Test DVD : Clash

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Clash

Egypte, France : 2016
Titre original : Eshtebak
Réalisation : Mohamed Diab
Scénario : Mohamed Diab, Khaled Diab
Acteurs : Nelly Karim, Hani Adel, Mohamed El Sebaey
Éditeur : Pyramide Vidéo
Durée : 1h34
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 14 septembre 2016
Date de sortie DVD : 7 février 2017

 

 

Synopsis : Le Caire, été 2013, deux ans après la révolution égyptienne. Au lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, un jour de violentes émeutes, des dizaines de manifestants aux convictions politiques et religieuses divergentes sont embarqués dans un fourgon de police. Sauront-ils surmonter leurs différences pour s’en sortir ?

 

Le film

[3.5/5]

Il y a 5 ans, le réalisateur égyptien Mohamed Diab avait dénoncé dans Les femmes du bus 678 le harcèlement sexuel qui règnait (et qui, probablement, règne toujours !) dans son pays. A l’époque, l’Egypte avait commencé à bouger après près de 30 ans sous la présidence du Général Hosni Boubarak : suite à de nombreuses manifestations, ce dernier avait démissionné le 11 février 2011 et le pays avait à sa tête un Chef d’état par intérim, le Maréchal Tantawi. Depuis, l’Egypte a connu en 2012 des élections législatives et présidentielles qui ont conduit Mohamed Morsi et les Frères musulmans au pouvoir. Très vite, une forte opposition s’est faite sentir dans le pays et, à la suite de très importantes manifestations, un coup d’état militaire a renversé le gouvernement de Morsi le 3 juillet 2013. Et alors, comme il est annoncé au début du film, « Les jours suivants, Frères musulmans et partisans de l’armée s’affrontent dans toute l’Egypte ».

C’est durant cette période particulièrement agitée que se déroule Clash, film choisi pour faire l’ouverture de la sélection Un Certain Regard à Cannes 2016. Une certitude : Mohamed Diab et son co-scénariste de frère Khaled Diab n’ont pas choisi la facilité pour aborder cette période historique. En effet, toute l’action du film se déroule dans un fourgon dans lequel la police va entasser dans des conditions indignes des manifestants venant des deux camps ennemis. Même si le film permet de voir tout ce qui se passe autour du fourgon,  ce choix générait une difficulté : arriver à ce que, dans ce quasi huis-clos, l’intérêt du spectateur reste éveillé durant toute sa durée. Pari réussi : il se passe toujours quelque chose. Par contre, ce choix présentait l’avantage, en mettant en quelque sorte les spectateurs aux côtés des prisonniers, de leur permettre d’être confrontés aux discours des deux camps, à la façon dont ils se perçoivent les uns les autres.

 

 

Avec beaucoup d’habileté, Mohamed Diab fait le tour, sans aucun didactisme, de tous les comportements et de toutes les situations qu’un tel contexte peut engendrer. Cela va de l’antagonisme le plus dur et le plus physique entre rivaux politiques à une forme de rapprochement et même de coopération lorsque la fatigue a fait son effet et, a contrario, des querelles intestines et des problèmes de hiérarchie apparaissent au sein de tous les camps, partisans de l’armée, Frères musulmans et même au sein de la police. Les événements plus triviaux générés par Dame nature et que la promiscuité empêche de réaliser facilement ne sont même pas oubliés, tout en étant traités avec délicatesse. On peut entendre aussi une phrase très « trumpienne » lancée par un des prisonniers à un journaliste américano-égyptien qui, en fait, a été le premier à être jeté dans le fourgon par la police : « Un journaliste, ça ment et ça trahit ! ». Un peu plus tard, une forme de réponse sera donnée : « Je suis là pour couvrir l’info, pas pour la faire ».

L’évolution perpétuelle de la situation en Egypte a obligé les scénaristes à modifier sans cesse leur scénario. La préparation proprement dite du film a eu lieu pendant un an, avec des répétitions se déroulant dans une reconstitution du fourgon. Les scènes qu’on voit se dérouler autour du fourgon, les manifestations, les caillassages, ont été répétées en studio mais ont été tournées dans la rue. Dans la distribution, peu de comédiens ayant une grande expérience au cinéma, à l’exception de Nelly Karim, à la filmographie conséquente et déjà présente dans Les femmes du bus 678. En fait, c’est elle qui a poussé le réalisateur à écrire son personnage d’infirmière, une femme aux idées plutôt modernes.

 

Le DVD

[4/5]

Une fois de plus, Pyramide Vidéo, éditeur de ce DVD, a fait du beau travail. Ce DVD se regarde en version originale sous-titrée avec un son stéréo 2.0 ou un son 5.1.  Pas de souci particulier avec l’image qui s’avère tout du long de très bonne qualité. Un seul supplément est proposé, mais ses 18 minutes permettent d’apprendre beaucoup d’éléments sur le tournage du film. Par exemple, que l’idée de ce quasi huis clos vient de Khaled Diab, le frère du réalisateur et son co-scénariste. Le but des scénaristes : réhumaniser des gens déshumanisés par les débuts d’une guerre civile. Mis à part les deux frères, on « rencontre » un certain nombre de comédien(ne)s dans ce supplément, dont l’un qui raconte sa claustrophobie et la crainte qu’il avait de se retrouver enfermé dans ce fourgon. Quelques anecdotes savoureuses sont distillées, telle celle des scènes de manifestation prises par de nombreux cairotes comme de véritables manifestations au point de venir y participer !

 

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