Berlinale 2016 : Maggie a un plan

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Maggie a un plan

Etats-Unis, 2015
Titre original : Maggie’s plan
Réalisateur : Rebecca Miller
Scénario : Rebecca Miller, d’après une histoire de Karen Rinaldi
Acteurs : Greta Gerwig, Ethan Hawke, Julianne Moore, Bill Hader
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h39
Genre : Comédie
Date de sortie : 27 avril 2016

Note : 3/5

Greta Gerwig, la nouvelle coqueluche de New York, a plus d’une corde à son arc. Alors qu’on l’adorait déjà en tant que héroïne désordonnée de l’univers de Noah Baumbach, elle s’essaye à une variation plus compétente du même type de personnage dans Maggie a un plan. Ce film confirme donc le talent pétillant de l’actrice principale et nous gratifie de surcroît de la bonne surprise que Rebecca Miller sait faire autre chose que des drames. Le cinquième film de la réalisatrice rompt assez nettement avec le sérieux de ses deux œuvres précédentes – The Ballad of Jack and Rose et Les Vies privées de Pippa Lee – pour adopter le genre de ton moqueur généralement associé à Woody Allen. C’est en fait une tranche de vie irrévérencieuse de quelques membres de l’intelligentsia de la côte Est américaine que le film nous propose gaiement, avec tout ce que ce microcosme obnubilé par sa propre importance suggère en termes d’accès de névrose burlesques. En plus de la légèreté plaisante du récit, cette comédie se distingue par la qualité de son interprétation, Julianne Moore dans un rôle hautement savoureux en tête.

Synopsis : Maggie pense avoir tout prévu : à cause de son incapacité de rester longtemps en couple, elle aura recours à l’insémination artificielle pour tomber enceinte. Le futur père est déjà tout trouvé, l’entrepreneur en cornichons Guy. Le jour de la procédure, c’est pourtant l’anthropologue et écrivain en herbe John qui déclare son amour à Maggie, bien qu’il soit marié et père de deux enfants. Les deux amants se marient et ont une fille adorable ensemble. Quelques années plus tard, Maggie se demande pourtant si elle n’a pas fait une erreur en cédant aux avances de son mari.

Hors de contrôle

A l’opposé du personnage fondamentalement bordélique qu’elle a l’habitude de jouer, le plus récemment dans Mistress America de Noah Baumbach sorti en début d’année, Greta Gerwig est censée tenir les rênes de cette aventure loufoque. Maggie n’a en fait pas qu’un seul plan, elle déborde d’idées plus farfelues les unes que les autres pour rendre son quotidien plus conforme à ses désirs privés et professionnels. Bien sûr, cette manie de vouloir tout contrôler se retourne sans tarder contre elle et fournit par la même occasion une source quasiment inépuisable d’incidents cocasses. Pour une fois, c’est elle qui devra gérer du mieux qu’elle le peut les retombées du comportement irresponsable des autres. Ce retournement de situation nous réserve un décalage de perspective ingénieux, qui prouve accessoirement à quel point l’actrice est à l’aise dans des registres de rôle complémentaires. Le scénario accompagne cette prise de conscience bénéfique depuis une distance narquoise. Il se moque des errements du personnage principal, tout en le remerciant en quelque sorte pour la multitude d’embarras que Maggie cause malgré elle et qui rendent son histoire si jubilatoire.

Une poupée aux organes amovibles

Les excentricités de Maggie ne fonctionnent par contre réellement que grâce à son entourage extravagant. Elle représente un centre calme – aussi maladroitement intentionné soit-il dans son entrain égoïste – autour duquel les coups d’éclat se déchaînent. La reine de la farce est sans conteste Julianne Moore dans le rôle de la première épouse délaissée, un véritable dragon à l’épais accent danois qui affectionne les cafés au beurre. Comparé à ce cabotinage suprême et son pendant sobre du jeu plus effacé de Gerwig, les hommes s’en sortent presque misérablement. Ethan Hawke et Bill Hader font de leur mieux pour incarner ces maris pantouflards, trop influençables et dociles pour s’imposer dans cette guerre des sexes larvée, qui tourne clairement à l’avantage de la gente féminine. Sauf que la narration de Rebecca Miller sait parfaitement comment maintenir sur la durée un ton dérisoire, en mesure de ridiculiser ses personnages narcissiques sans recourir à des boutades gratuites ou blessantes.

Conclusion

Pour notre plus grand plaisir, Greta Gerwig sera déjà de retour sur les écrans français au printemps, à peine trois mois après ses derniers exploits hilarants. Ce personnage-ci a gagné en maturité par rapport à la folie douce qui était le trait de caractère principal de ses personnages emblématiques. Le spectacle n’est pas pour autant moins divertissant dans cette comédie, dirigée avec une aisance remarquable par Rebecca Miller.

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