990, l’année de la Palme d’or de Sailor et Lula de David Lynch.

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